sur le site de l'UJFP j'ai lu ceci:
Amira Hass – 14 juillet 2014 – Ha’aretz
"Nos médias incrustent une terminologie dénaturée qui vient en appui des efforts visant à présenter Israël comme une victime. En voici quelques exemples.
"Nos médias incrustent une terminologie dénaturée qui vient en appui des efforts visant à présenter Israël comme une victime. En voici quelques exemples.
« Gaza est un État indépendant. »
Non, il ne l’est pas. Gaza et la Cisjordanie ne sont qu’une unité territoriale composée de deux parties. Selon les décisions de la communauté internationale, un État doit être établi dans ces deux parties, lesquelles sont toujours sous occupation israélienne, comme le sont les Palestiniens qui y vivent.
Gaza et la Cisjordanie ont le même indicatif téléphonique international : 970. (Un indicatif distinct - 972 pour Israël - est un geste sans portée qui reste de la période d’Oslo. Le système téléphonique palestinien est une division de celui d’Israël. Quand le service de sécurité du Shin Bet appelle une maison à Gaza pour annoncer que l’armée de l’air est sur le point de la bombarder, le Shin Bet n’a pas besoin de composer le 970).
Avec sa ruse et sa technique de colonialiste qu’il a acquises au Mapai (Parti des travailleurs, qui a rejoint le Parti travailliste israélien en 1968 – ndt), Ariel Sharon a retiré les colons de la bande de Gaza. En utilisant une forme nouvelle de domination, il a essayé de séparer définitivement l’enclave de la Cisjordanie. Le contrôle effectif de la mer, de l’air, des frontières et de la plus grande partie de la bande de Gaza est resté aux mains d’Israël.
C’est vrai, le Hamas et le Fatah, animés par leur lutte entre factions, ont largement contribué à la déconnexion des deux parties. Avec sa propagande, le Hamas a renforcé l’illusion de l’ « indépendance » de Gaza.
En attendant, Israël continue de contrôler le registre de la population de Gaza et de la Cisjordanie. Tout nouveau-né palestinien, à Gaza comme en Cisjordanie, doit être enregistré auprès du ministère de l’Intérieur israélien (via l’Administration de coordination et de liaison) pour pouvoir obtenir une carte d’identité à 16 ans.
L’information imprimée sur les cartes est aussi en hébreu. Avez-vous entendu parler d’un État indépendant dont les habitants doivent être enregistrés dans l’État « voisin » (occupant et agresseur) – et que sinon, ils n’obtiendraient aucuns papiers et n’existeraient pas officiellement ?
Quand des experts comme Giora Eiland, général en retraite qui a participé à l’élaboration du désengagement de Gaza, disent que Gaza est un État indépendant qui nous agresse, ils essaient de gommer le contexte de ce nouveau cycle d’effusions de sang. La tâche est vraiment aisée. Les Israéliens l’ont déjà fait.
« Légitime défense »
Les deux parties (Hamas et Israël) affirment qu’ils font feu en situation de légitime défense. Nous savons que la guerre est un prolongement de la politique, par d’autres moyens. La politique d’Israël est claire (si vous n’êtes pas consommateur de médias israéliens) : isoler toujours davantage la bande de Gaza, contrecarrer toute possibilité d’union palestinienne et détourner l’attention de l’offensive colonialiste en accélération sur la Cisjordanie.
Et le Hamas ? Il souhaite renforcer sa position en tant que mouvement de résistance après les coups qu’il a pris comme mouvement de gouvernement. Peut-être pense-t-il vraiment pouvoir changer toute la stratégie de la direction palestinienne vis-à-vis de l’occupation israélienne. Peut-être veut-il que le monde (et les États arabes) sortent de leur sommeil.
Pourtant, sauf le respect dû à Clausewitz, les calculs rationnels n’expliquent pas tout. N’oublions pas l’envie pour les missiles – qui a les plus gros, les plus longs, les plus impressionnants et ceux avec la plus longue portée ? Les garçons jouent avec leurs jouets et nous avons pris l’habitude d’appeler cela de la politique.
« Israël a fait preuve de retenue. »
Quand commence-t-on à mesurer la retenue ? Pourquoi ne pas commencer avec les pêcheurs qui ont essuyé les tirs, qui ont été blessés et parfois tués par la marine israélienne, même si les ententes de 2012 ont parlé d’étendre la zone de pêche ?
Pourquoi pas avec les agriculteurs et les ramasseurs de métaux près de la clôture, qui n’ont pas d’autres revenus, qui subissent nos tirs et sont parfois blessés et tués par les soldats ? Ou avec la démolition des maisons palestiniennes prétendument pour raisons administratives en Cisjordanie et à Jérusalem ?
Ne prétendons-nous pas à cette retenue parce que c’est une violence que les médias israéliens ignorent avec arrogance ? Et pourquoi n’entendons-nous pas parler de la retenue palestinienne après que Nadim Nawara et Mohammed Abu Dhaher eurent été tués par des soldats israéliens au check-point d’Ofer ? « Retenue » est un autre mot pour effacer les contextes et renforcer le sentiment de victimisation de la quatrième plus grande puissance militaire du monde.
« Israël fournit l’eau, l’électricité, la nourriture et les médicaments à Gaza. »
Non, il ne le fait pas. Il vend 120 mégawatts d’électricité et au prix fort, tout au plus un tiers de la demande. Sur la facture, sont déduits les frais de douane qu’Israël collecte sur les marchandises qui arrivent à ses ports et sont destinés aux territoires occupés. La nourriture et les médicaments que les commerçants palestiniens achètent, aussi au prix fort, entrent dans Gaza par des passages frontaliers contrôlés par Israël.
Selon le Gisha, Centre juridique pour la liberté de mouvement, en 2012, des produits israéliens pour une valeur de 1,3 milliard de shekels (environ 280 millions d’€) ont été achetés par la bande de Gaza. Ce qui fait que Gaza est aussi un marché captif pour Israël.
