lundi 7 septembre 2020
tour de rire
Rien à faire,
défilent encore les abstractions
d'avant
dans le sens du courant
Cabotine la plate
le clapot ouvert.
Petite mer.
Tour de rire.
Tu t'es vu la quille à l'air?
illustration: Robert Crumb
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peluches d'infos dans la marmite:
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DES FEUILLES TOMBENT:
Pour télécharger la revue: ICHI-M'AIME
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https://bretons.bzh/
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Deux pas sage
Coqs en stock
Petits bateaux
samedi 5 septembre 2020
apparences
Figer le temps
à travers l'objectif,
du mince bout de sa lorgnette.
Suspendre les secondes à jamais.
Statufier le sablier d'une histoire
élémentaire.
Fantasme des apparences.
"Voir au-delà n’est rien, c’est voir en plein jour l’énigme, tordre le cou à l’essor, s’allonger en attendant que s’écartent les esprits, les voleurs, les sourciers, que saigne des décors l’envol changeant, que mûrissent les échos (leurs abris, leurs ruses, leurs amers caprices, leurs accrocs, leurs vantardises), que s’entortillent les voyants sans envers ni patrie là où balbutie le caché, où l’on range les balanciers, les espaliers, les Babels, les lassos, les constellations qu’imitent sans savoir nos paupières, les goulots brisés, les charrues cassées, les arbres en marche qu’on laisse venir à nous comme à Dunsinane."
André Rougier dans:"Les Confins"
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"On a pu dire que la particularité
principale du Covid 19 était la proportion inhabituellement forte pour
un coronavirus d’être propagé par des porteurs asymptomatiques, à savoir
par des personnes contaminées et contaminantes mais ne présentant aucun
des symptômes de la maladie. Je suis en pleine forme, mais le moindre
de mes postillons qui tombe sur mon grand-père ou sur ma voisine de
métro en surpoids peut déclencher dans leurs corps le processus qui
aboutira à la tempête mortelle de cytokines qui ravagera leurs poumons.
Ma pleine forme durera pourtant sans altération sensible.
Être asymptomatique, c’est commencer à
être malade sans le savoir, sans souffrir de la maladie. L’opposition
binaire entre « santé » et « maladie » est donc trompeuse. Bien souvent
nous dissimulons cet entre-deux par des potions magiques diverses.
Qu’est-ce donc que le doliprane, le
paracétamol, l’ibuprofène et certains psychotropes que les populations
françaises et états-uniennes consomment avec avidité depuis des
décennies ? Rien d’autre que des potions magiques d’asymptomaticité.
J’ai mal à la tête, tout mon corps est douloureux, je broie des idées
noires. Ces symptômes risquent de m’empêcher de « fonctionner » si je
les laisse m’envahir. Je ne veux pas rater le boulot au risque de
manquer ma prime, je ne veux pas non plus rater cette soirée entre
amis : la potion magique de notre Brave New World médicamenté me permet
de refouler (temporairement) les symptômes – de ne pas être malade pour
le moment – et je peux vaquer à mes occupations, j’ai fait le
vide dans mes perceptions de mon état réel. J’ai refoulé mes symptômes
pour continuer à m’occuper comme c’est attendu.
Comment ne pas voir dans cette
asymptomaticité, lorsqu’elle est produite par rapport aux maladies
environnementales, la description frappante de notre rapport résigné au
capitalisme extractiviste ? Nous refoulons quotidiennement les symptômes
de la maladie qui invalide notre avenir commun. La plupart d’entre nous
– celles et ceux qui ont encore un revenu stable, un appartement
climatisé, deux repas quotidiens – agissons comme des porteurs
(apparemment) sains de la déroute climatique postillonnant nos germes de
mort sur les jeunes et les générations futures. Entre le Covid 19 et le
capitalisme consumériste, seule la direction générationnelle de la
menace change : le premier tue, en majorité, nos aînés (et les
pauvres) ; le second tuera les jeunes et les pas encore nés (et les
pauvres). Notre refuge dans l’asymptomaticité est notre problème majeur,
cette crise sanitaire nous fait entrevoir le danger qu’elle recèle.
Comment la combattre ? Au moins de deux
façons. D’abord, en faisant attention aux symptômes qui sont bel et bien
là sous nos yeux, mais dont notre regard s’est longtemps détourné
(effondrement de la biodiversité, multiplication des canicules et des
tornades, érosion des sols, fonte de la banquise et des glaciers, etc.).
Ensuite, en nous confrontant au phénomène de l’asymptomaticité comme
tel, dont le danger immédiat dans le cas du virus nous invite à
redoubler d’attention en général sur les conséquences néfastes possibles
de comportements anodins. Même les gouvernements les plus entichés de
la sacralité de l’économie capitaliste et de l’emploi productif ont dû
se plier au besoin d’arrêter la machine lorsqu’elle risquait d’emporter
trop de nos aînés. À nous de contraindre ces mêmes gouvernements à la
mettre en veilleuse lorsqu’elle compromet l’avenir de celles et ceux qui
sont encore à naître."
Cora Navirus chez: "MULTITUDES"
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