"Toute écriture est politique
puisque toute écriture est une vision du monde."
-Marie Darrieussec-
{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Rémi - Ruminances
m'a envoyé
d'amples, riches et bien plus que ça, poétiques pensées
sous forme de textes de Vie qui va, réunis en:
"PLUME(S)"
Parmi ses nombreux écrits,
quelques extraits
subjectivement
choisis (forcément)
mais comme l'a dit un Monsieur dans le poste
au moment même où je passais par là pour aller
voir
infuser le thé
"La poésie appartient à celui qui l'utilise" , enfin un truc du genre
Photo: Rémi Begouen-
"S'il vous plait faîtes-vous léger."
-Anne Sylvestre-
"Le bipède que je suis
souffre de n'être ni confortable quadrupède sur pesante terre, ni
surtout bel oiseau, ce bipède muni de deux ailes pour s'échapper
vers la beauté. A en être beauté.
Bien mieux que de deux
béquilles, nous avons besoin de deux ailes. Au point d'avoir fait
appel aux anges d'apparence humaine, grands, beaux et fabuleux
oiseaux protecteurs – voire petits méchants démons ailés... si
l'on n'est pas sage!.../..."
"L'homme qui sait est
indifféremment d'un sexe ou de l'autre, de quelconque pays et de
quelconque époque. D'âge ou de condition sociale quelconques.
Il sait qu'il ne saura
jamais tout, ni assez. Est toujours curieux d'en savoir plus et
mieux, que cela ne lui suffira pas à tenter d'être heureux, même
solitaire, même solidaire. Il passera donc pour être trop égoïste
ou trop dévoué, critiquable et tant mieux : il en apprend du
jugement – hâtif ou pas – des autres, modifie éventuellement
son comportement, change... Et sourit à la réplique imbécile du
« j'veux pas le savoir »...
L'homme qui sait sait
rire.
Si le rire n'est pas tout
à fait « le propre de l'homme » comme le prétend un des
nombreux adages très relativement vrais, il est pourtant fondamental
à l'épanouissement individuel, bien sûr... : même dans les
pires conditions, carcérales ou d'esclavage, reste le rire
intérieur, la liberté de penser, d'espérer, de lutter, de créer.
Le jazz en est né –
par exemple...
L'homme qui sait ne sait
pas forcément lire et écrire. Il sait à peine compter, parfois,
mais sait des choses fondamentales (sur l'eau, l'air, la nature,
l'homme et soi-même) qui échappent souvent à l'homme « cultivé ».
Celui qui veut « en imposer par sa science », son savoir
– et en fait son pouvoir. Qui prétend seul « savoir »...
.../..."
«
L'esclavage n'a pas évolué, l'esclave oui. L’esclave oui parce
qu’aujourd’hui l’esclave ne pense plus qu’il est esclave. Et
ne pense plus tout court. Aujourd’hui il s’appelle travailleur,
employé ou cadre, et parfois chômeur. Il se bat pour rester
esclave, pour sauver son statut individuellement et lorsqu’il le
perd son statut d’esclave il le quémande à nouveau. Il est prêt
à tout pour redevenir esclave et le rester.
Il est prêt à tout parce que l'esclave, dès l’enfance, pense qu'il est chanceux de vivre sur du goudron plutôt que dans la boue, de travailler dans un bureau sans transpirer (au chaud l’hiver et au frais l’été) plutôt que dans un champ, de dormir dans un studio plutôt que dehors. Il accepte d'être puni par « quelques » interdits, une pression psychologique et des coûts plutôt que par des coups. Il pense même que c’est normal. Il pense même que c'est pour son bien.
Sa récompense est alors le pouvoir d'achat et mourir le plus âgé possible. Sa récompense c'est croire qu'il est libéré de l'esclavage et que si il est riche il sera encore plus libre. Alors l’esclave ne peut pas se permettre d’être solidaire envers d’autres esclaves. Il doit d'abord penser à sa liberté individuelle au détriment de toute considération collective.
Il est prêt à tout parce que l'esclave, dès l’enfance, pense qu'il est chanceux de vivre sur du goudron plutôt que dans la boue, de travailler dans un bureau sans transpirer (au chaud l’hiver et au frais l’été) plutôt que dans un champ, de dormir dans un studio plutôt que dehors. Il accepte d'être puni par « quelques » interdits, une pression psychologique et des coûts plutôt que par des coups. Il pense même que c’est normal. Il pense même que c'est pour son bien.