Quant à l’eau, Israël a imposé une économie autarcique de l’eau sur Gaza ; c’est-à-dire que les Gazaouis doivent se contenter de l’eau de pluie et des eaux souterraines qu’ils recueillent dans leur territoire. Israël, qui impose un quota d’eau aux Palestiniens, ne les laisse pas partager les sources d’eau de Cisjordanie avec la bande de Gaza.
Conséquence, la demande dépasse l’offre, et il y a pompage excessif. L’eau de mer s’infiltre dans les nappes phréatiques, de même que les eaux usées de leurs canalisations vétustes. À 95 %, l’eau de Gaza est impropre à la consommation. Et sur la base des accords passés, Israël vend 5 millions de mètres cube d’eau à Gaza (une goutte d’eau dans l’océan).
« Israël n’identifie que les cibles légitimes. »
Les maisons des membres jeunes et anciens du Hamas sont bombardées – avec ou sans enfants à l’intérieur – et d’après l’armée, ce seraient des cibles légitimes ? Y-a-t-il une maison juive en Israël qui n’abrite pas un officier ayant participé à planifier ou à lancer une offensive ? Ou un soldat qui n’a pas tiré, ou ne tirera pas, sur un Palestinien ?
« Le Hamas utilise la population comme boucliers humains. »
Si je ne me trompe pas, le ministère de la Défense se trouve bien au cœur de Tel Aviv, alors qu’il est le principal « centre de guerre » de l’armée. Et que dire de la base d’entraînement militaire de Glilot, près du grand centre commercial ? Et du siège du Shin Bet à Jérusalem, à la limite d’un quartier résidentiel ?
Et à quelle distance notre « usine de couture » (centre nucléaire d’Israël avec l’arme atomique – ndt) à Dimona se trouve-t-elle des zones résidentielles ? Pourquoi est-ce normal pour nous, et pas pour eux ? Simplement parce qu’ils n’ont pas la capacité phallique de bombarder ces lieux ?"
Traduction : JPP
Non, il ne l’est pas. Gaza et la Cisjordanie ne sont qu’une unité territoriale composée de deux parties. Selon les décisions de la communauté internationale, un État doit être établi dans ces deux parties, lesquelles sont toujours sous occupation israélienne, comme le sont les Palestiniens qui y vivent.
Gaza et la Cisjordanie ont le même indicatif téléphonique international : 970. (Un indicatif distinct - 972 pour Israël - est un geste sans portée qui reste de la période d’Oslo. Le système téléphonique palestinien est une division de celui d’Israël. Quand le service de sécurité du Shin Bet appelle une maison à Gaza pour annoncer que l’armée de l’air est sur le point de la bombarder, le Shin Bet n’a pas besoin de composer le 970).
Avec sa ruse et sa technique de colonialiste qu’il a acquises au Mapai (Parti des travailleurs, qui a rejoint le Parti travailliste israélien en 1968 – ndt), Ariel Sharon a retiré les colons de la bande de Gaza. En utilisant une forme nouvelle de domination, il a essayé de séparer définitivement l’enclave de la Cisjordanie. Le contrôle effectif de la mer, de l’air, des frontières et de la plus grande partie de la bande de Gaza est resté aux mains d’Israël.
C’est vrai, le Hamas et le Fatah, animés par leur lutte entre factions, ont largement contribué à la déconnexion des deux parties. Avec sa propagande, le Hamas a renforcé l’illusion de l’ « indépendance » de Gaza.
En attendant, Israël continue de contrôler le registre de la population de Gaza et de la Cisjordanie. Tout nouveau-né palestinien, à Gaza comme en Cisjordanie, doit être enregistré auprès du ministère de l’Intérieur israélien (via l’Administration de coordination et de liaison) pour pouvoir obtenir une carte d’identité à 16 ans.
L’information imprimée sur les cartes est aussi en hébreu. Avez-vous entendu parler d’un État indépendant dont les habitants doivent être enregistrés dans l’État « voisin » (occupant et agresseur) – et que sinon, ils n’obtiendraient aucuns papiers et n’existeraient pas officiellement ?
Quand des experts comme Giora Eiland, général en retraite qui a participé à l’élaboration du désengagement de Gaza, disent que Gaza est un État indépendant qui nous agresse, ils essaient de gommer le contexte de ce nouveau cycle d’effusions de sang. La tâche est vraiment aisée. Les Israéliens l’ont déjà fait.
« Légitime défense »
Les deux parties (Hamas et Israël) affirment qu’ils font feu en situation de légitime défense. Nous savons que la guerre est un prolongement de la politique, par d’autres moyens. La politique d’Israël est claire (si vous n’êtes pas consommateur de médias israéliens) : isoler toujours davantage la bande de Gaza, contrecarrer toute possibilité d’union palestinienne et détourner l’attention de l’offensive colonialiste en accélération sur la Cisjordanie.
Et le Hamas ? Il souhaite renforcer sa position en tant que mouvement de résistance après les coups qu’il a pris comme mouvement de gouvernement. Peut-être pense-t-il vraiment pouvoir changer toute la stratégie de la direction palestinienne vis-à-vis de l’occupation israélienne. Peut-être veut-il que le monde (et les États arabes) sortent de leur sommeil.
Pourtant, sauf le respect dû à Clausewitz, les calculs rationnels n’expliquent pas tout. N’oublions pas l’envie pour les missiles – qui a les plus gros, les plus longs, les plus impressionnants et ceux avec la plus longue portée ? Les garçons jouent avec leurs jouets et nous avons pris l’habitude d’appeler cela de la politique.
« Israël a fait preuve de retenue. »
Quand commence-t-on à mesurer la retenue ? Pourquoi ne pas commencer avec les pêcheurs qui ont essuyé les tirs, qui ont été blessés et parfois tués par la marine israélienne, même si les ententes de 2012 ont parlé d’étendre la zone de pêche ?
