lundi 19 avril 2010

façons de penser



Égarement de la raison par les sciences incertaines "
 

"Il n’est que trop vrai ! Depuis vingt-cinq siècles qu’existent les sciences politiques et morales, elles n’ont rien fait pour le bonheur de l’humanité ; elles n’ont servi qu’à augmenter la malice humaine, en raison du perfectionnement des sciences réformatrices ; elles n’ont abouti qu’à perpétuer l’indigence et les perfidies, qu’à reproduire les mêmes fléaux sous diverses formes. Après tant d’essais infructueux pour améliorer l’ordre social, il ne reste aux philosophes que la confusion et le désespoir. Le problème du bonheur public est un écueil insurmontable pour eux, et le seul aspect des indigents qui remplissent les cités ne montre-t-il pas que les torrents de lumières philosophiques ne sont que des torrents de ténèbres ?....
Cependant une inquiétude universelle atteste que le genre humain n’est point encore arrivé au but où la nature veut le conduire, et cette inquiétude semble nous présager quelque grand événement qui changera notre sort. Les nations, harassées par le malheur, s’attachent avidement à toute rêverie politique ou religieuse qui leur fait entrevoir une lueur de bien-être; elles ressemblent à un malade désespéré qui compte sur une miraculeuse guérison. Il semble que la nature souffle à l’oreille du genre humain qu’il est réservé à un bonheur dont il ignore les routes, et qu’une découverte merveilleuse viendra tout à coup dissiper les ténèbres de la civilisation."

Charles Fourier-"Théorie des quatre mouvements et des destinées générales



" Une dernière fois, soyez assez bon pour me répondre : où voulez-vous en venir ? "
En cet instant de silence, Lord Ewald crut sentir passer, brusquement, sur son front le vent de l’Infini.
" Ah ! s’écria d’une voie stridente Edison qui se leva les yeux étincelants, puisque je me sens ainsi défié par l’Inconnu, soit ! Voici. Je prétends réaliser pour vous, milord, ce que nul homme n’a jamais osé tenter pour son semblable. – Je vous dois la vie, encore une fois : c’est bien le moins que j’essaie de vous la rendre.
" Votre joie, votre être, sont, dites-vous, les prisonniers d’une présence humaine ? de la lueur d’un sourire, de l’éclat d’un visage, de la douceur d’une voix ? Une vivante vous mène ainsi, avec son attrait, vers la mort ?
" Eh bien ! puisque cette femme vous est si chère... JE VAIS LUI RAVIR SA PROPRE PRESENCE.
" Je vais vous démontrer, mathématiquement et à l’instant même, comment, avec les formidables ressources actuelles de la Science, - et ceci d’une manière glaçante peut-être, mais indubitable, - comment je puis, dis-je, me saisir de la grâce même de son geste, des plénitudes de son corps, de la senteur de sa chair, du timbre de sa voix, du ployé de sa taille, de la lumière de ses yeux, du reconnu de ses mouvements et de sa démarche, de la personnalité de son regard, de ses traits, de son ombre sur le sol, de son apparaître, du reflet de son Identité, enfin. – Je serai le meurtrier de sa sottise, l’assassin de son animalité triomphante. Je vais, d’abord, réincarner toute cette extériorité, qui vous est si délicieusement mortelle, en une Apparition dont la ressemblance et le charme HUMAINS dépasseront votre espoir et tous vos rêves ! Ensuite, à la place de cette âme, qui vous rebute dans la vivante, j’insufflerai une autre sorte d’âme, moins consciente d’elle-même, peut-être (- et encore, qu’en savons-nous ? et qu’importe ! -), mais suggestive d’impressions mille fois plus belles, plus nobles, plus élevées, c’est-à-dire revêtues de ce caractère d’éternité sans lequel tout n’est que comédie chez les vivants. Je reproduirai strictement, je dédoublerai cette femme, à l’aide sublime de la Lumière ! Et, la projetant sur sa MATIERE RADIANTE, j’illuminerai de votre mélancolie l’âme imaginaire de cette créature nouvelle, capable d’étonner des anges. Je terrasserai l’Illusion ! Je l’emprisonnerai. Je forcerai, dans cette vision, l’Idéal lui-même à se manifester, pour la première fois, à vos sens, PALPABLE, AUDIBLE ET MATERIALISE. J’arrêterai, au plus profond de son vol, la première heure de ce mirage enchanté que vous poursuivez en vain, dans vos souvenirs ! Et, la fixant presque immortellement, entendez-vous ? dans la seule et véritable forme où vous l’avez entrevue, je tirerai la vivante à un second exemplaire, et transfigurée selon vos vœux ! Je doterai cette Ombre de tous les chants de l’Antonia du conteur Hoffmann, de toutes les mysticités passionnées des Ligéias d’Edgar Poe, de toutes les séductions ardentes de la Venus du puissant musicien Wagner ! Enfin, pour vous racheter l’être, je prétends pouvoir – et vous prouver d’avance, encore une fois, que positivement je le puis – faire sortir du limon de l’actuelle Science Humaine un Etre fait à notre image, et qui nous sera, par conséquent, CE QUE NOUS SOMMES A DIEU. "
Et l’électricien, faisant serment, leva la main."

Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, L’Ève future






Des trois buts de l’Attraction, et de ses douze ressorts ou passions principales


"Jeu interne: Chacun voudrait ménager, dans le jeu de ses passions, un équilibre tel que l’essor de chacune favorisât celui de toutes les autres; que l’ambition, l’amour n’entraînassent qu’à des liaisons utiles, et jamais aux duperies; que la gourmandise concourût à améliorer la santé au lieu de la compromettre; enfin, qu’on marchât toujours dans les voies de la fortune et de la santé, en se livrant aveuglément à ses passions. Cet équilibre, fondé sur l’abandon irréfléchi de la nature, est accordé aux animaux et refusé à l’homme civilisé, barbare et sauvage. La passion conduit l’animal à son bien, et l’homme à sa perte.
Aussi l’homme, dans l’état actuel, est-il en état de guerre avec lui-même. Ses passions s’entrechoquent; l’ambition contrarie l ’amour, la paternité contrarie l’amitié, et ainsi de chacune des douze.
De là naît la science nommée MORALE, qui prétend la réprimer ; mais réprimer n’est pas mécaniser, harmoniser ; le but est d’arriver au mécanisme spontané des passions, sans en réprimer aucune. Dieu serait absurde, s’il eût donné à notre âme des ressorts inutiles ou nuisibles.
Jeu externe: Pour le régulariser, il faudrait que chaque individu, en ne suivant que son intérêt personnel, servît constamment les intérêts de la masse. Le contraire a lieu: le mécanisme civilisé est une guerre de chaque individu contre la masse, un régime où chacun trouve son intérêt à duper le public; c’est la discorde externe des passions; il s’agit d’arriver à leur harmonie interne et externe, troisième but de l’attraction.
Pour y atteindre, chacun a recours à la contrainte et impose à ses inférieurs des lois de sa façon, qu’il appelle saines doctrines. Le père de famille assujettit sa femme et ses enfants à un régime qu’il dit être la sagesse. Le seigneur fait adopter ses saines doctrines dans le canton où il domine; le magistrat , le ministre opèrent de même sur le pays qu’ils régissent. Une petite maîtresse veut régénérer toutes les toilettes par de saines doctrines sur le bon genre; un philosophe veut régénérer toutes les constitutions; un écolier veut, à coups de poing, faire observer ses saines doctrines dans les jeux enfantins.
Chacun veut donc mettre les passions de la masse en harmonie coopérative avec les siennes; ainsi chacun tend à la mécanique externe des passions et se persuade qu’il fait le bonheur de ceux qu’il assujettit à ses caprices. Chacun désire de même le mécanisme interne, qui mettrait ses passions en harmonie avec elles-mêmes. Il suit de là que le troisième but de l’attraction est le mécanisme interne et externe des passions." 

Charles Fourier," Le nouveau monde industriel et sociétaire, ou Invention du procédé d’industrie attrayante et naturelle distribuée en séries" 

illustrations: internet

si on avait besoin d'une cinquième saison...

Une cinquième saison...
ptêt ben que oui 
pour s'inventer d'autres couleurs
comme iles disent dans la ritournelle
Et  son  quart d'heure à l'ancienne, sur un vieil harmonium d'accord...
 On n'en sortira pas indemne pour autant,  à patauger ainsi un lundi dans la vague pas franchement nouvelle
mais  réveillant les gros mots de la nuit: de l'ordre de l'éternelle !
Frisson du petit matin !
-T'as froid?
-Non c'est juste...l'émotion...d'une rengaine  de mes vingt ans
Tu vois  bien, deux trois notes, qu'importe...et tu t'envoles dans des images, un toucher, l'odeur... qui te sont revenus en pleine face, puisque finalement et au bout du compte on n'oublie rien ou si peu...
Tout humain qui se respecte à un moment qu'il n'attend pas toujours, se réincarne en midinette. Cela ne dure pas forcément très longtemps,
encore que...faudra voir...
Mais comme en général tu y prends goût, gaffe à la douce rechute.

Dans mon lundi ami d'avril , il y avait une chanson d'automne
serait-ce gênant de bousculer un peu  l'ordre du cycle des saisons?
Et d'ailleurs,
avec un  tout petit peu d'imagination
cela  pourrait parfaitement coller au printemps...
ou alors, qui sait?  
à une cinquième saison.
des histoires sans paroles...

dimanche 18 avril 2010

Cendres

Biffo (Franco Berardi), est un auteur et activiste italien, ancien du mouvement autonome qui n’a pas renoncé à transformer le monde. Son ami Serge Quadruppani a traduit un de ses textes, "Cendres", avec cette explication : Je traduis ce texte qu’il vient de m’envoyer et qui me semble à la fois splendide et éclairant, comme un nuage de cendres dispersées dans le soleil. Tout est dit.

Serge

child of the universe

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