dimanche 6 octobre 2024

dise au fond des ports

 

 


 
“Personne n'ignore que les cancres sont à leur affaire dans les classes turbulentes, où les élèves méritants se noient. Le jacassement distrait le groupe, le chahut le désintègre. Faute de silence, pas de réussite. Les monastères fondent la piété sur cette règle évidente : pour accueillir la parole divine, il faut se taire. Pareillement, le silence s'impose pour accueillir celle du maître. Impératif battu en brèche : les salles de cours sont des volières. Interdire aux élèves de téléphoner en classe semble à beaucoup un sacrilège. Enseigner, métier à risques : quelle meilleure preuve du discrédit qui fait du savoir une guenille et du silence un joug ?
Les élèves transportent la société tout entière dans leurs cartables : ses gadgets, ses PlayStation, ses iPad, ses jeux en ligne, son tumulte.
Il est certain que, dans un environnement bruyant, l'inspiration s'alourdit et que les méninges se traînent. Élaborer un plan complexe requiert une paix confiante. Même un questionnaire à réponses multiples en réclame. Ni l'attention ni la raison ne résistent aux ailes d'un moustique. Pascal, dans ses Pensées, à propos du philosophe: «Ne vous étonnez pas s'il ne raison ne pas bien à présent ; une mouche bourdonne à ses oreilles ; c'en est assez pour le rendre incapable de bon conseil. »
Il faut vivre en live. La vitesse croissante de circulation des données, des informations, des transferts financiers, des échanges commerciaux nous dérobe le temps que pressure l'actionnaire. Les délais sont proscrits, la flânerie paresseuse, la syntaxe superflue. Les longues phrases, avec leurs entrelacements de propositions, rejoignent la langue châtiée au rayon du temps perdu. Proust qui, écrivant dans son lit, boulevard Haussmann, protégé des bruits de la rue par les plaques de liège qui couvraient les murs de sa chambre, parle dans Sodome et Gomorrhe de « la plénitude nourricière et
charmante du silence », n'aurait plus même l'idée d'écrire La Recherche. Trop de subtilités, trop de détours. On le prendrait pour un esthète, pour un nuisible. Des phrases longues d'une page! Solution : en faire un téléfilm, de qualité si possible.
Un loisir improductif est, d'un point de vue économique, un scandale. On a troqué la plume contre l'ordinateur et le plomb d'imprimerie contre l'électron : gain de te mps fabuleux. Mais au prix fort : la surface des écrans supplante les plis du papier, la vidéosphère la graphosphère, la vie immédiate la longue durée. Les experts succèdent aux savants, les bateleurs aux poètes, l'émotion réflexe à la pensée construite, l'usage du pidgin à la maîtrise de la langue, et l'apoplexie sonore aux méditations.
Quant à ceux qui souhaitent encore lire, écrire, ou simplement converser comme des sages, qu'ils vivent sous cloche.”
Jean-Michel Delacomptée
 
 

 
 trouvé chez Morgane:
 
 
Nous y étions ; poils au..
(à chacun  sa "guerre" et ses souvenirs d'ancien combattant. Hi! Han! ..)

 


 


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Découvert chez KUB:



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samedi 28 septembre 2024

il faut semblant

 

 Il faut prendre de la hauteur -disais-tu-
mais aussi la laisser paraître
presque fortuitement
pour amener le vertige à soi.
Il faut plonger dans l'anonymat du silence
et remettre à hier tout ce qu'on ne fera plus demain.

Il faut semblant
 

 

 
 On ne sait jamais...

                                 Découvert chez "Barbotages"

 

 

" Les tyrans, nous le savons, produisent les rebelles et toute l’histoire nous apprend que les rebelles, dès qu’ils l’emportent, deviennent volontiers des tyrans à leur tour."
 David Hume


"On circule tout près de la mer, sur le bord de sa propre vie, revenant là toujours, sans trop savoir pourquoi, à cause du bleu sans doute, de la lumière qui change, des coques colorées des barques, du bruit léger du flot, du tintement des drisses contre les mâts, de tout ce temps perdu où l’on s’avance, ces lisières que l’on suit, ces invisibles fils, dans l’air, les doigts du vent dans les cheveux, ses paumes sur le visage."
Jean-Michel Maulpoix


 
 
"Plus je vieillis et plus je croîs en ignorance,

plus j'ai vécu, moins je possède et moins je règne.

Tout ce que j'ai, c'est un espace tour à tour

enneigé ou brillant, mais jamais habité.

Où est le donateur, le guide, le gardien ?

Je me tiens dans ma chambre et d'abord je me tais

(le silence entre en serviteur mettre un peu d'ordre),

et j'attends qu'un à un les mensonges s'écartent :

que reste-t-il ? que reste-t-il à ce mourant

qui l'empêche si bien de mourir ?

Quelle force le fait encor parler entre ses quatre murs ?

Pourrais-je le savoir, moi l'ignare et l'inquiet ?

Mais je l'entends vraiment qui parle, et sa parole

pénètre avec le jour, encore que bien vague :

« Comme le feu, l'amour n'établit sa clarté

que sur la faute et la beauté des bois en cendres... » 
Philippe Jacottet 
 

 

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