mercredi 27 avril 2011
ça aurait pu être le paradis
ç'aurait pu être le paradis.
"Ma maison est petite et se trouve à deux pas de la plage. De grands portes-fenêtres donnent sur l'eau. Il fait très clair à l'intérieur. Le sol est fait de vieilles planches de pin larges et usées, séparées par de profondes rainures où s'amasse la poussière de plusieurs décennies.
L'équipement original de la cuisine qui date des années cinquante, un buffet en Formica bleu, a été complété par des objets blancs plus modernes. La chambre surplombe les rochers et, même quand je suis allongée sur mon lit beaucoup trop large pour moi, je peux voir la mer à travers la porte-fenêtre.
La salle de bains et les toilettes se situent dans un bâtiment à part; dans ce qui était autrefois un petit appentis. Il me faut sortir par la porte d'entrée et traverser les buissons de rosiers pour m'y rendre.
Un carré de verdure s'étale entre deux maisons. Ce qui est en réalité une jungle de hautes herbes qui ne prête guère aux activités traditionnelles d'une pelouse. Au lieu de ça, j'ai creusé deux petits sentiers à travers cette végétation sauvage: l'un mène vers la vieille passerelle d'embarquement branlante et l'autre vers les rochers.
Sur la plage, les sedum aux pétales rouges se mêlent à la bruyère et au thym Quelques menus pins de montagne courbés par le vent forment une bordure vers les grands rochers avant de céder la place à la forêt et au terrain vague. Je n'habite qu'à une heure de Stockholm, cde qui n'empêche pas que la maison la plus proche se trouve à un kilomètre d'ici.
C'était l'idée de Stefan de venir s'installer ici, à la spartiate et près de la nature, dans un endroit propice à la plongée. A l'époque, ça paraissait alléchant. A l'époque.Aucun rêve ne me semblait trop naïf, aucune idée trop loufoque. Maintenant, je n'en suis plus aussi sure. Vivant seule, une passivité bizarre a pris le dessus dans ma vie; changer une ampoule est devenu un grand projet, repeindre la remise semble un dessein inaccessible, trop énorme pour que je puisse l'entreprendre. Déménager est hors de question. Je ne saurais pas par quel bout commencer.
Mes amis me regardent toujours avec un mélange de pitié et d'horreur quand ils me rendent visite. Ils pensent que je devrais jeter les affaires de Stefan: son rasoir dans la salle de bains, son équipement de plongée dans la remise, ses vêtements dans l'armoire, sa montre sur le chevet que j'embrasse la nuit quand quand il me manque trop.
"Tu ne peux pas vivre dans un mausolée" dit souvent Aina en passant une main dans mes cheveux courts.
Elle a raison, bien sûr. Je devrais me débarrasser des affaires de Stefan. Je devrais faire table rase de Stefan.
"Tu travailles beaucoup trop, ajoute-t-elle d'habitude en soupirant. allez, ce week-end, on sort toutes les deux."
Je décline toujours. Prétextant les travaux dans la maison et les nombreux rapports que je dois écrire. Les papiers dont il faut faire le tri. Aima réagit toujours en souriant comme si elle savait que je mens, ce que je fais bien évidemment. .../..."
-extrait de: "ça aurait pu être le paradis"- un roman de Camilla Grebe et Asa Träff- traduit du suédois par Marx Stadler et Lucile Clauss.-Editions du Rocher/ Le Serpent à Plumes-
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Pas sûre d'avoir envie de le lire - j'y sens une ambiance pesante, qui ne me ferait pas de bien.
RépondreSupprimerl'ambiance est effectivement un peu disons...particulière, mais en tout ca tout cela est bien mené décidément le polar nordique nous réserve de bien belles surprises
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