mercredi 10 juin 2020
sûr qu'on aurait dû
J'ai fait la grève pour t'écrire
alors même que mes formules
sans doute
-un peu comme d'habitude-
prenaient l'eau.
Inscrit pour quelques temps
au passage des chaloupes
virant à l'ouest,
je me laissais filer dans le courant
rejetant ses vaguelettes vers la plage,
comme un souvenir un peu vite négligé.
J'attendrais,
j'attendrais encore un peu.
Il n'y a pas de mal à s'échouer.
J'attendrais la nuit
en d'autres ombres s'achoppant sur les rochers.
j'envisagerais alors les raccourcis
et la grève des ponctuations
"Je prends acte que les bulldozers tracent aujourd’hui l’autoroute d’une civilisation aussi sommaire que le hamburger qui lui sert de mascotte.
Je prends acte du cap mis sur le chaos et de l’embolie de la conscience.
Je prends acte qu’à deux pas du charnier, j’entends les verres qui s’entrechoquent, les propos graveleux et le rire des vainqueurs.
Je prends acte que ma colère ravage plus mes artères que l’objet de ma colère.
Je prends acte que l’idée de me faire la belle ne m’a pourtant jamais effleuré.
Je prends acte que ce n’est pas une affaire d’épaules ni de biceps que le fardeau du monde, ceux qui viennent à le porter sont souvent les plus frêles.
Je prends acte que la poésie me tue à petit feu mais elle me sauve tous les jours. Je prends acte que si les années marquent sauvagement mon corps, mon cœur et ma tête restent les mêmes qu’autrefois.
Je prends acte qu’en grandissant la fin heureuse de ce conte pour enfant est une image qui a la vie dure. Je prends acte qu’Omar le clochard en bas de ma rue a mille fois plus de noblesse dans le regard que les nobles eux-mêmes.
Je prends acte que la culture du laquais est une culture en expansion intensive, que la servitude est devenue pour les miens inconsciente voire volontaire. C’est paraît-il dans l’ordre des choses…
Je prends acte que la sécurité dans la bouche des grands décideurs occidentaux n’alimente que la peur et la haine dans le reste du monde.
Je prends acte que l’avantage d’un cri c’est qu’il se reconnait dans toutes les langues.
Je prends acte que dans chaque poutre, chaque brique des bâtiments qui s’élèvent il y a la sueur et le sang du maçon.
Je prends acte que le nomade dans l’âme que je pense être devenu n’est qu’un sédentaire un peu trop imaginatif.
Je prends acte que les amours que j’ai élevées au rang de foi sont comme toutes les choses humaines, périssables elles aussi. Et qu’à l’alter ego qui pense m’ouvrir ainsi les yeux et me ramener à la dure réalité je ne dirai pas merci.
Je prends acte que la planète n’a plus envie d’être lyrique. Elle cédera lorsque les hommes n’y pourront rien et qu’ils n’auront en guise de mains que des moignons pourris peu habiles à compter l’argent.
Je prends acte que le vrai centre se situe à la marge. Qu’à la voie royale des apprentis dominateurs je préfère le sentier, la lisière, là où les oiseaux ne chantent pas encore en service commandé.
Je prends acte que je sais reconnaître sur le champ la beauté universelle.
Je prends acte que les balançoires accrochées aux étoiles sont les plus solides.
Je prends acte que Dieu le père ou la mère est comme toujours aux abonnés absents. Que si je suis croyant vos divinités n’y sont pour rien, je le suis par amour.
Je prends acte qu’il n’y a pas de nuit qu’on ne puisse affronter, pas de ténèbres sans ligne d’horizon. Cela dit c’est de persister qu’il s’agit."
Marc Nammour - Je prends acte
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" La principale cause de la misère publique, c'est le nombre excessif de nobles, frelons oisifs qui se nourrissent de la sueur et du travail d'autrui, et qui font cultiver leurs terres, en rasant leurs fermiers jusqu'au vif, pour augmenter leurs revenus ; ils ne connaissent pas d'autres économie."
Thomas More extrait de: "L'Utopie"
"La mémoire de la vie des gens se conserve dans des parcelles séparées, chacune d'elles avec son émotion et sa coloration, je crois même qu'elles ne se mélangent pas. Raconter à la suite, en enfilade, ce n'est vraiment que pour les choses de peu d'importance."Joâo Guimarâes Rosa
"Sûr qu’on aurait pu
qu’on aurait dû
sentir le vent
tourner de l’œil
perdre son sang
fendre le ciel
cinglant
sûr qu’on a eu tort
de faire le mort
bien que vivants
devant les plaines
pleines de champs
pleines de graines
et maintenant.../..."
lundi 8 juin 2020
on ne sait jamais
"J'ai découvert que le secret du voyage est dans l'attente et nulle part ailleurs."
Victor-Levy Beaulieu
"L'ennui avec l'absolu c'est que quand on le quitte, on tombe nécessairement dans le relatif."
Jean-Claude Clari
"Le plaisir est trop éphémère, la musique ne nous soulève un moment que pour nous laisser plus tristes, mais le sommeil est une compensation. Même lorsqu'il nous a quittés, il nous faut quelques secondes pour recommencer à souffrir ; et l'on a, chaque fois qu'on s'endort, la sensation de se livrer à un ami. Je sais bien que c'est un ami infidèle, comme tous les autres ; lorsque nous sommes trop malheureux il nous abandonne aussi. Mais nous savons qu'il reviendra tôt ou tard, peut être sous un autre nom, et que nous finirons par reposer en lui. Il est parfait quand il est sans rêves ; on pourrait dire que, chaque soir, il nous réveille de la vie."
Marguerite Yourcenar
"Retranche tous ces engagements
que tu voyais s'imposer à toi
et qui sont autant de bagages
qui t'entraînent au fond de la mer."
Diogène de Sinope
"L'avenir n'appartient à personne.
il n'y a pas de précurseurs,
il n'existe que des retardataires."
Jean Cocteau
"On ne se découvre qu'en se tournant vers ce que l'on n'est pas."
Paul Auster
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Des fois que...
mais encore
on ne sait jamais.
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"La vie se passera sereinement de nous, nous ne sommes pas indispensables, individus ou espèce tout entière, à cette merveilleuse machine du monde."
Erri de Luca
"On n'a jamais vraiment voyagé tant qu'on n'est pas rentrè chez soi."
Terry Pratchett
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