samedi 19 juin 2010

pas un jour sans une ligne





"Je n'observe pas le genre humain. Non, je ne suis pas du genre à observer l'Humain. Je crois que j'en sais un bon bout sur le style: "Genre Humain".
C'est toujours approximatif, son degré d'humanité, à un Genre Humain: très vague, flou dans ses idées, ses Grandes Idées Générales. Dans ses actes, en revanche, c'est plutôt précis, ponctuel, organisé. Si un Humain se trouve être du genre  à proclamer, par exemple:: "aimez-vous les uns les autres" ou: tu aimeras ton prochain comme toi-même", les autres Humains du même genre s'empressent d'ajouter: "tu ne tueras point". L'histoire du Genre Humain prouve qu'il n'était pas inutile de le préciser.

Sans que j'aie besoin d'observation ni d'étude, le Genre Humain, moi, il me frappe de ses traits de caractère. Depuis le ventre à Maman que j'en fait partie, du Genre Humain, il me casse les couilles, le Genre Humain, il me les met graves, hirsutes, violacées, tordues, il me les remonte du maxillaire, comme un collier de moules, il me saute à la gorge, me gicle aux yeux, me tord aux oreilles, me cogne à la tête, le genre humain.

Moi, ardent, turgescent, inflammatoire, moi qui n'aime que le clinquant de la vie, l'érection à tous degrés, voilà que je débande, ladies and gentlemen! J'ensuis à l'étreinte molle! Parfaitement! Rien à l'horizon qui puisse me donner envie de frotter ma queue au Genre Humain!

Et, aujourd'hui, c'est, à chaque fois, un peu plus pire qu'hier.
J'ai que la poésie, comme passion.
J'écris, oui. Mais comment doit-on dire, maintenant, en français: un jour néfaste, ou une journée faste?
Merde!
Tout le passionnel est réel
Tout le réel est rationnel
Sale journée!"


NULLA DIES...

"Je n'ai pas envie d'écrire. Voilà!

Je fais les gestes, oui. N'importe qui pourrait dire, là, en me regardant, que je suis en train d'écrire, c'est sûr! Et personne, autour de moi, ne doute que cette action soit volontaire. On n'écrit pas, comme ça, sans y être fermement résolu, sans une dévotion tenace à l'OEuvre en cours.
Nul ne peu supposer, à priori, que je m'adonne à ce luxe, à cette occupation, contre mon gré! Surtout quand on me voit, le reste de mon temps, soumis, comme tout un chacun, à mille odieuses contraintes!

Et je m'attends toujours à la question : "Vous êtes obligé?"

Non. Qui me forcerait?
Si j'étais contraint et forcé, on verrait le Maître et la Règle.
D'ailleurs, je m'arrête à chaque instant.

Heureusement, il y a l'Imparfait, ce mode majestueux, dont l'indulgence est sans limite.
Et la Poésie, qui permet de terroriser."



envoyé par Philonico

MOI

"Où il y avait la rivière,
Un jour, j'irai dormir longtemps;
Où était la mer,
j'irai cueillir au sable,
des bouquets insolents.


Où était le chant du vent,
j'installerai des orages,
des fruits morts,
des soleils cuisants,
au ciel bleu, aux yeux des enfants.

Là je me coucherai comme en vieillissant;

Je jouerai au sauvage,
et je lancerai, en sifflant,
comme une écume à vos visages,
mon désir fou, mon frisson lent."


Les textes proviennent de "Pas un jour sans une ligne"  recueil de poésie de Philippe Léotard -Editions Les Belles Lettres

"J'en suis à tant d'adolescences...!Cinquante-deux ans après ma naissance, je me frotte encore les yeux d'étonnement. Il n'y a que le bonheur qui m'ait aidé à vivre. Je viens seulement de comprendre qu'il pouvait se confondre avec l'amour.
Je my suis donc voué. J'ai voulu saluer chaque jour d'une phrase, une ligne, comme le joint d'une nuit à l'autre.
Et ce n'est jamais moi le plus seul, quand je suis seul.

Si je me suis trompé, en disant: Je t'aime, je préfère avoir dit: Je t'aime.
On ne me fera pas envier celui qui a eu raison sans aimer. " PH.L.

Philippe Léotard est décédé le 25 août 2001 à l'âge de 61 ans

« J'aime les grands brûlés, j'aime les grands acteurs avec un seul rôle, celui de leur vie à tenir à claquer à brandir : J'aime certains hommes, ceux qui savent que la seule liberté que nous possédons, c'est de choisir ses barreaux. J'aime les poètes qui claudiquent sur les marelles du mystère d'être, et qui chantent des mots de moelle et de sang à travers tous les baillons du monde. Je t'aime Philippe Léotard. »
-Claude Nougaro-

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