mercredi 10 mars 2010

il pleut sur la mer



-envoyé par  swproductionraphael-

l'apprenti capitaine



"Un apprenti capitaine        
met entre parenthèses
dix ans de sa vie
dix ans chaque nuit
à construire du rêve patiemment
et se retrouver en mer
avec de jeunes désargentés
et se retrouver amer
avec des amis du moment
rêveurs forcenés.
Pauvre capitaine, pauvre abruti
tu as le bateau mais pas la sirène
tu as les flots mais pas les courbes
tu as le soleil mais pas ses cheveux
qui ruissellent sur son dos.
Uns histoire de bateau
comme il y en a tant
pour combien de tours du monde projetés
combien d'arrivés?
dix pour cent disent les sondages
les autres finissent à la nage
Les autres...
les suicidés, les noyés
la braguette ouverte
ceux que la folie guette
les aventuriers, les paumés.
Combien de solitaires rodent sur les mers...
En mer, on voit tout de suite
celui qui ne veut pas bosser
celui qui bouffe le chocolat en cachette
on voit de fait si t'es un mec bien ou pas.
Mais là, plus question d'être honnête
on n'a toujours pas quitté l'Europe.
On traîne de ports en ports
à fumer de la marijuana,  reclus et sauvages
dans la langueur de notre coque de noix
ça fait trois jours que Tom et Sarah
ne sont pas sortis de leur couchette
le bateau tremble quand ils s'étreignent
et empeste
le fauve et le sexe.
J'monte prendre l'air sur le pont
l'horizon est un beau barreau de prison.
Je fais des tours de brasse autour du bateau
comme un chien à son poteau
Un jour je ne me suis pas reconnue dans le miroir
une autre fois, l'eau de la douche a coulée noire.
Un matin je me suis dit à moi même
faut te secouer, te prendre en main.
J'ai commencé à ranger le nid
le capitaine a arrêté ma folie
alors que passait pas dessus bord
une vieille boite de crème Nivéa.
 Ce n'était pas du sable dedans
c'était les cendres de son papa.
Les équipiers sont partis un par un, sac sur le pont
comme dans loft story
nous laissant pour toute fortune
un goût d'amertume
une histoire de bateau
comme il y en a tant.
Pour combien de tours du monde projetés
combien d'arrivés?
dix pour cent disent les sondages
les autres finissent à la nage.
 Notre dealer d'herbe nous guette
en haut de la plage sur sa mobylette.
Aux Canaries tourne la coco
le mât est une immense cachette
qui pourrait rapporter gros
lorsqu'on va au cybercafé
prendre des nouvelles de nos familles.
Les Marocains, les Sénégalais nous prient d'aller
chercher des nouvelles des leurs.
Ils ont tous cousin
qui aimerait jouer au marin.
c'est le gros lot
les clandestins
l'arbre aux oeufs d'or
aux multiples ramifications
quand l'Afrique entière
 est sujette à l'émigration.
Allons capitaine
allons mon ami
allons en mer
prendre une raclée
allons amers
prendre une leçon de vie.
 Certains rêves ne sont pas faits
pour être réalisés
et certains bateaux
sont de belles prisons dorées.
 Une histoire de bateau
comme il y en a tant.
Pour combien de tour du monde projetés
combien d'arrivés?
Dix pour cent disent les sondages.
Les autres finissent à la nage."

Ce texte: "L'apprenti capitaine" de Emilie a été publié dans le recueil : La première coupe du monde de Slam de poésie- Editions: "Le temps des Cerises"

brèves d'estuaire

"Il vous en prie, prenez donc place"
-"Ah oui mais...je veux pas déranger!"
"y a pas de mal, on va se serrer"
-"Ben alors, dans ces conditions, comme on dit: on va se faire un banc de siège"

"Salut tout le monde, ça baigne?"
-"ça va, on fait aller! m'enfin ça manque un peu de soleil quand même"
"Moi je regarde jamais le soleil, alors je ne vais pas commencer le jour où y en a pas "-extrait de brèves de comptoir de Jean-Marie Gourio


"Sous les palmiers la plage!"
"ouais ben de ce temps là ça sera sans moi"


"On s'en doutait un peu, mais de là à l'afficher, z'ont vraiment peur de rien les riches!"


"j'ai du courrier pour les poissons!"
"On s'en fish"

" Quand j'ai le vertige, la pêche rit"

"René, c'est toi qu'a rangé le thermos?"

"Vous nous donnez votre réponse, Monsieur!"
-"Ah non, c'était juste pour faire avancer le Schmilblick"
Soupir!!!
"Simone, s'il vous plait, candidat suivant"

"La poésie c'est réservé aux vieux, ils ont bien mérité." -extrait de brèves de comptoir de Jean-Marie Gourio-

mardi 9 mars 2010

penhoët penn kalet!