Pourquoi pas avec les agriculteurs et les ramasseurs de métaux près de la clôture, qui n’ont pas d’autres revenus, qui subissent nos tirs et sont parfois blessés et tués par les soldats ? Ou avec la démolition des maisons palestiniennes prétendument pour raisons administratives en Cisjordanie et à Jérusalem ?
Ne prétendons-nous pas à cette retenue parce que c’est une violence que les médias israéliens ignorent avec arrogance ? Et pourquoi n’entendons-nous pas parler de la retenue palestinienne après que Nadim Nawara et Mohammed Abu Dhaher eurent été tués par des soldats israéliens au check-point d’Ofer ? « Retenue » est un autre mot pour effacer les contextes et renforcer le sentiment de victimisation de la quatrième plus grande puissance militaire du monde.
« Israël fournit l’eau, l’électricité, la nourriture et les médicaments à Gaza. »
Non, il ne le fait pas. Il vend 120 mégawatts d’électricité et au prix fort, tout au plus un tiers de la demande. Sur la facture, sont déduits les frais de douane qu’Israël collecte sur les marchandises qui arrivent à ses ports et sont destinés aux territoires occupés. La nourriture et les médicaments que les commerçants palestiniens achètent, aussi au prix fort, entrent dans Gaza par des passages frontaliers contrôlés par Israël.
Selon le Gisha, Centre juridique pour la liberté de mouvement, en 2012, des produits israéliens pour une valeur de 1,3 milliard de shekels (environ 280 millions d’€) ont été achetés par la bande de Gaza. Ce qui fait que Gaza est aussi un marché captif pour Israël.
Quant à l’eau, Israël a imposé une économie autarcique de l’eau sur Gaza ; c’est-à-dire que les Gazaouis doivent se contenter de l’eau de pluie et des eaux souterraines qu’ils recueillent dans leur territoire. Israël, qui impose un quota d’eau aux Palestiniens, ne les laisse pas partager les sources d’eau de Cisjordanie avec la bande de Gaza.
Conséquence, la demande dépasse l’offre, et il y a pompage excessif. L’eau de mer s’infiltre dans les nappes phréatiques, de même que les eaux usées de leurs canalisations vétustes. À 95 %, l’eau de Gaza est impropre à la consommation. Et sur la base des accords passés, Israël vend 5 millions de mètres cube d’eau à Gaza (une goutte d’eau dans l’océan).
« Israël n’identifie que les cibles légitimes. »
Les maisons des membres jeunes et anciens du Hamas sont bombardées – avec ou sans enfants à l’intérieur – et d’après l’armée, ce seraient des cibles légitimes ? Y-a-t-il une maison juive en Israël qui n’abrite pas un officier ayant participé à planifier ou à lancer une offensive ? Ou un soldat qui n’a pas tiré, ou ne tirera pas, sur un Palestinien ?
« Le Hamas utilise la population comme boucliers humains. »
Si je ne me trompe pas, le ministère de la Défense se trouve bien au cœur de Tel Aviv, alors qu’il est le principal « centre de guerre » de l’armée. Et que dire de la base d’entraînement militaire de Glilot, près du grand centre commercial ? Et du siège du Shin Bet à Jérusalem, à la limite d’un quartier résidentiel ?
Et à quelle distance notre « usine de couture » (centre nucléaire d’Israël avec l’arme atomique – ndt) à Dimona se trouve-t-elle des zones résidentielles ? Pourquoi est-ce normal pour nous, et pas pour eux ? Simplement parce qu’ils n’ont pas la capacité phallique de bombarder ces lieux ?"
Traduction : JPP
Voir en ligne : l’article originel en anglais
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"Le crime n'est après tout qu'une forme dégénérée de l'ambition"
citation extraite du film de John Huston: "Asphalt jungle" (Quand la ville dort)-
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j'ai lu également un article de Esther Benbassa- sénatrice d'EELV du Val -de- Marne
publié dans le Huffington Post-
"Les déclarations de notre Premier Ministre publiées par Le Figaro de ce jeudi 24 juillet évoquent les remontrances de ces instituteurs d'antan prompts à taper sur les doigts de leurs élèves lorsqu'ils ne faisaient pas ce que le maître demandait.
Pour M. Valls, un élu ne saurait participer à des manifestations autorisées susceptibles, selon lui, de se terminer par "des slogans et des actes antisémites". Cette mise en garde vient après que le même M. Valls a rudement critiqué, à l'Assemblée, les quelques élus EELV présents à la manifestation pro-palestinienne de Barbès de samedi dernier, interdite, elle, par le préfet de Paris, le Premier Ministre visant alors notamment le maire EELV du IIe arrondissement de Paris, Jacques Boutault, présent pourtant sur les lieux en observateur plutôt qu'en participant.
L'honneur des élus et le rôle de l'Etat
Quel sort sera donc réservé, aujourd'hui, par notre Premier ministre, aux élus qui ont effectivement participé à la manifestation de mercredi, organisée par des gens sérieux et responsables, encadrée par un service de sécurité efficace, manifestation dont le mot d'ordre, simple et clair, était "Pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens", et qui s'est déroulée dans le calme, sans être entachée par le moindre slogan ou incident antisémite?
De quel droit M. Valls s'en prend-il à des élus -comprenant d'ailleurs des socialistes- exerçant librement leur droit de manifester dans un cadre autorisé et exempt de toute dérives antisémites? Veut-il le leur interdire? Et veut-il finalement interdire toute manifestation organisée contre les massacres en Palestine? Si c'est cela qu'il vise, autant qu'il le dise clairement.