Sa récompense est alors le pouvoir d'achat et mourir le plus âgé possible. Sa récompense c'est croire qu'il est libéré de l'esclavage et que si il est riche il sera encore plus libre. Alors l’esclave ne peut pas se permettre d’être solidaire envers d’autres esclaves. Il doit d'abord penser à sa liberté individuelle au détriment de toute considération collective.
L’esclave
pauvre envie l’esclave riche et l’esclave riche méprise
l’esclave pauvre. Tous deux pourtant inconscients qu’ils sont
exactement dans la même parcelle. C’est ainsi qu’aujourd’hui
l’esclave, riche ou pauvre, ne se rebelle pas, il en veut à tout
le monde, sauf à son roi qu’il remercie de ne pas le tuer. »
-Elsa Ley-
La
POÉSIE ? ...LA PEAU AUSSI !
(ou :
le poète contrarié)
Enfant, on veut « devenir
plus tard » pompier ou exploratrice, médecin ou aviatrice,
artiste ou botaniste, ou « faire comme papa - maman »...
On se retrouve à être,
très ballotté par la vie, ceci ou cela de généralement très
imprévu.
Certains – pas moi –
veulent très tôt devenir poètes et parfois, très rarement, le
deviennent. Quitte à tôt en « avoir fait le tour »,
comme le si exceptionnel Rimbaud...
« Faut d'tout pour
faire un monde, ma bonne dame ! »
Je crois avoir vaguement
rêvé d'être missionnaire et, ouf, j'en ai été vite détourné
par mes calamiteuses années de pensionnat, exilé en humide France,
brutalement arraché au soleil d’Égypte...
Mais c'est là - Amiens
en 1953, à quatorze ans - que je découvrais la poésie en la
personne de mon ami Phan, l'autre exilé, venant lui de Saïgon :
son père, fonctionnaire du régime colonial français, l'avait
préventivement placé là avant la déroute, mais, « hugolâtre »,
l'avait déjà instruit de la « très grande poésie
française »... et incité – tout en restant bouddhiste - à
se faire baptiser catholique !... Phan eu la faiblesse du pire,
l'année suivante : entrer au petit séminaire. Ce fut pour moi
un déchirement. Après la mort sous les bombes anglaises de mon pote
de jeu Mahmoud, en janvier 52, perdre mon nouvel ami Phan en 54 !...
Mais il avait eu le temps de me « passer le virus » de la
poésie, notamment en me récitant des vers de Baudelaire en...
vietnamien, ce à quoi je répondais en... chansonnettes arabes ! :
C'est dire que la gaieté m'a été une excellente introduction à la
poésie, si universelle et polyglotte...
Laquelle poésie sait
être si grave aussi : « C'était un temps
déraisonnable / On avait mis les morts à table », chante
Léo Ferré sur des vers d'Aragon...
Dix ans plus tard, en
1963, après tant de contrariétés dont la guerre d'Algérie en 59,
une amour de femme m'appelait « son poète »... mais sans
œuvre. Qui ne fut jamais qu'éparse, d'ailleurs, et, un long temps
mêlée au langage cousin de la photographie – ce fut mon temps de
« phoète », néologisme de mon cru...
Bref, de grée peu à peu
et de force surtout, je suis surtout devenu grand lecteur de poèmes
et j'ai surtout jeté mes ébauches de poèmes : je crois n'être
qu'un exemple banal de poète contrarié, puisque la poésie existe
au cœur de la plupart des gens, si souvent contrariés dans leurs
talents latents.
Reste la poésie... qui
est la peau aussi !
Tant éprouvée dans la
rue en MAI 68, entraînant le début d'une révolution libertaire de
nos mœurs, toujours en cours !
*
Parmi « les
marronniers », ces sujets qui reviennent régulièrement sous
la plume des gazetiers en mal d'inspiration, il y a celui,
inépuisable et rendu obscur, des « rapports entre la
politique et la poésie ». Il est clair qu'il n'y en a
pas... de clair.
(Entendu
à la radio, d'un poète-musicien africain anonyme :
« Un très vieux musicien cubain a dit : Avec la poésie,
on peut parler et influencer la politique. Mais avec la politique on
ne peut pas parler et influencer la poésie. »)
Comme toute création
artistique, la poésie est ailleurs et dans la vie. Sa beauté,
ses laideurs, ses souffrances, ses espérances... sa création. A
leur façon besogneuse, des politiciens peuvent prétendre que tel
est aussi leur objectif... de façon objective, réaliste, logique,
concrète, patiente, etc., avec nos voix électorales pour donner
« blanc seing » à leur sournois appétit de pouvoir.