Cela change tellement des discours convenus et soporifiques que l'on entend en général en fin de manif. quand les camarades responsables prennent la parole...et parfois, pour mieux l'enterrer. Mercredi dernier lors d'un rassemblement  nazairien pour défendre la navale, Didier Hude est intervenu au nom de la FSU, voilà ce qu'il a dit:

Penhoët penn kalet ! Penhoët tête de bois !

 
"Méan-Penhoët ! Penhoët penn kalet ! Penhoët tête de bois ! Penhoët la cabocharde ! Saint- Nazaire la communarde ! Si vous interrogez les civelles qui passent près des bassins elles vous diront que si elles viennent en Loire, c’est uniquement parce que de mémoire d’anguille on ne peut faire cap sur les sargasses sans avoir vu Saint-Nazaire. Saint-Nazaire, entre terre et eaux, ville de marais construite et pétrie par de la fierté ouvrière. Ville où on a rasé le passé et où on ne sait jamais comment peut se bâtir l’avenir.
Saint-Nazaire ville paradoxale. Ville de la destruction vouée à la construction, ville de la pauvreté qui échafaude du luxe. Ville des anarchistes bleus, aux germes libertaires qui font que tout le monde est un peu anar sans forcément le vouloir, ni toujours s’en rendre compte. Ville de paradoxes oui, qui ne fait rien, ou si peu, comme tout le monde. Ici, quand un curé s’appelle Patron, c’est un sacré jojo qui finit syndicaliste à la sociale : un comble !
Ici, même l’UMP n’est pas comme ailleurs : c’est un club de sports, laïque qui plus est. Saint-Nazaire est un peu comme sa base sous-marine, elle s’entête à résister. Cette résistance des chantiers, c’est celle de tout l’emploi industriel. C’est une résistance qui pense plus loin que le bout de son nez, en voulant changer les paramètres de la mort annoncée, comme le dit si bien Jean-Bernard Pouy.
Ici, la classe ouvrière n’a pas résumé sa condition humaine à perdre sa vie à la gagner. Dans leurs combats, dans les victoires et les défaites, les fumées de soudures et l’amiante, les femmes et les hommes des chantiers ont dégagé des horizons qui vont au-delà des grues de Penhoët, de la grand-mère et de ses filles du port.
Malgré son petit Maroc, Saint-Nazaire n’est pas touristique. C’est là un très gros défaut. Faire disparaître usines et populos doit pouvoir rapporter gros. C’est connu. Les pauvres ont pas de goût, leurs maisons sont moches et leurs usines puent. Alors qu’un promoteur ça front de merdise tout beau.
Faire tomber la navale, avec elle l’emploi industriel et toute la sous-traitance, voilà un programme chatoyant pour des amoureux de l’argent. Prolonger La Baule jusqu’à Trignac, libérer Donges de ses raffineries et la verrue prolétaire disparaîtra ainsi. La tentation n’est pas nouvelle. Déjà, sous Olivier Guichard il y a 40 ans, les marais salants de Guérande ont failli disparaître sous les projets des promoteurs. Les mêmes intérêts sont aujourd’hui en jeu. Si la navale tombe, comme la presqu’île hier, Saint-Nazaire sera demain à vendre avec vue sur la Loire et sur l’Océan. Il y aura juste à trouver des transitions. C’est le mari de Carla Bruni qui nous l’a dit.
Tout comme pour avoir la paix il faut préparer la guerre, la navale pour ne pas mourir civile doit construire du militaire. Dieu que la guerre économique est jolie ! Le Tsar Kozy a eu cette idée salvatrice avec son ami russe de la mafia MEDEF Medvedef : on partage moitié-moitié, tu construis en Russie et moi à Saint-Nazaire. Mais cet arrangement entre amis oublie, donc engloutit, la quasi totalité de la sous-traitance et des ses emplois sauf à vouloir par exemple enjoliver de marqueterie les soutes d’un porte chars d’assauts. Quand il ne restera plus que le noyau dur des chantiers, le dernier carré du coeur de métier n’en sera que plus facile à réduire.
Depuis Napoléon et sa retraite de Russie on sait pourtant bien qu’en dernier carré la garde meurt même si elle ne se rend pas.
Si l’emploi industriel disparaît de l’estuaire, il ne sera pas possible d’enrayer la mutation économique, sociologique et politique voulue pour la Loire-Atlantique. La fierté nazairienne ancrée dans la fierté ouvrière et ses savoir-faire, avec ses outrances portuaires, fait partie de notre patrimoine et de nos utopies sociales.
En Basse Loire, notre noblesse c’est la classe ouvrière. Défendons-nous, défendons-là. Comme on dit ici, tous ensemble mettons-nous à la masse. Au coeur des vases fertiles les hommes ont fait de Saint-Nazaire un phénix breton où le travail est devenu culture. Un phénix ça vit des millénaires. Notre heure n’est pas venue de finir en Musée." -Didier Hude-

-merci à saint-Nazaire.net et au rézo citoyen pour la diffusion-

TANGUY& LA BISCUITERIE

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