Je croyais naïvement que le rôle de l'Etat, en ces matières, était d'abord et uniquement d'encadrer et de sécuriser. Or l'Etat a déjà failli, à Barbès, à Sarcelles. Aucune interdiction ne semble avoir pu arrêter les excités et les provocateurs. Les organisateurs de la manif d'hier, eux, l'ont fait. Et si quelques jeunes ont brandi des drapeaux qui ne sont assurément pas de mon goût, cela fait partie des menus incidents habituels dans toutes les manifestations.
Non, je n'ai pas de problème avec Israël
Je suis élue de la République. Et juive. Et fière de l'être. Les miens ont contribué, dès les années 1940, à la fondation de l'Etat d'Israël. J'ai une soixantaine de membres de ma famille dans ce pays que je visite régulièrement. J'ai servi, jeune fille, ce pays, parce que je croyais que le sionisme visait seulement à donner une terre à ceux qui n'en avaient pas, et qui avaient subi pendant des siècles l'antisémitisme et les pogromes, et finalement la Shoah.
J'ai aussi vécu, en 1967, les premiers jours de l'occupation de la Palestine, avec angoisse. Je venais de Turquie où j'avais cohabité avec des chrétiens, des musulmans, des juifs, et grandi dans l'amour de la France. Je ne savais pas haïr et je n'ai toujours pas appris. Je n'étais pas pratiquante, mais j'avais gardé de mon judaïsme, celui de mes parents, une certaine éthique. Ne pas humilier, servir le pauvre, l'humble, le malade, ne jamais commettre des actes que je pourrais me reprocher. Respecter l'Autre, et surtout la vie de l'Autre.
Si je milite aujourd'hui pour les minorités, si je me bats pour les droits humains et la liberté, c'est au nom de cette éthique. Pour être à la hauteur des idéaux du peuple dont je suis issue. Comme de ceux de la République dont je suis, au Sénat, une élue. Ce combat, je l'ai aussi mené, et je le mène encore, comme professeur d'histoire juive, à l'Ecole pratique des hautes études, essayant d'enseigner aux jeunes et aux moins jeunes ce que j'ai appris moi-même de maîtres plus savants que moi.
Si j'ai manifesté hier, c'est aussi pour dire que s'opposer à la politique de M. Netanyahou n'est pas le pré carré de je ne sais quelle « confession » (musulmane). C'est pour crier, avec force, avec tant de gens qui me ressemblent et qui ne me ressemblent pas, au-delà de nos appartenances réelles ou supposées à une religion ou à un parti, contre les violences et les massacres subis par les Palestiniens. J'étais là, oui, parce que je viens d'un peuple qui a souffert, et que je ne veux pas qu'un autre souffre à son tour, au nom d'un nationalisme extrême et d'espoirs messianiques vains et dangereux.
Faux prophètes
Monsieur Valls se prend pour un prophète. Il avait vu venir depuis longtemps "ce nouvel antisémitisme". Puis-je lui rappeler, comme historienne des juifs, que les prophètes -les vrais- avaient le courage de ne pas hurler avec les loups, de prendre des risques, de se retrouver seuls, face au pouvoir?
Le ton pseudo-"prophétique" de M. Valls, qui n'est que calcul politique, me déplaît au plus haut point. Cherche-t-il à éviter au parti socialiste ce que M. Jospin n'avait pas su éviter: le reproche de ne pas avoir pris l'antisémitisme montant au sérieux? Cherche-t-il à ébranler aussi, une fois de plus, l'équilibre des forces à gauche? Cherche-t-il à séduire je ne sais quel électorat? Inquiétants calculs, assurément. Qui expliquent peut-être également la déclaration initiale, peu mesurée et outrageusement pro-israélienne, de M. Hollande concernant le conflit en cours.
Cette déclaration, on ne le dira hélas jamais assez, a indéniablement donné un coup de fouet malvenu aux antisémites convaincus ou de circonstance, qui y auront trouvé un alibi. Loin de contribuer à combattre l'antisémitisme et à assurer la sécurité de la population juive, de telles postures mettent au contraire de l'huile sur le feu. Etait-ce le rôle des plus hauts représentants de l'Etat?
M. Valls, chef de la communauté juive ?
Les sorties intempestives de M. Valls font partie de sa personnalité. Mais elles ne doivent pas se faire au prix de la liberté des élus. Parler comme s'il était le chef de la communauté juive ne sied pas, me semble-t-il, à un Premier ministre. Celui-ci doit délivrer une parole de responsable politique, sobre, soucieuse du bien commun et de la paix publique. C'est ce qu'on lui demande. C'est tout ce qu'on lui demande.
Je n'ai hélas pas lu les "oeuvres complètes" (sic) de notre Premier Ministre, et je ne les connais pas. Puis-je cependant lui dire qu'il n'y a pas, contrairement à ce qu'il suggère, de "nouvel" antisémitisme? Seulement un antisémitisme tout court, qui s'exprime hélas parfois haut et fort, sans complexe, qui prend parfois les habits trompeurs de l'antisionisme, et qui trouve parfois un exutoire dans la défense des Palestiniens.
Antisémites, les manifestants d'hier ?
Il n'en reste pas moins que ceux qui manifestaient hier et qui manifesteront demain, dans leur immense majorité, ne sont pas antisémites. Ils pleurent les morts à Gaza. Ils se révoltent contre le silence des Occidentaux, l'asymétrie des situations et des forces, l'occupation, le blocus, et tant de vies sacrifiées dans une guerre qui est, quoi qu'on dise, une guerre d'occupation.
Imagine-t-on que j'ai la moindre "sympathie" pour le Hamas, qui a pris en otage les Palestiniens de Gaza qui n'ont nulle part où fuir, qui met Israël sous une pluie de roquettes lancées à l'aveugle, sur les populations civiles? Croit-on que je ne déplore pas la mort des jeunes soldats israéliens tombés dans une guerre vaine, qui, depuis 2008, se répète tous les trois ans? Que je n'ai pas d'empathie pour les endeuillés d'Israël? Et que je ne songe pas à tous ceux qui, en Israël, doivent faire face à des alertes toutes les dix minutes?
Simplement, ma famille n'est pas allée construire cet Israël-là, celui des ultras, qui rêvent du Grand Israël, celui qui coûte la vie à tant de Palestiniens et à tant d'Israéliens, les premiers payant -de très loin- le plus lourd tribut. Les massacres de Gazaouis, les corps déchiquetés, les enfants et les femmes assassinés, les décombres des maisons détruites, les populations déplacées, la misère et la détresse hantent mes nuits. Je suis désespérée.
En dépassant les frontières de 1967, on a commis le pire
Je suis naturellement l'adversaire du Hamas et de ce qu'il incarne. Mais j'affirme qu'un jour, si une paix doit se conclure, le Hamas devra être à la table des négociations. Je ne vois pas d'autre moyen pour que cette guerre, faite de part et d'autre pour des intérêts politiques, finisse par s'arrêter.
Je ne puis évidemment accorder le moindre soutien à un gouvernement d'Israël dominé par le Likoud, qui continue à coloniser, et qui bafoue, aux yeux du monde, l'éthique ancestrale des juifs d'Israël et de diaspora. Mes amis, mes proches défilent aussi en Israël contre cette politique suicidaire, contre les massacres à Gaza, contre cette violence à répétition, au nom de l'occupation de quelques kilomètres carrés de plus. En dépassant les frontières de 1967, on a commis le pire.
M. Valls, l'ancien ami des Palestiniens
Je rappelle à M. Valls qu'il tenait dans le passé, chaque année, une manifestation qui s'intitulait les "Six Heures pour la Palestine", qu'il avait accueilli chaleureusement, en 2002, Leïla Shahid, alors déléguée de la Palestine en France, pour le jumelage d'Evry-Ville nouvelle avec le camp de Khan Younès, et qu'en 2002, encore, à la tribune de la Mutualité, il dénonçait "la colonisation qui viole le droit international." Cela aurait-il été expurgé de ses "oeuvres complètes"? Il est vrai, aujourd'hui, que défendre les Palestiniens ne sied guère à un présidentiable. Je n'en dirai pas plus, par respect pour la fonction de Premier ministre.
Monsieur Valls, votre rôle, votre devoir, c'est de dépasser le communautarisme et les petits calculs politiques (et peut-être, grands, bientôt...). C'est de veiller à apporter le calme dans ce pays en tenant des discours dignes d'un Premier Ministre.
Barbès, Sarcelles : des émeutes de banlieue
Et c'est aussi de savoir entendre, derrière l'antisémitisme que vous dénoncez à raison, l'écho des rancoeurs bien réelles de quartiers populaires pour lesquels vous n'avez rien fait, enterrant qui plus est notre "politique de la ville". Ces gens attendaient beaucoup de ce gouvernement, ils avaient voté PS. Les explosions de Barbès et de Sarcelles sont aussi des "émeutes de banlieue".
La rage qui monte contre le gouvernement se retourne en prenant les juifs pour cible, des juifs identifiés à tort au pouvoir. Ce scénario est ancien, bien connu, de ceux du moins qui ont quelques notions d'histoire juive. C'est à vous de le casser, ce scénario. Mais vous ne le ferez pas avec vos points de vue binaires, au contraire. Si vous voulez protéger les juifs de France, dispensez des discours clairs, mesurés, en un mot: "républicains".
Non, les écologistes n'ont pas de "problème avec Israël"
Et renoncez à ces médiocres attaques contre les partis qui se trouvent à la gauche du PS, dont les écologistes, qui font pourtant partie de votre majorité, en les classant, pour les disqualifier, dans la catégorie de ceux qui auraient "des problèmes avec Israël".
Vous oubliez que ce sont des démocrates comme nous qui contribuent à apporter du crédit (et du calme) à ces manifestations, en expliquant, en dialoguant, et en servant de paratonnerres aux possibles dérives antisémites. Et quand je dis nous, ce n'est pas seulement aux écologistes que je pense, mais bien à tous ces partis à la gauche du PS qui défilaient hier et qui ont permis, avec d'autres, que la manifestation se déroule dignement. C'est pour cette raison que je salue aussi les députés PS qui marchaient avec nous. Qu'il y ait ici ou là quelques extrémistes peu regardants sur leur façon de s'exprimer, c'est le sort commun de tous les partis, dont le rôle est aussi de structurer et de cadrer.
Un peu de calme, Monsieur le Premier ministre, et surtout de sagesse, avant que la situation ne se dégrade davantage. Consacrez plutôt vos efforts à imposer le cessez-le-feu en Israël et à Gaza. Ça vous sortira de votre communautarisme..."
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Z'et chez les "Cailloux" un article de Rémi: "D'une résistance à d'autres, la bande de Bayonne"
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j'ai lu également un article de Esther Benbassa- sénatrice d'EELV du Val -de- Marne
publié dans le Huffington Post-
"Les déclarations de notre Premier Ministre publiées par Le Figaro de ce jeudi 24 juillet évoquent les remontrances de ces instituteurs d'antan prompts à taper sur les doigts de leurs élèves lorsqu'ils ne faisaient pas ce que le maître demandait.
Pour M. Valls, un élu ne saurait participer à des manifestations autorisées susceptibles, selon lui, de se terminer par "des slogans et des actes antisémites". Cette mise en garde vient après que le même M. Valls a rudement critiqué, à l'Assemblée, les quelques élus EELV présents à la manifestation pro-palestinienne de Barbès de samedi dernier, interdite, elle, par le préfet de Paris, le Premier Ministre visant alors notamment le maire EELV du IIe arrondissement de Paris, Jacques Boutault, présent pourtant sur les lieux en observateur plutôt qu'en participant.
