dimanche 21 novembre 2010
pour écrire un seul vers
"Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d'hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment voient les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s'ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l'on voyait longtemps approcher, à des jours d'enfance dont le mystère n'est pas encore éclairci (...), à des matins au bord de la mer, à la mer elle même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles,- et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela, il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d'amour dont aucune ne ressemblait à l'autre (...). Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d'avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d'attendre qu'ils reviennent. Car les souvenirs eux-mêmes ne sont pas encore cela. Ce n'est que lorsqu'ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu'ils n'ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n'est qu'alors qu'il peut arriver qu'en une heure très rare, du milieu d'eux, se lève le premier mot d'un vers."
"Pour écrire un seul vers..."-Rainer-Maria Rilke-
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Oui ! bien sûr que oui ! splendide, l'image d'illustration.....
RépondreSupprimerBonsoir J Jacques,
RépondreSupprimer"de beaucoup de nuits d'amour dont aucune ne ressemblait à l'autre (...). Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups " etc.. si j'ose dire, rilke magnifique vers de Rilke , le vers est toujours le dernier, le seul à retenir.
merci pour cette belle page, et bonne soirée.Marie
Marie.
Cet extrait des "Cahiers..." est superbe, je ne m'en lasse pas, mais chaque fois que je lis, je me résigne à la prose, en évitant les vers !!! La photo, aussi, est magnifique, c'est presque MA Bretagne lointaine !
RépondreSupprimeril y a quelques années, une amie aujourd'hui envolée vers d'autres aventures spirituelles, m'offrit en "conclusion" de notre rencontre, "lettres à un jeune poète". Je ne connaissais pas Rainer Maria Rilke et ce fut une bien belle découverte qui me permit -peut-être- d'accepter un peu mieux l'absence...
RépondreSupprimerDu haut et du bas de mon lundi matin, je vous souhaite à toutes trois, ici et maintenant une douce semaine.
C'est fou ce que ces "Lettres..." ont pu être offertes, comme un message incontournable à ce qui n'a pas été ou ne sera pas..., qui sera peut-être un jour, ni trop tôt, ni trop tard... L'absence est une grande inspiratrice de la poésie, et la poésie est sa compagne idéale... Bonne semaine à toi, JJ, et encore merci pour nous avoir remis en mémoire cette belle page d'écriture, irrésistiblement envoûtante...
RépondreSupprimerQue maravilla de fotografía, y además con el texto del gran Rilke.
RépondreSupprimerMe encanta tu blog!!
muchas gracias Madison
RépondreSupprimertu blog también está lleno de sorpresas
buen día para