La poésie est follement
subjective, impatiente, exigeante... Elle console aussi, et incite à
la révolte, souvent. A l'autonomie toujours.
Oui je sais. Depuis
toujours, certains poètes « font de la politique » et
d'autres « fuient la politique », deux erreurs qui
nuisent beaucoup à la qualité de leurs créations. Eugène
Guillevic le résume très bien : « je ne sais pas
écrire de poème directement politique et toute mon œuvre est
politique ». Oui, les poètes ont une dimension politique
diffuse dans leurs créations. Cela est à la fois explicite et
implicite
avec Pablo Neruda ou
Édouard Glissant, Paul Eluard ou Claude Roy, Federico Garcia Lorca,
Nazim Hikmet ou Mahmoud Darwich, Bob Dylan ou Léo Ferré et très
implicite avec la plupart des poètes dits à tort « non
politisés » comme Gérard de Nerval ou François Villon, Henri
Michaux ou Raymond Queneau, Fernando Pessoa et Serge Rezvani et tant
et tant d'autres, dont beaucoup de femmes comme Andrée Chedid,
Marina Tsvetaeva...
Et puis les poèmes et
les poètes plus ou moins célèbres, si nombreux soient-ils et
elles, ne sont que la pointe de l'iceberg émergé. Nous,
innombrables humains, sommes poètes, parfois révélés à nous-même
et aux proches, ne serait-ce qu'à aimer lire ou entendre – en
chanson ou pas – de la poésie. Si nous acceptons –
inconsciemment souvent – de réprimer en nous la force poétique
libertaire qui nous habite, il arrive le pire. La bêtise d'un
rationalisme absolu, d'une théologie absolue, d'un état dépressif
absolu, d'un cruel appétit de pouvoir absolu... Bref l'absolue
bêtise. Ce qui est rare mais très nocif pour tous, qui ignorons
souvent comme nommer ce souffle qui nous inspire inconsciemment :
la poésie.
La poésie habite
l'immense majorité des humains, de leurs actes, de leurs sourires,
de leurs cris, de leurs recherches de bonheur et d'amour. Des
romanciers comme Le Clézio, scientifiques comme Jacquard ou Reeves,
musiciens comme Ravel ou Charlie Parker, sculpteurs ou peintres comme
Giacometti ou Chagall, ouvriers ou paysannes comme X ou Y... toi ou
moi.
Car la poésie tient à
la peau, elle est la peau aussi. Le contenant et le contenu de la
vraie vie. Légère, savante et belle comme plume...
*
Je laisse en conclusion -
et transition à la partie suivante - la parole à René
Depestre, immense poète haïtien trop méconnu en France, que
Carl Sandburg commente ainsi : "La
poésie est le journal d'un animal marin qui vit sur terre et qui
voudrait voler."
.../..."
EMME
LINDIEN (extraits
de quelques lettres)
Fin
de la 1° LETTRE
(…)
C'était un oiseau - AIGLE, digne, libre, et, envolé. Me reste la
plume pour pouvoir le rejoindre et y naviguer ; le silence, à nous
deux, nous faisait de grands signes et nos yeux savaient parler ; le
seul ETRE qui m'ait fait tracer autant de lignes, inspiration fine
sans besoin d'efforts ou de vitamine C ! Un jour d'étoile, de lune
ou...mauvais signe, je le retrouverai car il n'aimait pas les
astres, il n'avait RIEN "DES ASTRES", DESASTRE … EXCES
TAIRA VIE SE VERSA ...
2°
LETTRE :
A
l'Indien ... ni loup, ni chien (peut-être ...RIEN de ce tout)
J'ai
écrit une lettre, j'en ai écrit plein. J'ai tracé des lignes parce
que je ne pouvais parler ; mes murs n'ont pas d'oreilles sinon ils
auraient bien compris, ils m'auraient consolée, conseillée,
recueillie, épaulée ; mes murs, au fond, ne sont que des murs sans
prétention.