L'honneur des élus et le rôle de l'Etat
Quel sort sera donc réservé, aujourd'hui, par notre Premier ministre, aux élus qui ont effectivement participé à la manifestation de mercredi, organisée par des gens sérieux et responsables, encadrée par un service de sécurité efficace, manifestation dont le mot d'ordre, simple et clair, était "Pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens", et qui s'est déroulée dans le calme, sans être entachée par le moindre slogan ou incident antisémite?
De quel droit M. Valls s'en prend-il à des élus -comprenant d'ailleurs des socialistes- exerçant librement leur droit de manifester dans un cadre autorisé et exempt de toute dérives antisémites? Veut-il le leur interdire? Et veut-il finalement interdire toute manifestation organisée contre les massacres en Palestine? Si c'est cela qu'il vise, autant qu'il le dise clairement.
Je croyais naïvement que le rôle de l'Etat, en ces matières, était d'abord et uniquement d'encadrer et de sécuriser. Or l'Etat a déjà failli, à Barbès, à Sarcelles. Aucune interdiction ne semble avoir pu arrêter les excités et les provocateurs. Les organisateurs de la manif d'hier, eux, l'ont fait. Et si quelques jeunes ont brandi des drapeaux qui ne sont assurément pas de mon goût, cela fait partie des menus incidents habituels dans toutes les manifestations.
Non, je n'ai pas de problème avec Israël
Je suis élue de la République. Et juive. Et fière de l'être. Les miens ont contribué, dès les années 1940, à la fondation de l'Etat d'Israël. J'ai une soixantaine de membres de ma famille dans ce pays que je visite régulièrement. J'ai servi, jeune fille, ce pays, parce que je croyais que le sionisme visait seulement à donner une terre à ceux qui n'en avaient pas, et qui avaient subi pendant des siècles l'antisémitisme et les pogromes, et finalement la Shoah.
J'ai aussi vécu, en 1967, les premiers jours de l'occupation de la Palestine, avec angoisse. Je venais de Turquie où j'avais cohabité avec des chrétiens, des musulmans, des juifs, et grandi dans l'amour de la France. Je ne savais pas haïr et je n'ai toujours pas appris. Je n'étais pas pratiquante, mais j'avais gardé de mon judaïsme, celui de mes parents, une certaine éthique. Ne pas humilier, servir le pauvre, l'humble, le malade, ne jamais commettre des actes que je pourrais me reprocher. Respecter l'Autre, et surtout la vie de l'Autre.
Si je milite aujourd'hui pour les minorités, si je me bats pour les droits humains et la liberté, c'est au nom de cette éthique. Pour être à la hauteur des idéaux du peuple dont je suis issue. Comme de ceux de la République dont je suis, au Sénat, une élue. Ce combat, je l'ai aussi mené, et je le mène encore, comme professeur d'histoire juive, à l'Ecole pratique des hautes études, essayant d'enseigner aux jeunes et aux moins jeunes ce que j'ai appris moi-même de maîtres plus savants que moi.
Si j'ai manifesté hier, c'est aussi pour dire que s'opposer à la politique de M. Netanyahou n'est pas le pré carré de je ne sais quelle « confession » (musulmane). C'est pour crier, avec force, avec tant de gens qui me ressemblent et qui ne me ressemblent pas, au-delà de nos appartenances réelles ou supposées à une religion ou à un parti, contre les violences et les massacres subis par les Palestiniens. J'étais là, oui, parce que je viens d'un peuple qui a souffert, et que je ne veux pas qu'un autre souffre à son tour, au nom d'un nationalisme extrême et d'espoirs messianiques vains et dangereux.
Faux prophètes
Monsieur Valls se prend pour un prophète. Il avait vu venir depuis longtemps "ce nouvel antisémitisme". Puis-je lui rappeler, comme historienne des juifs, que les prophètes -les vrais- avaient le courage de ne pas hurler avec les loups, de prendre des risques, de se retrouver seuls, face au pouvoir?
Le ton pseudo-"prophétique" de M. Valls, qui n'est que calcul politique, me déplaît au plus haut point. Cherche-t-il à éviter au parti socialiste ce que M. Jospin n'avait pas su éviter: le reproche de ne pas avoir pris l'antisémitisme montant au sérieux? Cherche-t-il à ébranler aussi, une fois de plus, l'équilibre des forces à gauche? Cherche-t-il à séduire je ne sais quel électorat? Inquiétants calculs, assurément. Qui expliquent peut-être également la déclaration initiale, peu mesurée et outrageusement pro-israélienne, de M. Hollande concernant le conflit en cours.
Cette déclaration, on ne le dira hélas jamais assez, a indéniablement donné un coup de fouet malvenu aux antisémites convaincus ou de circonstance, qui y auront trouvé un alibi. Loin de contribuer à combattre l'antisémitisme et à assurer la sécurité de la population juive, de telles postures mettent au contraire de l'huile sur le feu. Etait-ce le rôle des plus hauts représentants de l'Etat?
M. Valls, chef de la communauté juive ?
Les sorties intempestives de M. Valls font partie de sa personnalité. Mais elles ne doivent pas se faire au prix de la liberté des élus. Parler comme s'il était le chef de la communauté juive ne sied pas, me semble-t-il, à un Premier ministre. Celui-ci doit délivrer une parole de responsable politique, sobre, soucieuse du bien commun et de la paix publique. C'est ce qu'on lui demande. C'est tout ce qu'on lui demande.
Je n'ai hélas pas lu les "oeuvres complètes" (sic) de notre Premier Ministre, et je ne les connais pas. Puis-je cependant lui dire qu'il n'y a pas, contrairement à ce qu'il suggère, de "nouvel" antisémitisme? Seulement un antisémitisme tout court, qui s'exprime hélas parfois haut et fort, sans complexe, qui prend parfois les habits trompeurs de l'antisionisme, et qui trouve parfois un exutoire dans la défense des Palestiniens.
Antisémites, les manifestants d'hier ?
