"Je suis dur Je suis tendre Et j'ai perdu mon temps à rêver sans dormir à dormir en marchant. Partout où j'ai passé j'ai trouvé mon absence Je ne suis nulle part excepté le néant Mais je porte caché au plus haut des entrailles à la place ou la foudre a frappé trop souvent un coeur ou chaque mot a laissé son entaille et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement"
Pierre Reverdy (La liberté des mers)
Pierre Reverdy (La liberté des mers)
« Le ciel était rose, la mer tranquille et la brise endormie. Pas une ride ne plissait la surface immobile de l’Océan sur lequel le soleil à son coucher versait sa lumière d’or. Bleuâtre vers les côtes seulement, et comme s’y évaporant dans la brume, partout ailleurs la mer était rouge et plus enflammée encore au fond de l’horizon, où s’étendait dans toute la longueur de la vue une grande ligne de pourpre. Le soleil n’avait plus ses rayons ; ils étaient tombés de sa face et noyant leur lumière dans l’eau semblaient flotter sur elle. Il descendait en tirant à lui du ciel la teinte rose qu’il y avait mise, et à mesure qu’ils dégradaient ensemble, le bleu pâle de l’ombre s’avançait et se répandait sur toute la voûte. Bientôt il toucha les flots, rogna dessus son disque d’or, s’y enfonça jusqu’au milieu. On le vit un instant coupé en deux moitiés par la ligne de l’horizon, l’une dessus, sans bouger, l’autre en dessous qui tremblotait et s’allongeait, puis il disparut complètement ; et quand, à la place où il avait sombré, son reflet n’ondula plus, il sembla qu’une tristesse tout à coup était survenue sur la mer. » -chateaubriand-
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