"Quand je suis très en colère, je ne sais plus parler, je ne sais que pleurer et écrire."
Ruia-le Chêne Pointu-
"Qui sème la misère récolte la colère ils n'étaient pas bien nombreux, ce jour-là, armés de banderoles déteintes par la pluie. Ils n'étaient pas bien nombreux et le brigadier Bidouin, du fond de son bureau hésitait: "Me font chier à gueuler comme des putois! "empêcher les troubles" qu'il a dit le préfet. Le préfet, il y connait quoi, aux troubles? Le maintien de l'ordre, appris dans les meubles de l'ENA...Et ça le trouble pas, toute cette colère qui brave la pluie? Le préfet, il me fait chier autant que les autres avec leurs banderoles!" songea le brigadier, qui faisait déjà dans sa tête l'itinéraire pour rejoindre la Normandie avec sa femme. Un week-end qu'ils attendaient depuis trois mois. "Avec tous ces cons et leurs banderoles, à quelle heure je vais rentrer chez moi?"
Il s'avança vers la fenêtre pour compter le nombre de manifestants. Ce jour-là, l'Histoire retiendrait que les manifestants étaient douze, "selon les chiffres de la police". Douze personnes en colère, ça faisait pas beaucoup pour une si grande cause.
Au journal télévisé, à peine deux minutes d'antenne sur cette manifestation, si on n'aboutit pas pour notre cause c'est la catastrophe, il faut arriver à exprimer notre colère pour avoir une société plus juste pour l'avenir de nos enfants. Cela ne s'arrange pas, on s'enfonce encore plus, jusqu'à mourir pour nos enfants? et pourquoi pas! L'avenir de nos enfants en vaut bien la peine non?
Au bois, on entendait les gros bras du préfet hurler dans l'attente d'en découdre.
Nous n'avions pas peur. Les yeux rouges de colère, nous nous sommes tous levés, les enfants, les femmes, les hommes, et, à l grande stupéfaction des brigades déguisées qui nous tenaient en respect, nous nous sommes mis à marcher droit devant nous dans leur direction. Puis à courir à perdre haleine. Plus de peur, seulement la volonté d'atteindre notre objectif...
Michel lâcha le porte-voix et se retourna vers ses camarades...Incrédule, il ôta ses lunettes couvertes de buée, essuya les verres, les remit sur son nez. Il était seul, comme un con, depuis il ne savait combien de temps. La pluie avait eu raison de l'ardeur révolutionnaire. En face de lui, il n'y avait que Bidouin, ce con de Bidouin. Il se marrait? Non, il ne se marrait pas. Il ouvrait son parapluie, se hâtait vers la Mégane- maigre cadeau du divisionnaire en échange de l'astreinte-: "Gardez la voiture, Bidouin!"
Il esquissait un sourire gêné: " c'est fini ça, Michel, faudra faire autrement. "Quelques jours plus tard, la colère éclata."
-"La colère de Michel" -Atelier d'écriture, l'Orange Bleue-
Peintures: Oswaldo Guayasamin
« Ma peinture a pour but de blesser, de griffer et de frapper le cœur des gens, pour montrer ce que fait l’homme à l’encontre de l’Homme.»
Très fort ce texte - ça serre le coeur ! car c'est en effet l'impression que j'ai souvent, et qu'on en est arrivé là......
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RépondreSupprimer;-)