Il n'en reste pas moins que ceux qui manifestaient hier et qui manifesteront demain, dans leur immense majorité, ne sont pas antisémites. Ils pleurent les morts à Gaza. Ils se révoltent contre le silence des Occidentaux, l'asymétrie des situations et des forces, l'occupation, le blocus, et tant de vies sacrifiées dans une guerre qui est, quoi qu'on dise, une guerre d'occupation.
Imagine-t-on que j'ai la moindre "sympathie" pour le Hamas, qui a pris en otage les Palestiniens de Gaza qui n'ont nulle part où fuir, qui met Israël sous une pluie de roquettes lancées à l'aveugle, sur les populations civiles? Croit-on que je ne déplore pas la mort des jeunes soldats israéliens tombés dans une guerre vaine, qui, depuis 2008, se répète tous les trois ans? Que je n'ai pas d'empathie pour les endeuillés d'Israël? Et que je ne songe pas à tous ceux qui, en Israël, doivent faire face à des alertes toutes les dix minutes?
Simplement, ma famille n'est pas allée construire cet Israël-là, celui des ultras, qui rêvent du Grand Israël, celui qui coûte la vie à tant de Palestiniens et à tant d'Israéliens, les premiers payant -de très loin- le plus lourd tribut. Les massacres de Gazaouis, les corps déchiquetés, les enfants et les femmes assassinés, les décombres des maisons détruites, les populations déplacées, la misère et la détresse hantent mes nuits. Je suis désespérée.
En dépassant les frontières de 1967, on a commis le pire
Je suis naturellement l'adversaire du Hamas et de ce qu'il incarne. Mais j'affirme qu'un jour, si une paix doit se conclure, le Hamas devra être à la table des négociations. Je ne vois pas d'autre moyen pour que cette guerre, faite de part et d'autre pour des intérêts politiques, finisse par s'arrêter.
Je ne puis évidemment accorder le moindre soutien à un gouvernement d'Israël dominé par le Likoud, qui continue à coloniser, et qui bafoue, aux yeux du monde, l'éthique ancestrale des juifs d'Israël et de diaspora. Mes amis, mes proches défilent aussi en Israël contre cette politique suicidaire, contre les massacres à Gaza, contre cette violence à répétition, au nom de l'occupation de quelques kilomètres carrés de plus. En dépassant les frontières de 1967, on a commis le pire.
M. Valls, l'ancien ami des Palestiniens
Je rappelle à M. Valls qu'il tenait dans le passé, chaque année, une manifestation qui s'intitulait les "Six Heures pour la Palestine", qu'il avait accueilli chaleureusement, en 2002, Leïla Shahid, alors déléguée de la Palestine en France, pour le jumelage d'Evry-Ville nouvelle avec le camp de Khan Younès, et qu'en 2002, encore, à la tribune de la Mutualité, il dénonçait "la colonisation qui viole le droit international." Cela aurait-il été expurgé de ses "oeuvres complètes"? Il est vrai, aujourd'hui, que défendre les Palestiniens ne sied guère à un présidentiable. Je n'en dirai pas plus, par respect pour la fonction de Premier ministre.
Monsieur Valls, votre rôle, votre devoir, c'est de dépasser le communautarisme et les petits calculs politiques (et peut-être, grands, bientôt...). C'est de veiller à apporter le calme dans ce pays en tenant des discours dignes d'un Premier Ministre.
Barbès, Sarcelles : des émeutes de banlieue
Et c'est aussi de savoir entendre, derrière l'antisémitisme que vous dénoncez à raison, l'écho des rancoeurs bien réelles de quartiers populaires pour lesquels vous n'avez rien fait, enterrant qui plus est notre "politique de la ville". Ces gens attendaient beaucoup de ce gouvernement, ils avaient voté PS. Les explosions de Barbès et de Sarcelles sont aussi des "émeutes de banlieue".
La rage qui monte contre le gouvernement se retourne en prenant les juifs pour cible, des juifs identifiés à tort au pouvoir. Ce scénario est ancien, bien connu, de ceux du moins qui ont quelques notions d'histoire juive. C'est à vous de le casser, ce scénario. Mais vous ne le ferez pas avec vos points de vue binaires, au contraire. Si vous voulez protéger les juifs de France, dispensez des discours clairs, mesurés, en un mot: "républicains".
Non, les écologistes n'ont pas de "problème avec Israël"
Et renoncez à ces médiocres attaques contre les partis qui se trouvent à la gauche du PS, dont les écologistes, qui font pourtant partie de votre majorité, en les classant, pour les disqualifier, dans la catégorie de ceux qui auraient "des problèmes avec Israël".
Vous oubliez que ce sont des démocrates comme nous qui contribuent à apporter du crédit (et du calme) à ces manifestations, en expliquant, en dialoguant, et en servant de paratonnerres aux possibles dérives antisémites. Et quand je dis nous, ce n'est pas seulement aux écologistes que je pense, mais bien à tous ces partis à la gauche du PS qui défilaient hier et qui ont permis, avec d'autres, que la manifestation se déroule dignement. C'est pour cette raison que je salue aussi les députés PS qui marchaient avec nous. Qu'il y ait ici ou là quelques extrémistes peu regardants sur leur façon de s'exprimer, c'est le sort commun de tous les partis, dont le rôle est aussi de structurer et de cadrer.
Un peu de calme, Monsieur le Premier ministre, et surtout de sagesse, avant que la situation ne se dégrade davantage. Consacrez plutôt vos efforts à imposer le cessez-le-feu en Israël et à Gaza. Ça vous sortira de votre communautarisme..."
