mardi 15 juillet 2014

quel mot


"Il y a un cannibale qui me lit
                                C'est un lecteur férocement intelligent
un lecteur de rêve
Il ne laisse passer aucun mot
                                        sans en soupeser le poids de sang
Il soulève même les virgules
pour découvrir les morceaux de choix
                                                              Il sait lui que la page vibre
                                                                        d'une splendide respiration
Ah! cet émoi qui rend la proie
alléchante et déjà soumise
Il attend la fatigue
                            qui descend sur le visage
comme un masque de sacrifice
                                Il cherche la faille pour bondir:
l'adjectif de trop
la répétition qui ne pardonne pas

Il y a un cannibale qui me lit
pour se nourrir"
-Abdellatif Laâbi-






Chez "LA  VIDURE"
j'ai lu:


"L’armée israélienne s’est vantée d’avoir lancé plus de 273 frappes aériennes mardi. Ces attaques perpétrées par des avions de combat F-16, des hélicoptères Apache et des drones, ont transformé les maisons en tas de gravats et ont fait s’élever des flammes et de la fumée dans le ciel de Gaza où près de deux millions de Palestiniens sont confinés dans ce qui est, en fait, la plus grande prison en plein air du monde. Mondialisation 
L’Histoire ressemble à une lutte de groupements humains qui cassent de la pierre en la rougeoyant toujours du sang des gens simples. Si les guerres étaient "utiles", nous aurions certainement évolué grandement en un siècle. Mais les guerres et la folie humaine a fait en sorte que nous sommes  tous dans un Gaza économique, piégés par une autre guerre: l’argent. Ou les terres… Ou le pétrole…  Peu importe: l’avoir l’emporte sur l’être.
Il semble maintenant, à travers toutes les analyses inutiles que nous consommons chaque jours,  que le véritable problème est que les guerres sont économiques, et les humains – même à travers ce boucan inutile des analyses journalières – ne gagnent rien. Ni de terrain, ni cette paix tant promise à travers les institutions mondiales gangrenées, dénaturées, vicieuses qui vampirise nos avoirs, nos sueurs, nos êtres, la superfluité perpétuelle à laquelle nous sommes condamnés.
De sorte qu’en évaluant les intrications dans une perspective sereine et retirée de tout ce qui se passe, nous sommes tous, humainement parlant, des Gazas dans un nouveau camp de concentration mondialisé.
Gaza sera sans doute sous peu anéantie. Une petite péninsule qui n’est que le reflet de NOTRE  monde. Une bande étroite de quelques millions d’habitants dans un univers sur-armé, sous-humanisé, hyper-technologique, un camp de concentration boursouflé de souffrances.
On se croirait dans une période d’Alzheimer mondialisé….
Sorte de petit Treblinka rose qui passera à l’Histoire comme un fait divers. Les hommes peuvent bien rebâtir des villes mais ils ne savent pas les garder intactes. Les Hommes savent détruire les villes pour raisons diverses, car la haine rend aveugle, et l’on sait tellement bien cultiver la cécité sociale…
De sorte que Gaza n’est pas que Gaza. Gaza n’est qu’un pan de miroir éclaté de notre propre éclatement. De nos éclatements et de notre absence totale de cet simiesque personnage qui a appris à ne tirer aucune leçon de l’Histoire.
Connaissance en "flash". Et l’on passe à autre "chose"… Éclair, fermeture de paupière et …oublis. Il demeure toutefois une trame persistante: les humains ne savent pas vivre leurs différences. On retrouve cet inébranlable et inéluctable incapacité dans les recoins lointains des clans encore enfermés dans des forêts , loin du "progrès".
De là la belle illusion de toute la culture étalée sur des bibliothèques de savoir, des universités pompeuses, et des diplômes livrés comme des parchemins, médailles de papiers, certifiant: "meilleurs après". Comme si l’ignorance, une fois trempée dans la connaissance fibrée, étatique, morcelée, spécialisée, serait garante d’un monde meilleur. Elle ne fait qu’élever en spirale cette tour de Babel, labyrinthe dans lequel nous nous perdons de vue et de sens.
Il ne peut avoir de vie réelle dans ces  guerres cultivées. Il ne peut avoir d’humanisme que dans les livres, les analyses,  - pourtant si nombreuses -, si nous ne savons pas appliquer nos connaissances. Dire – le torse bombé – que les actuelles sociétés sont "évoluées" est insensé. Elle ne sont que complexes, joufflues dans leurs diamantaires éclats et totalement  "déciblées" dans notre contexte dit d’évolution.
Vivre de savoirs inutiles, de fast-food intellectuel, de frauduleuses et de structures planétaires bosselées, fourmillantes de blattes "sociales", est carrément éloigné d’une véritable évolution. Nous choisissons de ces crapauds savants qui nous font vivre dans une mare inerte et étouffante.
Mais quel bel apparat!
Alors Gaza, malgré que c’est à pleurer, n’est qu’un autre échec de ce monde complètement déshumanisé mais bien organisé. Voilà nos "valeurs"! Car, en fait, il faut organiser pour un "monde confortable et meilleur".
On peut bien s’effondrer en larmes sur l’histoire de Gaza, trouver les coupables, etc. Écrire de beaux textes en y insérant des noms…  Gratter le bobo jusqu’à ce qu’il saigne.
Mais, il y a un monde "butoir" à nos actes, à nos "valeurs" et aux choix que nous laissons entre les mains des élus: la décadence d’une petite boule bleue perdu  dans l’espace…
C’est le Gazarond…
À se demander si nous ne construisons pas nous-mêmes nos propre chambres à gaz…
Ah!"
-Gaëtan Pelletier-
 « Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. »  
-Albert Londres-




