"le jour monte et grandit, retombe sur la ville. Nous avons traversé la nuit sans délivrance. J'entends les autobus et la rumeur subtile des échanges sociaux. J'accède à la présence. Aujourd'hui aura lieu. La surface invisible délimitant dans l'air nos êtres de souffrance se forme et se durcit à une vitesse terrible; Le corps, le corps pourtant est une appartenance. Nous avons traversé fatigues et désirs sans retrouver le goût des rêves de l'enfance. Il n'y a plus grand choses au fond de nos sourires, nous sommes prisonniers de notre transparence. Au long de ces journées où le corps nous domine, où le monde est bien là, comme un bloc de ciment, ces journées sans plaisir, sans passion, sans tourment, dans l'inutilité pratiquement divines. Au milieu des herbages et des forêts de hêtres, au milieu des immeubles et des publicités nous vivons un moment d'absolue vérité: Oui le monde est bien là, et tel qu'il paraît être. Les êtres humains sont faits de parties séparables, leur corps coalescent n'est pas fait pour durer. Seuls dans leurs alvéoles soigneusement murés ils attendent l'envol, l'appel de l'impalpable. Le gardien vient toujours au coeur du crépuscule; Son regard est pensif, il a toutes les clés, les cendres des captifs sont très vites envolées; Il faut quelques minutes pour laver la cellule.../... "-extraits- le sens du combat-michel houellebecq-
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