J'ai
écrit des tas de lettres et je les ai brûlées, parce que tu ne
sais pas lire, tu ne sais pas entendre, tu ne sais pas voir, au fond
tu es une coquille fermée en train de refuser de vivre et d'aimer ;
Juste pour mieux te plaindre seul (comme moi) une fois que tu es
rentré et attendre de tes murs qu'ils te réchauffent mais rien ne
reviendra. Si c'était le cas, je le saurai. Ce n'est que du tronqué,
trompe l’œil et très limité ; ce décor encore évaporé, tu te
laisses glisser par paresse... Je connais ces heures, où tout est si
facile, chaque seconde est domptée, rien n'est bousculé ; rien
n'est à l'aventure, si ce n'est que quelqu'un qui viendrait frapper
à ta porte... mais tu n'as pas envie d’être dérangé dans ton
malaise habituel, et tu t'en vas faire semblant de sommeiller, ou la
sourde oreille qui n'a pas entendu frapper à ta porte... Elle ne
reviendra pas frapper à ta porte une seconde fois, celle-là qui
avait osé déranger ton désordre... C'était juste pour te
réchauffer quelques instants, afin de te comprendre, d'écouter ton
silence et ne rien dire, surtout, mais apprécier !
L'ambiance
était glacée, déserte, un peu sauvage, on ne savait pas comment
croiser les pieds, on ne savait pas comment aller de l'avant ou de
côté, on ne savait plus si on était vivant ou mort-nés, on ne
savait plus si on était de ce temps ou du passé sans condition,
sans si, sans mais, avec plein de précautions par crainte d’abîmer
ce décor givré plein de mensonges, de misère, de saletés, par
crainte de dépoussiérer cette palette sans couleurs.
C'était
même pas gris, c'était pas si sombre, mais très voilé, plein de
lourdeur, plein de sensibilité, de pudeur, de regrets, d'immensité
; terrain vierge à cultiver à condition de pouvoir y poser le pied
! Terrain miné à chacune de ses entrées, défense d'entrer ! La
porte est là...Juste à côté.
Épuisante
réalité, pleine d'appels, pleine de refus, propriété privée !
Quel
était donc le piège dans lequel j'étais tombée ?
Un
arbre en fleurs en plein ciel noir, sans liberté.
Quelle
était donc cette prison dans laquelle il était enfermé ?
La
vie ne coule jamais à moitié, elle trace ses veines et en plein.
Source de veines ou de pas de veines, inspiration première : LA VIE
premier souffle, dernier cri entre tout où...on souffle, on écrit...
A qui ? à qui lira ... La réponse est là !
J'ai
écrit des lettres, mais... c'est un Indien ni loup ni chien Il
ne sait pas lire, m'écouter, ni regarder, c'est une coquille fermée,
qui a autre chose à faire pour essayer de s 'oublier.
EXCES TAIRA VIE
SE VERSA ...
3°
LETTRE :
A
l'INDIEN ... ni loup, ni chien !
On
restera chacun dans nos silences, chacun dans nos refuges pour
humains :
Moi,
dans mon encrier, le mal bien enfoncé, et toi dans ta fumette chaque
soir pour essayer de t'oublier, tout oublier, le présent et le
passé. Nous rentrerons chacun de nos côtés, dans nos quotidiens
tout mal formés, à essayer de contrôler pour ne pas dérailler le
soir, avant de se coucher...
Tout
oublier ! Le présent, l'avenir et le passé. Tout un abstrait dans
un trop conditionné, avec la peur en prime pour ne pas se laisser
aller.
Je
ferai, un jour, un saut à l'élastique, le dernier, du haut d'un
pont je me jetterai, mais comme j'ai peur du vide, par le cou je me
retiendrai, et je n'aurai plus jamais peur de RIEN de ce tout ! Ni
peur du vide, ni même de l'absolu, ce néant. Qui nous fait des
pieds de nez à nous en faire mal au bide. Nous resterons dans nos
silences, dans nos secrets, bien coincés, chacun de nos côtés,
dans tous nos vents, le nez glacé, à attendre. Que passe le mauvais
temps.
Je
commençai à te connaître lorsque tu l'as compris. Je commençai à
te transmettre lorsque tu l'as très mal pris. J'ai eu de la peine,
du chagrin, brin de laine, loin de la haine je resterai. J'ai fait un
nœud dans cette soirée, je crois que je m'en souviendrais. Par
besoin d' AMOUR, par besoin d' AIMER, par besoin, et comment
l'expliquer ? Je me suis laissé aller, quelle négligence !
