samedi 30 avril 2011

NOUS qui désirons sans fin



".../...Des suggestions, issues d'un passé récent et subversif, surgissent de l'intolérable résignation à laquelle ont succombé ceux qui, pour un salaire ou une rétribution, acceptent n'importe quel emploi: occuper les usines qu'une rentabilité escroquée par les actionnaires menace de fermeture, assurer leur contrôle et leur activiter sans se soucier des normes de compétition bureaucratiquement manipulées, les reconvertir s'il le faut et produire des biens de qualité utiles à la région où elles sont implnatées, rechercher dans les intérêts locaux cette assise qu'une conscience internationale consolidera partout où la lutte en faveur du milieu naturel dénonce le pouvoir de la corruption.


De telles recommandations ont le mérite de renouer avec une radicalité inaccomplie par le passé et d'en représenter le dépassement avec toutes les ressources indispensables pour l'accomplir. Chaque fois que le mépris de la vie a été poussé trop avant, il en est sorti, comme du fond de l'humanité opprimée, ou la rage de se détruire d'un seul coup ou la volonté de s'affranchir en la régénérant.
Nous ne délaissons pas un système d'exploitation qui a déterminé notre histoire jusque dans ses plus grands bouleversements pour nous obnubiler de leçons dont nous dispense l'apprentissage d'une époque où nous gouvernerons nos destinées.



Qu'on ne l'oublie pas: ce qui prête de la pertinence au vieux projet d'appropriation collective des moyens de production tient surtout au parasitisme d'une économie qui les galvaude et lâche la proie du dynamisme industriel pour l'ombre d'un profit à court terme.
Le prétexte de combattre la récession et la régression sociale ne renverra pas à l'usine et au travail ceux qui, plus que jamais, aspirent à s'y échapper. Les progrès d'une technique automatisant les tâches condamnent à la misère et au chômage des hommes et des femmes à qui il suffirait de s'en emparer pour s'épargner l'abrutissement et la fatigue, conquérir le loisir de se consacrer à eux-mêmes et s'adonner à cette absolue priorité de l'existence, qui est de créer des conditions favorables à son épanouissement.

Aucun travail ne vaut la création d'un monde qui nous en débarrassera.  .../..."



extrait de: "Nous qui désirons sans fin" de  Raoul Vaneigem. Editions: Le cherche midi-



3 commentaires:

  1. Si les levers tardifs sont des actes politiques, on est sur la bonne voie (rire)

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  2. Ah ! celui-là, je le lirais volontiers.

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  3. heu en ce qui me concerne je rajouterais alors le coucher tôt même si c'est moins subversif à priori...parce que la grasse matinée c'est lorsque je me lève à 8h...
    mais bon je me sens politiquement tout à fait solidaire des dormeurs du matin
    ;-)

    Vaneigem c'est toujours intéressant à relire même si parfois le monsieur est légèrement fumeux
    autre grand classique: "le traité de savoir vivre à l'usage des jeunes générations"

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