Elle s'était échoué là , au retour d'une grande marée. Elle n'avait pas pu finir sa route et c'est ainsi qu'elle avait été cruellement abandonnée par sa jumelle qui voulait continuer -en état Dame - à prendre son pied. C'était donc cela ,ce que les anciens appelaient:" la dure loi du Talon" ?
Elle avait attendu pendant des heures, et sous les moqueries des passants que quelqu'un veuille bien venir la chercher et l'emmène gentiment vers d'autres horizons car elle n'était pas habituée à se trouver de cette lanière sous les regards de tous et de chacun.
Pour tout dire elle était d'un genre plutôt timide et habituée à raser le sol.
Elle, qui avait glissé et tourné encore et encore sur des parquets vernis, fréquenté des casinos illuminés qui la mettait tellement en valeur sous les projecteurs, trainé sur des moquettes épaisses, dormi sur des tapis d'Orient... côtoyé les plus nobles cuirs , marché au couchant sur le pont des plus beaux" liner", croisé les grands de ce monde et vu de près tous leurs artifices, elle, fabriquée par un artisan aux mains si habiles et aujourd'hui ...lâchement plaquée, sur un coup de tête en plus , par sa propriétaire qui avait voulu faire sa belle, que dis-je sa gamine, sa maligne ... oui... sur le muret escaladant cette plage et... en la perdant en route. Mademoiselle avait continué de courir, comme si de rien était, en riant aux éclats jusqu'à s'engouffrer dans la belle automobile qui l'attendait, moteur paisible, juste à quelque pas .
Oh ce rire... heureux et insouciant , comme il résonnait encore, atroce, impitoyable...odieusement même. Elle qui avait toujours répondu présent, jamais rechigné devant les caprices, les flaques d'eau où mademoiselle faisait exprès d'aller, bien sur, et les coups de pied en douce, le trépignement d'impatience, les colères où elle se retrouvait les quatre fers en l'air au milieu d'une chambre d'hôtel...
En quelques secondes, comme un chien au bord de l'autoroute, une grand-mère dans un fast food... on l'avait "oubliée" sans son double et au milieu de nulle part.
Là-bas le ciel se faisait menaçant.. A tous les coups il allait pleuvoir et elle allait finir ainsi... trempée, méconnaissable et tellement vulgaire, dans cet endroit où elle avait mis le pied, ce matin pour la première fois et tout ça, parce que Mademoiselle avait voulu subitement aller courir sur la grève (ici bien nommée, hum!...) avant de rejoindre La Baule et le Castel Marie Louise où ils passaient quelques jours de vacances avec Daddy...
Elle eut subitement, comment dire...comme un coup de pompe.
La loi du "marché"...la photo, le texte...ça m'a bien plu, merci !!
RépondreSupprimerExcellent billet ! j'adore la chute !!!
RépondreSupprimerun grand merci à toutes les deux pour vos encouragements
RépondreSupprimer:-)