dimanche 8 décembre 2013

ombre et lumière


Nous sommes ainsi:
"Ombre et Lumière"
et comme l'une ne vaut rien sans l'autre.
Il faudra pourtant  bien  nous y faire
à la magie de l'éphémère
à la théorie d'être ensemble
à l'infini qui nous gouverne...
dans nos classes de mer.
 Deux côtés d'un fragile miroir
où vogue sa  drôle de galère.



"Les survivants d'Hiroshima, les Hibakushas, ont eu des enfants et des petits enfants qui portent aujourd'hui sur leur corps et au fond de leurs yeux les stigmates d'une explosion, avant leur naissance, qui a fait d'eux des monstres. Nous sommes tous des monstres issus de cataclysmes anciens. Moi autant que quiconque, je le sais désormais.
Je suis à la table d'une chambre d'hôtel, dans le cri des mouettes, face à la mer qui bourlingue à peine, le couvre-lit est à fleurs, les murs chaulés entre des colombages. L'endroit n'est pas anodin pourtant, possible que j'aie été conçu ici, et la fenêtre est ouverte sur des souvenirs qui ne m'appartiennent pas. Inutile d'écrire, ni même de parler. Tout à l'heure sûrement, quand j'aurais renoué les fils. Juste je laisse la brume d'horizon esquisser des silhouettes, qui s'épaississent et marchent sur les flots, vers moi.
Je laisse voleter et s'ordonner des mots lointains et proches, je m'écoute venir du fond du temps. J'ai cinquante-neuf ans depuis peu et je ne sais plus qui je suis; Sinon le roman d'inconnus en quête d'auteur. Peut-être la littérature n'est rien d'autre que cela, un destin à rebours, corrigé, cette invention de soi qui devient réalité. J'ai tiré une chaise vide à mon côté, vous n'avez qu'à vous installer.
.../..."



-Extrait de: "Une ombre, sans doute" de Michel Quint-Editions Joelle Losfeld-

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