Petite
fille, vieille femme pauvrette, femme esseulée... comment décrire
ce que je suis restée ? Aucune importance, à quoi bon y traîner !
AIMER ... On ne peut pas expliquer ! C'est le contraire de : AIMER
-pas !. Qu'on n'explique (non plus) (pas). Peut-être, à des moments
précis, on ressent des ondes qui nous sont VERNIES, garnies de sève
croissante où on aime se baigner. Il suffit d'une ombre de regard
pour tout déclencher, un geste même brusque, même lent, même
semblant d'exister et tout devient si VRAI.
Il
était une fois...un début d'histoire. Qui n'a pas vu la suite.
Cette suite est morte un soir de fausses vérités. Juste à l'aube
où L'AMOUR Grand y posait le pied. Il y faisait trop froid... pour
s' y attarder.
Tu
ressemblais à un congélateur en plein mois de février. Je
ressemblais à un chagrin très mal contrôlé. A nous deux, nous
devions être une pierre tombale sans trop nous forcer : L'AMOUR MORT
est né !
C'est
facile de laisser les gens y tomber, sans être assez courageux pour
leur dire (avant qu'ils s'y noient !) : "Attention, tu ne sais
pas nager et je n'ai pas envie de plonger pour t'y sauver".
Salut
l'INDIEN !
EXCES TAIRA VIE
SE VERSA ...
Fin
de la DERNIERE
LETTRE :
(…)
Chacun a peur de laisser une miette et cache à tous va sa véritable
personnalité ; masque, visage truqué, costume de toutes variétés
Je
te trouverai bien un jour sous un voile de lune où tu ne pourras te
cacher !
Si
j'étais un Homme... jamais je n'oserai me planquer. J'ai aimé un
homme qui...les lunettes noires détestait ; il est sur son île de
bois de roses quelque part où...plus tard...Si je ne vais pas le
retrouver, jamais plus je ne le trouverai.
EXCES
TAIRA. VIE SE VERSA. "
-Sous
la clef le paillasson-
"Pars ce soir, dans
la nuit délicate maure
Dans la nuit de
gidouille, de fracangle et d'acier.
Pars,
tu dormiras quand tu
pourras,
tête nue au creux
strident
de ton futur de
bombes et de plumages.
Fonce ce soir dans
les cirques sabres tirés
dans les cirques
implacables de ton futur à faire
Dans les cirques
cercles tambours,
rotors surbrassant,
triplequadruple tendres.
Pars,
tes cheveux dressés
sur ta tête,
très hauts et
légers et flumineux transaigus,
tes cheveux
oriflagues flottant-claque sur ta tête.
Tes cheveux soulevés
plumivagues.
Tes cheveux levés
millemouille
dans le souffle
torrentiel de ton bide ventrevent.
Nage,
nage dans cette
nuit,
à pleine embrasse,
à plein gorge, à pètemuscle,
à cœur craqué, à
cœur surcognant
et
contrecontreboumboumant.
Secoue tes prunes,
fais grésiller
minium les groseilles si bleues
de ta nuque à
l'amarre.
Ta mémoire future,
tes souvenavenirs
seront coulés
bientôt dans des moules aussi durs
que le plein midi du
jour,
aussi feux que tu
l'espères
dans le silence
assoiffé de tes paupières.
Soubressaut frontal
de ton crâne-spéléo.
Il faut encore
tenter de vivre.
L'espoir est
habitable."
-Jean Firmann-
CLOWN
"Un
jour.
Un
jour, bientôt peut-être.
Un
jour, j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers.
Avec
la sorte de courage qu’il faut pour être rien et moins que rien,
Je
lâcherai ce qui me paraissait indissolublement proche.
Je
le trancherai, je le renverserai, je le romprai, je le ferai
dégringoler.
D’un
coup dégorgeant ma misérable pudeur, mes misérables combinaisons
« de fil en aiguille ».
Vidé
de l’abcès d’être quelqu’un, je boirai à nouveau l’espace
nourricier.
A
coups de ridicules, de déchéances (qu’est-ce que la déchéance
?), par éclatement, par vide, par une totale
dissipation-dérision-purgation, j’expulserai de moi la forme qu’on
croyait si bien attachée, composée, coordonnée, assortie à mon
entourage et à mes semblables, si dignes mes semblables.
Réduit
à une humilité de catastrophe, à un nivellement parfait comme
après une intense trouille.
