Lydie et Pierrick proposent:
"Je travaille depuis plus de trente ans dans les jardins du château de Versailles. Je les connais parfaitement et je prends plaisir, lorsque les grilles se sont refermées sur le dernier visiteur, à observer dans le moindre détail les sculptures qui ornent le domaine. Je sais mieux que personne (prétentieux n.d.c.) que ce parc abrite des êtres fabuleux. On peut y voir des chevaux fous, des Vénus pudiques, des Diane chasseresses, des tritons, des centaures, des dragons, des sphinx et des sphinges, des empereurs romains et des dieux grecs, des satyres, des nymphes alanguies, et même des grenouilles géantes.
Tous ces personnages fantasmatiques semblent s'être donné rendez-vous à Versailles.
En fait, je n'ai jamais connu le bonheur de voir, ne serait-ce que furtivement des nains de jardin. il m'a fallu de la persévérance et beaucoup de recherches pour appréhender la raison de leur absence;
Sous Louis XIV, ils vivaient encore dans les profondeurs des volcans et les hommes de la civilisation ignoraient jusqu'à leur existence.
Ils ne se décident à émerger au grand jour qu'au XXe siècle. C'est pour cela que les "vrais" nains de jardin possèdent toujours ( c'est d'ailleurs à ces détails qu'il est possible de les identifier avec certitude), une pioche pour creuser et une lanterne pour s'éclairer. il y a longtemps, pour des raisons toujours inexpliquées, les nains de jardin sont sortis des profondeurs; Après avoir longuement erré à travers champs et bois, ils découvrent les jardins du château de Weikersheim en Bavière. ils apprécient l'endroit et décident de s'y installer
Le propriétaire des lieux se prend de sympathie pour eux et les accueille chaleureusement. Il est heureux d'avoir de nouveaux amis et convie le village tout entier à les rencontrer. Les curieux se précipitent par dizaines puis par milliers.
Dérangés par cet engouement, les petits bonhommes choisissent de ne plus se montrer et quittent Weikersheim.
Pour conserver la mémoire de cette rencontre pour le moins étonnante, le maître des lieux demande à des artistes d'immortaliser ces drôles de lutins des abysses. Les nains ornent depuis les tableaux de la propriété et sont sculptés dans les murs, balustres et corniches, des reproductions grandeur nature sont disposées sur les pelouses. Conscient de l'intérêt croissant du public, et pour en tirer quelque avantage, le propriétaire propose à la vente ds nains de jardin en terre émaillée. Le succès est immédiat. En 1872, August Heissner, industriel allemand, fonde une manufacture de nains en céramique. L'entreprise, qui existe toujours, expédie ses modèles dans le monde entier. Ils envahissent les jardins d'Amérique du Sud, d'Afrique du Sud, de Corée, de Grande-Bretagne et en Allemagne, où plus d'une propriété sur deux abrite encore les délicieux personnages.
En France, les nains, fort nombreux, sont menacés par une terrible organisation terroriste, le Front de libération des nains de jardin. Le FLNJ les kidnappe afin de les relâcher dans la forêt. Ces bandits incultes confondent les nains de jardin avec les elfes, les lutins, korrigans, et farfadets qui apprécient les collines ou les landes, les bois ou les forêts.
Les nains, comme les gnomes, les gobelins et les trolls, sont les habitants du sous-sol. Les libérer sous la frondaison des vieux chênes n'a donc aucun sens.
Le nain de jardin est une créature espiègle capable de jouer bien des tours. Dans le nord de la France , un boulanger vit son compagnon de porcelaine disparaître soudainement et pensa ne plus jamais le revoir. Pourtant, quelle ne fut pas sa surprise de recevoir pour les fêtes de fin d'année une carte postale en provenance du Canada accompagnée d'une photo de son cher fugueur, posant fièrement dans une rue de Montréal. Aussi, durant plusieurs année, régulièrement l'artisan reçut des photos du monde entier du globe-trotter. Et un matin, alors qu'il ne l'attendait plus, le nain de jardin était là, sur la pelouse, à l'emplacement exact qu'il occupait la veille de sa disparition.
Mais revenons à Louis XIV et ses jardins. Je rêverais d'installer à l'Etoile royale, à l'extrémité et au centre de la perspective, un gigantesque nain de jardin. Un vrai de vrai, avec une pioche ou une lanterne, un bonnet rouge lui couvrant la tête et une barbe blanche. J'aimerais un "nain géant" visible de partout, des fenêtres du palais, des bosquets. Je rêverais d'installer un monstre de porcelaine ou de faïence, à faire hurler les puristes."
-Extrait du "Dictionnaire amoureux des jardins" de Alain Baraton-Editions Plon
Photo Patrick Lecouffe
photo Patrick Lecouffe
sale semaine, Moustaki qui nous lâche...." il y avait un jardin qu'on appelait la Terre"....hélas, pauvre jardin.... :(
RépondreSupprimerRaison de plus de prendre soin des fleurs qui y restent et même tiens, d'en semer d'autres...
RépondreSupprimerBon dimanche Soeur Anne.