vendredi 22 mai 2009

doubles nuits
















"En songeant à la nuit, c'est, tout à tour, histoires et sentiments qui nous reviennent. Terreurs de l'enfance, récits accablants, profondeurs intenses qui échappent à notre conscience, rêves chimériques, médiations amnésiques, illusions enchantées et ravissements béats qui ravivent nos expériences.





Un livre de chevet, un carnet dépouillé, quelques gestes ritualisés pour accomplir ce passage quotidien vers une épaisseur incertaine.





Dormir, veiller, penser, se souvenir, la nuit comme vacance intime achève et renouvelle les vicissitudes du jour, accueille et engage les projections futures. Son temps distendu revêt le désir qui alors nous occupe, accompli en rêves nos chimères. Plénitude nocturne et sourd recueillement ou grondement et éclats violents, la nuit, en délivrant nos récits intimes, engage la parole et déploie son imagerie.





Que nous évoque la nuit? nébuleuse obscure, épaisseur diffuse, la nuit, insaisissable, s'invoqie en images. Villes enveloppées, campagnes immobiles, trouble silencieux et bruissements mystérieux, ce sommeil éloquent des lumières du jour inonde bien à propos nos fictions nocturnes. Tombée du jour, répandue à l'instant crépusculaire, la nuit est l'énigmatique présence d'un changement. Changement de temporalité, de tonalité, la nuit dérobe au jour l'éclat de sa matérialité et enveloppe dans son obscurité la profision des motifs assurés. Nuit éternelle qui vient contredire la vie, nuit blanche qui maintient en éveil, nuit noire de tous les dangers ou encore rêverie d'une nuit étoilée, la nuit accueille et inspire l'infini de l'altérité.




Ce qui ne se dévoile pas au grand jour et reste dans l'épaisseur obscure du secret est sujet du roman de la nuit. Ce qui demeure ineffable, imprescriptible ou inavouable devient son motif privilégié.





Mais de quels récits déborde donc la nuit? Intrigues, crimes, métamorphoses, rencontres, secrets, "inquiétante étrangeté" qui ne peut se contenir à la lumière des jours. Obsessions, plaisirs, désirs, liberté, accomplis dans les ténèbres infinies.





S'il nous est difficile de circonscrire les virtualités de la nuit, nous savons immédiatement qu'elles s'opposent aux nécessités du jour "C'est le jour et la nuit " ne cesse de faire l'écho d'une forme particulière. Ainsi la nuit contrariant le jour est cette négation éphémère vouée à son propre renouvellement. Eternellement, irrémédiablement, semble se conjuguer au centre de ce mouvement circulaire l'essence de deux principes complémentaires. Des visions apocalyptiques aux croyances mythifiées, jour et nuit s'illustrent abondamment comme un couple légendaire.../.." extrait de: doubles nuits-imaginaires romanesques-géraldine landry-le sociographe-irts-languedoc-roussilon-

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