Ramené
au-dessus de toute mesure à mon rang réel, au rang infime que je ne
sais quelle idée-ambition m’avait fait déserter.
Anéanti
quant à la hauteur, quant à l’estime.
Perdu
en un endroit lointain (ou même pas), sans nom, sans identité.
CLOWN,
abattant dans la risée, dans l’esclaffement, dans le grotesque, le
sens que contre toute lumière je m’étais fait de mon importance,
Je
plongerai.
Sans
bourse dans l’infini-esprit sous-jacent ouvert à tous
ouvert
moi-même à une nouvelle et incroyable rosée
à
force d’être nul
et
ras...
et
risible..."
-Henri Michaux-
Naguère
et Dorénavant...
"Les compères Naguère et
Dorénavant sont sur le beau bateau de Présent et rament. Non,
personne ne tombe à l'eau :
Le bateau s'appelle
Avenir de la Poésie et navigue, inchavirable.
Comme compère Léo
Ferré, pourtant mort il y a 20 ans, naguère. Et dorénavant
indestructible.
Comme, comme...
l'interminable liste de qui vous voudrez, mondialement connu ou connu
de vous seul...
Mais moi j'ai un ami,
quasi-mort depuis pas mal de lurettes et qui, toujours debout, tronc
creux, a encore des signes de vie, éparses çà et là : c'est
un gros chêne qui a poussé dans un ancien pigeonnier en ruines,
là-bas, dans une clairière de la forêt bretonne.
J'ai eu naguère, du
temps que j'étais charpentier et sans toit, projet d'y établir
domicile, en aménageant planchers et toit entre les ruines du mur
circulaire et le tronc toujours solide du chêne mort... mais dont
quelques hautes branches bruissent de vertes feuilles !
Je me suis contenté d'y
passer quelques nuits avec mon nid-duvet : Mon projet ne s'est
pas fait, hélas, et... tant mieux pour les habitats de chouettes, de
pigeons (… sauvages), de p'tits piafs, etc. !
Mais le chêne est resté
mon ami et je lui dédie ce peau-aime :
Arbre
ou humain...
Vivre, arbre ou humain,
c'est pareil,
kif-kif ou cui-cui comme
« cui-cui fit l'oiseau ».
D'abord le fécond ventre
Gaïa,
les racines, la fragile
jeunesse, la croissance...
puis la mort, nourricière
d'autres vies - d'oiseaux... -
sous le vent, la pluie,
la lumière,
arbre parmi les arbres,
leurs oiseaux et insectes nicheurs, le beau voisinage ami...
moi, homme parmi les
hommes, pareil à l'arbre, l'oiseau, l'insecte.
Vivre, c'est se fortifier
de luttes et de repos, c'est souffrir, rire, grandir fort...ensemble.
C'est arriver peut-être
à la cime de la canopée et à la cime de la lucidité.
Grand frère-arbre de
silence et d'inimitable bonté et beauté...
Petit frère-humain de
bavardage et de courage, capable du meilleur et du pire...
Vivre c'est grimper à
l'arbre et c'est tomber de haut.
D'un coup de vieux ou de
foudre ou de hache
Ayant laissé quelque
chose d'indispensable au futur,
Trace d'avenir... De
l'arbre, de l'oiseau, de l'insecte, de l'humain...
.../..."
"La vie c’est ce
qui arrive lorsque vous êtes en train de faire autre chose
j’entends cela de la voix fêlée de l’ami Jacques Higelin, à
la radio, alors que je crois faire autre chose… d’important. Qui
se révèle soudain simple coquecigrue, baliverne.
Jacques Higelin est un
ami, il ne le sait pas, nous ne nous sommes jamais vus. Mais ce n’est
pas important. L’important c’est la rose, chante
Gilbert Bécaud. Bon, ce n’est qu’un beau mot, sans importance…,
notion bien subjective…
Comme vous, je me soucie
d’avenir. Moins du mien, désormais, du haut de mes 70 berges (75
désormais), que de celui de mes descendants, au sens strict et
au sens large. Au sens du legs, si lourd, dramatique, que nous
laissons à l’humanité future… après avoir hérité d’un
legs, déjà si lourd et dramatique, de nos aïeux...
Aïe, mes aïeux ! ?