"Quel mot fait du rêve un vrai rêve
et quel mot fait d'un pays un vrai pays
et quel mot fait d'une langue une vraie langue
que sais-je de plus sinon que les mots
se mentent d'un rêve à l'autre
que sais-je en moins sinon que le rêve
ment à la langue comme la langue ment au pays
que sais-je quand je sais
que chaque rêve est une poupée russe
et que chaque pays est une poupée russe
et que chaque langue est une poupée russe
qui quand on l'ouvre se rapetisse
.../..."
-Jean Portante-












Tiens!
Un défilé peut en cacher un autre...



 photo: Vladimir Slonska-Malvaud


source: REPORTERRE

"Désarmons le 14 juillet...Faisons lui la fête"



Habitantes et habitants de la Terre ce message est pour Nous !

"Nous les "civils, Nous avec ou sans papiers, Nous Voyageurs et Voyageuses, Blacks, Blancs, Beurs, Nous Français ou pas, Nous en musique, Nous en danses, Nous en chants, Nous en rythmes, Nous en arts et en plastiques, Nous en paix et en joie, Nous en simplicité et en gaîté, Nous en poésies, Nous…
Nous, d’où que nous venions, où que nous allions, quelles que soient nos orientations sexuelles, religieuses, Nous qui savons que nos différences sont autant de richesses…
Nous, humbles passagers du vaisseau spatial Terre…
Nous, les gens de paix, les gens de partages, les gens de solidarité, Nous qui construisons pierre par pierre le monde de demain… Nous qui savons que l’Humanité entière doit faire face à d’immenses défis…
Nous qui refusons plus que jamais la "sainte concurrence"entre les peuples, les frontières qui nous séparent et la guerre totale du chacun.e pour soi.
Nous qui ne voulons pas ou plus marcher au pas, bien rangés derrière les ordres, les chefs et les musiques militaires, les chars, les tanks, les missiles, les bombes nucléaires, les guerres soit disant humanitaires, soit disant propres, où "les gentils occidentaux" impose la fausse démocratie à coup de bombardements, où 95% des morts sont des civils…
Nous qui ne supporterons plus longtemps que moins de 100 multimilliardaires ultras riches possèdent autant que plus de 3 milliards de personnes !
Nous qui avons des millions de raisons d’être en colère dans ce pays et sur cette Terre face aux crimes de nos gouvernements contre les peuples, contre nos enfants, contre nos avenirs et contre la Terre !
Nous qui savons que le budget annuel des armées est en constante augmentation et représente 1200 milliards d’euros… alors que 240 petits milliards pourraient éradiquer la faim dans le monde, permettre l’accès à l’éducation et à la santé de base pour toutes et tous, permettre l’accès à l’eau potable et à des sanitaires pour toutes et tous sur Terre…
Nous qui savons que les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres… Nous qui savons que 15 % de la population mondiale s’accapare 85 % des richesses… Nous qui savons que tout ça ne peut plus durer… Ne pourra plus durer longtemps…
Nous qui pourrions malheureusement allonger cette liste sans fin tant les drames sont nombreux et quotidiens…"
-Désarmons le 14 juillet-




photo: Vladimir Slonska-Malvaud

2 commentaires:

  1. Mrci Jean-Jacques !
    Tu m'as fait découvrir Gaétan Pelletier : un long texte qui m'a pris aux tripes, sur Gaza...
    Je suis à 200% d'accord avec sa lucidité, je vais lire son audacieux blog québecois...

    D'autre part, avant, tu cites mon ami Abdellatif Laâbi, grand poète marocain de langue française, que je connais depuis des décennies et avec qui j'ai eu des échanges épistolaires chaleureux... mais j'ignorais ce beau texte sur le lecteur-cannibale !
    A plus et kenavo ! Rémi

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  2. Hello Rémi
    moi aussi je me suis retrouvé dans ce texte terriblement lucide, beaucoup plus que dans les avis que je qualifierais de: judéo-chrétien qui pullulent sur la toile sur ce sujet et tant d'autres où il y aurait comme c'est pratique (et primaire) les bons d'un côté et les mauvais de l'autre...
    Ah si le monde était si simple...il y a sans doute longtemps que l'on aurait eu les moyens de le changer,...Seulement ...l'humain n'est jamais très loin de sa caverne originelle...
    belle journée à toi
    ;-)

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