"Est-ce ma faute si, alors que je faisais paître la vache, je me suis mis à regarder le ciel du jour, puis de la nuit, ce qui a semé en moi le concept de l'infini, de l'éternité, de l'Inconnu.
Est-ce ma faute si j'ai choisi d'être orphelin. Est-ce ma faute si j'ai voulu porter tous les malheurs qui ne courent pas les rues mais arrivent à tout le monde. Est-ce ma faute si j'ai voulu vaincre le mal.
Est-ce ma faute si pendant ces avant-derniers jours, je voulais même sauver tous les êtres humains.
Est-il anormal, maladif de désirer le bonheur des hommes, le bonheur de tous, bien sûr, sans exception; est-ce que tous pourraient être heureux en sachant, en étant conscients qu'il y a dans le monde ne fût-ce qu'un seul être malheureux. Est-ce possible, si l'on va dans ce sens-là, de ne pas aller jusqu'au bout, de s'arrêter à mi-chemin.
Est-ce qu'il est possible, dans ce sens-là, de garder la mesure et de respecter cette norme d'or. Est-ce qu'on peut ne pas entourer d'un bras d'amour, est-ce qu'on peut rester indifférent ne fût-ce qu'à un seul homme. Peut-il y avoir des élus et des non-élus, dans l'ordre du monde.
Si oui, on ne peut pas parler d'ordre."Edward Stachura-"Me résigner au monde" traduction: Laurence Dyèvre-Editions Solin-
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire