lundi 9 novembre 2009

assis sur un mur

Assis sur un mur, il regardait passer l'histoire.
A l'époque elle n'avait pas encore de majuscule.
Un peu plus tard, dans l'ambiance des chiffres ronds, on donnerait à la louche du sens à la joyeuse pagaille de ce qui ressemblait plutôt à priori à l'entrée encombrée d'un nouveau parc d'attraction.
Avec peut-être une particularité, l'envie de jouer s'exprimait des deux côtés: montre moi ta vitrine je te ferais essayer ma verte trabant etc.
Assis sur un mur rouge, rouge comme l'excitation d'une foule délurée mais aussi comme le sang de tous ceux qui s'étaient fracassés sur des barbelés en cherchant la lumière.
Au delà des poings d'exclamations, des rires et des bouteilles de mauvaises bulles , il se disait tout bas pour ne pas gâcher la fête, que d'autres lendemains, il faudrait du temps pour se remettre d'une gueule de bois en béton armé.
A suivre, il y eut de la musique qui s'encordait au cellulaire, le si bien nommé, des phrases aussi, beaucoup. Les discours font le packaging des situations et chacun y met du sien pour trouver le mot symbole, l'adjectif qui fait mouche dans les explications de texte.
Les penseurs -payés pour - pensèrent, que le mur était mûr et qu'ils l'avaient bien dit, si seulement on avait voulu les écouter, avant...
Je le savais, affirmait tranquillement madame Rose qui faisait le ménage de nuit dans une tour toute neuve de la sociale démocratie, par les fenêtres au triple vitrage à gaz incorporé et label écologique , d'où elle voyait en face, de l'autre côté, les chiches éclairages de la... démocratie sociale. mais personne ne l'écoutait entre les murs vides.

Assis sur un mur fissuré et sensé mettre en brèche l'idéologie maltraitante- joli pléonasme sans doutes puisqu'elles le sont toutes quand on veux bien s'y asseoir cinq minutes pour réfléchir-il lisait les nouvelles fraiches de novembre,un matin du monde occidental.
Les rotatives avaient goulument pendant la nuit engouffré des orgies d'encre pour faire les gros titres à la une, ceux que l'on plongerait avec délectation dans le ptit noir et qui nous feraient chocolat les jours suivants...
Mais qu'importe!
On a tellement besoin de croire n'est-ce-pas!
Personne n'y peut rien, c'est inscrit dans nos gènes, alors quand le plaisir pointe son nez même enrhumé, on le savoure jusqu'au fond de la tasse, là où il reste toujours un peu de sucre, légèrement caramélisé.

"On a gagné" , "vive la liberté" ..comment ne pas se joindre à la liesse populaire, vous avez remarqué, elle est toujours populaire la liesse.
La laisse aussi, d'ailleurs.
Dans les sphères où se fabriquent les illusions à perdre, on était beaucoup plus réservé, discret même sur ses Etats, dame!
Les temps forts sont à réserver à la pléiade des doux rêveurs, avide de substances hallucinatoires, entre-soi du qui sait ou fait tout comme, on se glisse à l'oreille entendue les nouvelles d'un monde qui ne peut s'échapper puisque trop bien placé pour le savoir.

Quelques mois plus tard, assis sur un mur qui séparaient deux jardins, il papotait avec son voisin. Ils avaient décidé lors d'un apéro réunissant les deux familles, que ce serait ptêt bien de faire une brèche dans le mur mitoyen pour que les enfants puissent tranquillement passer d'une maison à l'autre sans avoir à sortir sur la rue.
On aurait pu appeler cela "les suites de" ou encore "dommage collatéral", le voisin était militant communiste, et lui ex-militant anarchiste.Et en d'autres temps...le meilleur terreau pour la cordiale détestation ou l'ignorance polie, mais là, pour la ptite histoire en question, il s'agissait de voisins qui devinrent ensuite des copains puis des amis et face à cela les barrières idéologiques aussi à-priori solides soient-elles , résonnèrent comme du carton mou que l'on pousse d'une pichenette du doigt et même prirent plutôt la forme -aux beaux jours- de superbes batailles d'eau entre complices de la vie qui va.

Assis sur un mur, ils rigolaient comme deux tordus.

(photo: Patrick L.)

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