… Où va-t-on ? Rassurez-vous, Mathusalem je m’en fous…
L’important c’est le présent. Entre passé et présent, ‘comme
dit l’autre’. C’est ce qui arrive, c’est la vie, la vraie,
lorsque vous êtes en train de faire autre chose que vous avez cru
important – pour paraphraser Jacques Higelin. Mais cet instant
présent a forcément racine dans le passé et prolongement dans le
futur, comme dirait n’importe quel philosophe du ‘Café du
Commerce’ ou du ‘Collège de France’.
La poésie a toujours été
pour moi – d’abord inconsciemment – le guide de ma vie. Dans le
sens le plus large, celui de la réceptivité, de l’étonnement, de
l’accueil de l’imprévu, de ce qui arrive lorsque vous êtes
en train de faire autre chose, etc. Et dans le sens strict, celui
d’un langage ‘transversal’, travaillé mais resté vif, qui se
reçoit et qui se donne, gratuitement, en beauté, comme une
rose…importante…
La chanson a toujours été
liée à la poésie. Lorsqu’elles s’éloignent l’une de
l’autre, cela donne de fades chansons ou d’illisibles poèmes.
Les mots chantent. Avec beaucoup de subtilités savantes ou de naïves
manières, selon. En toute langue. Et en toute harmonie et tout
rythme, la musique exprime – avec ou sans mots – bien des
émotions aussi fortes qu’un poème : Une symphonie de
Beethoven ou une envolée des Pink Floyd, c’est de la poésie !
Tout comme certaines photos et autres œuvres plastiques ! …
Et tout comme la révolte de la jeunesse grecque !
.../... "
PARLE,
VENT !
"PAREVENT
est le nom d'un minuscule lieu-dit sis vers le centre de Belle-Île,
l'île si bien nommée. A Parlevent ou ne voit pas la mer, pourtant
toute proche, tout autour. On l'entend.
On
entend les vents de mer, ces vents bavards, tantôt sinistres et
tantôt gais, confidents ou violents : Des vents
qui
parlent,
gueulent,
susurrent
ou chantent ou
hurlent,
selon...
Un
jour les gens du lieu ont inventé ce nom –
Parlevent
Fallait
l'faire.
Le
vent, lui, parle tous les jours. Faut savoir l'écouter.
Il
est
tour à tour plus
bavard, confident, amical, sauvage et important que la plupart de nos
parlottes d'entre humains, censées être utiles à quelque but.
Le
vent n'a d'autre but
Que
de renverser quelques ardoises et tuiles
Que
de porter de bien beaux oiseaux bien haut
Que
de disperser quelques graines de vie,
Quelques
nuages de pluie
Plus
quelques odeurs de plaisir ou de merde... ainsi que nos parlottes ?
Et
cette mer sublime
Toute
autour – invisible ! - de Parlevent
C'est
comme
le bon-peuple qui
entoure les bavardages vains
De
bien-beaux
« Parlements »... : Parle-Ment..."
"A force de n'être
ni marin, ni
aviateur ni rien
Il s'essaya se cru
se cuit se fit artiste
A force de n'être
ni peintre ni sculpteur
ni comédien ni
musicien ni poète ni rien
Il s'essaya se cru
se cuit se fit papa
cuisinier-photographe-ouvrier-journaliste-
journalier-militant-amant-alcoolique-inquiet
A force de
s'essayer, d'être cru, d'être cuit
A force de se faire,
de se faire-faire
Il se défit des
féeries et des enfants qu'il fit
des photos, des
faciles fantasmes, des folies,
des peaux, des
oripeaux, des peurs, des pleurs,
des odeurs, des
couleurs, des airs, des éthers :
La mer enfin l'a
englouti...
et n'en a pas voulu
car il tomba dans un
Trois-Mâts coulé qu'on renflouait !"
Textes: Rémi Begouen
sauf (contre) ondications
Très surpris et heureux d'envahir - tant-soudain ! - tes aencres feriles !
RépondreSupprimerMerci Jean-Jacques, y compris de ton choix singulier et de tes singulières photos, en parfait contre-champ !... si ce n'est la première, la mienne!
Avec ta permission, je communique à tes lecteurs mon adresse e-mail : je peux leur envoyer le document complet. Et/ou le petit recueil papier, si adresse postale et quelques timbres verts...
Bon vent !
oubli !
RépondreSupprimerremi.begouen@free.fr
Existerait-il alors de prolifiques invasions?
RépondreSupprimer:-)
Pour les "soucis" d'intendance, pani-problem Rémi, mon champ des possibles t'es ouvert.
Belle nazairienne journée