Le vent prend ses aises sur la lande rabougrie, un volet mal ficelé claque dans la nuit, le feu ronfle bruyamment, un peu de végétations peut-être? les regards se perdent dans les flammes qui dansent et alors... comment dit-on déjà dans ces cas là? ... "once upon a time" Chuuuut! écoutez
"De multiples plages de sable fin bordent l'océan, à la lisière de l'antique cité engloutie entre Piriac et l'île Dumet. De là, on pouvait voir, il y a bien longtemps, des Sirènes aux longs cheveux d'or, parées de nacre et de corail, jouer à la crête des vagues. Parfois elles venaient jusque sur le sable chaud observer quelques instants les hommes et les femmes; elles n'avaient pas de crainte car il leur était possible, quand elles le voulaient, de se rendre subitement invisibles grâce à leur pouvoir de métamorphose. il arrivait aussi que l'une d'entre elles restât prisonnière, si son coeur avait battu trop fort pour un fils de la terre. Mais l'issue de ces aventures était presque toujours malheureuse, car on ne franchit pas sans danger les frontières qui séparent l'humain et le divin. Pourtant Connla, la petite Sirène, et Dylan, un enfant du pays purent connaître une belle aventure. Connla habitait, avec ses soeurs les Sirènes, le plus merveilleux des palais, au fond de l'océan. Dans ce monde des eaux, vivant et coloré, dans cet univers d'harmonie et de lenteur, leur demeure aux belles colonnes de jade et de nacre se dressait somptueuse, recevant et renvoyant une lumière irréelle: les algues les plus fines, les plus fantastiques y tressaient les plus beaux décors et les étoiles de mer, de toutes formes et de toutes couleurs y dessinaient de féériques jardins. Les courants des profondeurs venaient battre les murs, les faisaient vibrer et chanter; une étrange et envoûtante musique s'en élevait continuellement, symphonie mystérieuse des cités perdues et peut-être retrouvées... Ce matin-là, l'aurore venait d'empourprer la surface des flots. Au fond de la petite baie les blondes Sirènes, revêtues de longs voiles transparents jouaient à la balle en riant. Elles se poursuivaient gaiement et la plage toute entière retentissait de leurs cris joyeux.
Brusquement leurs jeux furent interrompus par l'arrivée de quelques nageurs matinaux venus affronter les vagues qui, en cet endroit, déferlent en gros rouleaux. Elles disparurent dans les flots, toutes sauf une, Connla. Celle-ci resta longtemps, cachée dans les replis de la vague, à observer l'un d'entre eux qui jouait sans peur avec les vagues, plongeait à l'intérieur, se laissait emporter vers la côte pour ressurgir tout à coup, mesurant ainsi indéfiniment ses forces à celles de l'océan avant de s'étendre épuisé et riant sur le sable chaud et doré. Elle avait senti battre son coeur en le voyant et, depuis ce jour-là, elle revint souvent seule sur la plage pour tenter de l'apercevoir une nouvelle fois.
Un matin elle était montée à la surface de l'onde. Elle courait sur la plage tout en guettant le chemin qui y consuisait, s'enivrait d'air pur et de soleil, sa longue écharpe d'émeraude flottant derrière elle. On aurait cru, à la voir ainsi, qu'elle glissait sur le sable, aussi gracieuse que que lorsqu'elle nageait au milieu de l'océan. Bientôt, fatiguée et voyant la plage déserte, elle se dirigea vers une grotte ouverte sur la mer où elle avait coutume de se reposer. Le sommeil la gagna et elle s'endormit. Mais la sensation d'une main qui caressait doucement ses cheveux la réveilla brusquement; elle ouvrit les yeux et aperçut, penché au-dessus d'elle, un visage aux traits virils d'une grande douceur; un regard profond et intense pénétra au fond du sien, l'instant d'une seconde, tandis qu'elle reconnaissait celui pour qui elle venait si souvent sur la terre, délaissant son domaine marin. il lui chuchota: -n'aie pas peur, mais dis-moi ton nom. Qui es-tu, femme ou Sirène? Pour moi, je m'appelle Dylan.- Alors, pour toute réponse mais envahie d'une grande émotion, la Sirène dut parcourir tout le cycle des métaphores propres aux dieux marins, épruve initiatique qu'il est nécessaire à tout mortel de surmonter pour franchir sans dommage le seuil interdit du monde des dieux. Elle se transforma sous les yeux de l'homme épouvanté en un lion rugissant et menaçant, semblant prêt à le déchirer de ses crocs acérés : mais,, il est vrai que ce fauve était inoffensif car son coeur battait au rythme de celui de la Sirène qui exprimait ainsi ses premiers émois d'amour. Après bien des efforts, Dylan parvint à le maîtriser, mais ce lion devint aussitôt un énorme serpent qui glissait le long de sa jambe; il lutta pour se débarasser de ce monstre repoussant qui le serrait à le broyer, à l'étouffer dans ses anneaux puissants. Le combat était âpre et rude. Le serpent vaincu, aussitôt une panthère bondissait sur ses épaules, bientôt remplacée par un feu qui, sans le ronger, dansait autour de lui, un feu étaient à son tour par un ruisseau venu de nulle part qui étendait son cours jusqu'à lui. A bout de forces, Dylan vit enfin un merveilleux pommier s'élever droit vers le sommet de la grotte et étendre de toutes parts ses rameaux. Epuisé, il se laissa alors glisser à terre, la tête dans les mains et s'adressa à la Sirène encore camouflée dans son dernier cycle de métamorphoses. -Depuis longtemps j'entends mon coeur battre comme uen enclume dès que je t'aperçoit et je me demande qui tu es vraiment. Mais aujourd'hui je ne peux plus en douter: tu es une fille de l'océan. Je sais que, pour un mortel comme moi, c'est folie de t'aimer. Une seule de tes métamorphoses aurait pu me tuer mais tu as eu pitié de moi en m'épargnant. Pourtant j'aurais préféré brûler à ton feu dévorant que de te perdre à jamais. Car comment pourrais-tu accepter de m'épouser et de vivre sur terre?.../..."extrait de "la sirène et la cité engloutie"christiane-mj-kerboul-vilhon- en presqu'ile de guérande-contes de la vague et du vent- éditions coop breizh-
Ne m'en veuillez pas mais...Logiquement, à ce moment de l'histoire vous devriez êtes endormi (e), et dans vos rêves qui vous visitent alors, vous retrouveriez quelquepart sur la plage Connla et Dylan ; Mais, me dis-je, qu'est ce qui va bien pouvoir se passer entre celui de la terre et celle de l'eau ? comment les éléments ainsi contrariés vont-ils pouvoir accepter une alliance qui semblerait à première vue contre nature? Il faudrait sans doutes que je réouvre le livre pour avoir enfin des éléments de réponse...seulement...A quoi bon! Cette histoire je préfère vous la laisser à votre guise, dans les songes qui vous bordent et vous emportent dans leur magie, alors que je reste sur le quai à contempler jusqu'au matin frileux les brumes de la nuit.
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