-source:Toile-
"La chanson s'appelle peut-être Nobody wanna see us together. A moins qu'il ne s'agisse d'un titre plus court, moins explicite. en tout cas, dans le refrain, le dénommé Akon dit: Nobody wanna see us together /But it don't matter no / I got you babe. Le reste des paroles, je ne sais pas. Je n'ai jamais cherché à en retenir davantage. La première fois que j'ai vu Clément écouter le morceau, dans la voiture, ça ne m'intéressait pas. Je n'appréciais pas le Rn'B glucose, où les types jouent les coeurs brisés en marcels moulants et pantalons de lin blanc. Cela m'avait surpris, d'ailleurs, que Clément me demande de lu prêter mon ordinateur portable pour intégrer la chanson à son iPod. avant que ses camarades de classe ne le convertissent au rap français, que je déteste peut-être encore davantage que le R'n'B chewing-gum au kilomètre, avant que ses condisciples blacks et arabes de cinquième B ne lui fassent plus jurer que par booba, Rohff, Sfyu, sinik, MC Jean Gabin ou Kery James, j'avais eu la naïveté de croire qu'il aimerait pour toujours ce que, moi, je lui faisais écouter et qu'il me disait (tout au moins jusqu'à son entrée au collège) aimer aussi, au point de me demander régulièrement d'en remplir son iPod: les Beach Boys, David Bowie, les Stones et Nick Cave, bref, toutes ces vieilleries trop sages qu'on ne peut raisonnablement aimer à douze ans que pour faire plaisir à son papa. Lequel, parce qu'il ne s'agit ni de Bach, ni de Brassens, ni d'une quelconque autre vieillerie avérée, s'imagine qu'à écouter cela à plein tube dans l'autoradio de sa 206 déclassées, sur le périphérique, son garçon le considèrera jeune pour toujours.
Je me demande comment j'ai pu être assez naïf, mais surtout assez idiot, pour prendre la mouche face à ce brutal changement d'orientation musicale de Clément. Comment j'ai pu oublier qu'il entrait en adolescence et me vexer, jusqu'à éprouver le besoin de singer méchamment devant lui, pour tenter de l'en écoeurer, tous ces rappeurs racailleux qui aujourd'hui, même si je n'apprécie pas davantage leur musique, me bouleversent rien qu'à l'évocation de leur nom. Car, désormais, je suis susceptible de fondre en larmes à la seule vue d'une casquette de base-ball New Era et son autocollant doré 59Fifty, d'une cahîne en argent massif reposant sur des pectoraux gonflés, d'un jean baggy porté trop bas et d'un maillot XXL de basket-ball, tous ces grimages hip-hop pour lesquels je serais prêt à donner ma santé, mes deux bras et mes deux jambes, pour lesquels je serais prêt à endurer les tortures les plus barbares afin de faire revenir Clément et le voir s'en parer aussi, comme ses camarades.../..."
-extrait de "Tu verras" de Nicolas Fargues-
pas l'air gai, ce bouquin....
RépondreSupprimerc'est le moins que l'on puisse dire ... le monsieur en question il a perdu son gamin...
Supprimerc'est un de mes livres de chevet du moment, une belle plume je trouve
on y trouve par exemple des choses du genre:"aimer son enfant est-ce en aimer un autre que soi ou bien continuer de s'aimer soi-même, mais sans s'accabler de la mauvaise conscience d'être égoïste? Peut-on vraiment parler de sens du sacrifice et de générosité lorsqu'il s'agit de donner aux siens?"
voilà vous avez deux heures et je ramasse les copies à la fin du cours
;-)
Des gens dans des cubes, empilés sur des cubes, le tout jusqu'au ciel, un ciel d'éoliennes, tombant le sol, un sol sans arbres, ensuite du fumier, sur le fumier une fleur, la plus belle des fleurs, un simple souvenir, un mauvais souvenir, mais enfin le vent, et quelques orages, puis enfin les arbres, et nous voici là.
RépondreSupprimer"petites boites très étroites"...
Supprimer-Joli raccourci de la vie Monsieur le Marquis, votre plume est toujours aussi décalée , poétique et impertinente;
merci
:-)
Comme il résonne ce texte !
RépondreSupprimermerci Jean-Jacques
Belle fin de semaine à toi
"résonne"
RépondreSupprimerle mot est pertinemment bien choisi...
bon week-end à toi Françoise