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Z'et chez les "Cailloux" un article de Rémi: "D'une résistance à d'autres, la bande de Bayonne"
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Chez "Grosse fatigue" j'ai lu:
-Avec Dédé et Jean-Claude-
"La météo sur écran était annoncée
orageuse. Huit heures du matin les dimanches d’été, je vais rouler avec
des vieux. Je suis l’un des plus jeunes des vieux, mais il y a des
types plus jeunes aussi : les plus vieux des jeunes. Le temps était au
pluvieux. Mais aucune goutte n’est venue ternir nos espoirs de
jeunesse : gagner le "sprint pancarte" au retour.
Les premières côtes furent difficiles, et puis je me suis mis dans le train. A vélo, on fait des trains aussi. Parfois, nous discutons. Je viens de découvrir que Dédé collectionne les disques vinyle de chanson française, et sait reconnaître une Rega Planar™ d’une Thorens™. A l’aspect rugueux du bonhomme, je n’y aurais pas pensé. Il me semble que Ségolène Royal gagnerait à faire du vélo au milieu de la France profonde le dimanche matin. Pas seulement pour retrouver cette silhouette que même François n’a pas connue, mais pour palper le pouls en profondeur. Plus loin, c’est avec Jean-Claude que je discute. Je ne le connais pas. Il a un beau vélo français fait en Tunisie et assemblé à Nevers, équipé japonais.
Cela arrive beaucoup.
"Non mais tu te rends compte ? Un type s’est fait flinguer parce qu’il pissait dans la propriété d’un con !
Non ?
Ben oui. Le propriétaire l’engueule, l’autre répond, le propriétaire va chercher son fusil et lui tire dans la tête !
Les gens...
C’est comme pour les vergers fruitiers !
Les vergers fruitiers ?
Ben oui, tu vois, moi, j’aurais des fruitiers et j’aurais pas le temps de cueillir, ou plus la force, ben je dirais aux voisins ou aux gens d’aller se servir ! C’est quand même bien de se servir dans les arbres fruitiers, surtout que les gens, ben, ils achètent des pommes du Chili. Mais figure-toi que t’as des mecs, ils préfèrent voir leurs cerises ou leurs abricots pourrir plutôt que de les laisser aux Gitans !
Aux Gitans ?
Ou à n’importe qui ! Les Gitans, on dira ce qu’on veut, mais ils peuvent bien ramasser les fruits dont personne veut ! Qu’est-ce que ça peut faire ? Laisser pourrir des fruits !
Faudrait en parler à Ségolène Royal !
Ben pourquoi ?
Pour qu’elle se rende compte. Je trouve qu’elle dit souvent "je".
Ah tu trouves ?
Oui.
Je me demande si elle aime les abricots.
Et moi les Gitans.
Elle dit vraiment souvent "je" ?
Oui, tout le temps. C’est fatigant ces gens qui disent "je", au lieu de s’intéresser à l’économie des vergers et à la sociologie des Gitans.
T’es quand même un intello Fatigue, hein ?
Oui un peu."
Et puis après il y eut des côtes un peu raides, on n’a plus rien dit. En rentrant, j’ai mangé un abricot, comme un fait exprès."
Les premières côtes furent difficiles, et puis je me suis mis dans le train. A vélo, on fait des trains aussi. Parfois, nous discutons. Je viens de découvrir que Dédé collectionne les disques vinyle de chanson française, et sait reconnaître une Rega Planar™ d’une Thorens™. A l’aspect rugueux du bonhomme, je n’y aurais pas pensé. Il me semble que Ségolène Royal gagnerait à faire du vélo au milieu de la France profonde le dimanche matin. Pas seulement pour retrouver cette silhouette que même François n’a pas connue, mais pour palper le pouls en profondeur. Plus loin, c’est avec Jean-Claude que je discute. Je ne le connais pas. Il a un beau vélo français fait en Tunisie et assemblé à Nevers, équipé japonais.
Cela arrive beaucoup.
"Non mais tu te rends compte ? Un type s’est fait flinguer parce qu’il pissait dans la propriété d’un con !
Non ?
Ben oui. Le propriétaire l’engueule, l’autre répond, le propriétaire va chercher son fusil et lui tire dans la tête !
Les gens...
C’est comme pour les vergers fruitiers !
Les vergers fruitiers ?
Ben oui, tu vois, moi, j’aurais des fruitiers et j’aurais pas le temps de cueillir, ou plus la force, ben je dirais aux voisins ou aux gens d’aller se servir ! C’est quand même bien de se servir dans les arbres fruitiers, surtout que les gens, ben, ils achètent des pommes du Chili. Mais figure-toi que t’as des mecs, ils préfèrent voir leurs cerises ou leurs abricots pourrir plutôt que de les laisser aux Gitans !
Aux Gitans ?
Ou à n’importe qui ! Les Gitans, on dira ce qu’on veut, mais ils peuvent bien ramasser les fruits dont personne veut ! Qu’est-ce que ça peut faire ? Laisser pourrir des fruits !
Faudrait en parler à Ségolène Royal !
Ben pourquoi ?
Pour qu’elle se rende compte. Je trouve qu’elle dit souvent "je".
Ah tu trouves ?
Oui.
Je me demande si elle aime les abricots.
Et moi les Gitans.
Elle dit vraiment souvent "je" ?
Oui, tout le temps. C’est fatigant ces gens qui disent "je", au lieu de s’intéresser à l’économie des vergers et à la sociologie des Gitans.
T’es quand même un intello Fatigue, hein ?
Oui un peu."
Et puis après il y eut des côtes un peu raides, on n’a plus rien dit. En rentrant, j’ai mangé un abricot, comme un fait exprès."
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"La plus noble conquête du cheval c'est la femme"
-Alfred Jarry-
(à prendre au 44em degré bien sur...)
(à prendre au 44em degré bien sur...)
Merci Jean-Jacques de cet article d'Amira Hass...
RépondreSupprimerJe le signale en commentaire à mon article du jour, sur Gaza... = Bayonne !!
Bonjour Rémi
RépondreSupprimeréchange de bon procédé
;-)
je mets ton article en lien
belle journée à toi