C'était chaque année la même histoire, comme une impression d'avoir enclenché sans le vouloir le pilotage automatique. Comme si son système immunitaire conscient des risques à prendre, préférait économiser l'énergie en le mettant -en quelque sorte- en veille ou alors pour reprendre une métaphore de son temps, en partitionnant son disque dur pour le protéger des attaques extérieures.
Selon son biographe attitré s'il en avait eu un, mais tout au moins d'après sa fiche de traçabilité , il aurait dû pourtant profiter avec un plaisir exonéré de remords de cette rencontre particulière de l'année en contrée pacifiée où l'on se devait de célébrer la conception individuelle et tout à fait relative du beau, du bon et de sa famille épanouie.
Ni les pouvoirs publics, ni l'entreprise privée, ne lésinaient leur temps et leurs presque moyens adaptés bien entendu aux circonstances économiques, pour faire en sorte que l'individu nageant dans leurs eaux soit en mesure de se mettre dans un état mental tout à fait propice à une certaine béatitude lui permettant ainsi de prendre du plaisir à dépenser sans trop raison gardée, au milieu d'une foule de
semblables tout aussi affamés. Les plus récalcitrants n'agissant que par obligation mais toujours présents.
Comme un devoir d'humanité sur sa fin de l'année. Comme un arrière goût de suppositoire avant de fermer la porte et d'en ouvrir une autre sur un vigoureux: "T'inquiète petit, fera jour demain."
source:.Serge
Il avait ressorti du grenier et de son carton tout du long poussiéreux , un sapin inoxydable ou presque, en tout cas qui ferait bien encore l'affaire cette année. Les guirlandes rangées dans leur pochon piaffaient d'impatience à l'idée de pouvoir enfin quelques semaines crécher aux exhibitionnistes patentés. Chacun mettait du coeur à l'ouvrage pour être dans l'ambiance et en bon soldat lui aussi, il remplissait sa part d'utile.
Mais cela ne l'empêchait pourtant pas d'être ailleurs.
Seulement où?
A la question, il ne savait répondre.Parce qu'il n'avait pas de mots pour l'expliquer,
ou alors toujours les mêmes liés à la saison, la conjoncture et ses effets secondaires...
Mais au fond,
tout au fond...
Là où les mots n'ont plus d'importance, il se prenait un air de trouble-fête, embarqué dans une aventure qui n'en était plus une depuis qu'il avait rempli son constat d'enfance.
C'était devenu un rituel pour renacler les saisons, une glace sans fond de teint,
une raison comme une autre
et l'envers du doute.
Toutes les conditions étant sans doute réunies , comme pour répondre à une quelconque exigence soudainement impérieuse, il découpa le journal municipal et son Père Noël de l'estuaire qui annonçait la bonne parole locale,
et renouant ainsi , avec de vieilles coutumes il laissa filer le courant en pensant qu'il ferait bien assez tard pour essayer de le rattraper.source: Toile
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