Jamais sans mon phare.
C'est dans les vieux éclaireurs que l'on fait les bonnes soupes de Loire.
Mais qui reprendra le flambeau?
"Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu."
Jean D'Ormesson
Découvert chez: KUB:
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Chez Reporterre:
Non au retour à un Etat fort, misons sur le local et la société.
"Plutôt que le retour à un État fort, « l’antidote au Covid-19 passe par un nouveau pouvoir d’agir des citoyens à l’échelle des territoires »,
estiment les auteurs de cette tribune. Ils misent sur une réinvention
profonde de notre État providence et la création d’une « société providence ».
Achille Warnant est doctorant en géographie à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) (Géographie-Cités) et Damien Zaversnik est haut fonctionnaire territorial et président de l’association La Cordée,
qui œuvre pour la promotion de la diversité sociale dans les secteurs
public et para-public. La liste des signataires de cette tribune est en
fin de texte.
« On ne pourra pas, après cette crise, continuer de gouverner le monde avec les outils, les institutions, les idées du passé. » La déclaration paraît d’actualité. Elle date pourtant du 23 octobre 2008, autant dire une éternité. Prononcée par Nicolas Sarkozy à l’occasion d’un discours « vérité » destiné à rassurer les marchés autant que les épargnants, l’annonce ne sera jamais suivie d’effets.
Une décennie plus tard, alors que la crise sanitaire liée au Covid-19, encore largement devant nous, provoque l’affolement des marchés et que le ministre de l’Économie en personne évoque « une situation comparable à 1929 », il est permis de douter que les « outils, les institutions et les idées » aient été, depuis, réellement renouvelés.
La France bénéficie pourtant, grâce à son système redistributif, de puissants amortisseurs contre les crises économiques. Chaque année, plus de mille milliards d’euros de taxes, d’impôts et de cotisations sociales sont prélevés, puis redistribués par les administrations publiques, soit 46 % du PIB (+ 4,5 points que nos voisins européens). Ce système complexe assure le financement des services publics, protège les individus contre les risques qui peuvent les affecter au cours de leur vie (vieillesse, maladie, chômage, accident du travail) et permet d’amoindrir les inégalités sociales et territoriales.
Ce mouvement a fragilisé des pans entiers du territoire – des villes petites et moyennes isolées aux quartiers populaires de banlieue, en passant par certains territoires ruraux, sans oublier, bien sûr, ceux de l’outre-mer –, qui ne sont plus aussi bien protégés qu’en 2008 contre la crise qui vient.
La crise a montré notre capacité de résilience dans la profusion d’initiatives de solidarité à l’échelle de l’ultraproximité. Distribution d’aides aux plus fragiles, production locale de masques, organisation des mesures sanitaires par les maires, etc. L’engagement des territoires et des citoyens sont des remparts puissants face à la dislocation. Si l’épidémie a terrassé la doctrine de mise en concurrence, un nouveau monde reste désormais à inventer. Il s’imaginera à partir des territoires dans leur diversité.
Relocalisation de l’économie, développement de circuits courts d’alimentation, maillage des services de santé, etc. Les solutions ne seront efficaces que si elles sont construites sur le terrain par les acteurs qui les portent. L’antidote au Covid-19 passe par un nouveau pouvoir d’agir des citoyens à l’échelle des territoires.
Cette vision du monde ne saura se concrétiser dans la seule capacité d’initiatives des territoires. Elle commande une réinvention profonde de notre État providence, sans quoi il n’y a ni émancipation sociale des individus, ni égalité de traitement des citoyens. Cette nouvelle « société providence », où la responsabilité de la solidarité est partagée, ne peut plus être fondée sur la simple redistribution des fruits d’une croissance économique destructrice pour notre écosystème. Permettre à chacun un revenu minimal d’existence, assurer une qualité égale des services publics pour tous et partout, innover dans la création d’entreprises sociales au service des besoins locaux, assumer la fonction de puissance publique employeuse en dernier ressort face à la crise sociale, de multiples pistes germent de notre nouvelle époque. Les concrétiser reste nécessaire, c’est désormais d’un grand plan de relance de l’imagination collective dont nous avons besoin. L’énergie, elle, est déjà là."
Aurore Bimont, accompagnatrice de transitions écologiques et démocratiques
Mohamed Gnabaly, maire de l’Île-Saint-Denis
Justine Guyot, maire de Decize
Patrice Joly, sénateur de la Nièvre
Nadine Levratto, économiste
Éric Piolle, maire de Grenoble
Achille Warnant, doctorant en géographie
Damien Zaversnik, haut fonctionnaire territorial.
« On ne pourra pas, après cette crise, continuer de gouverner le monde avec les outils, les institutions, les idées du passé. » La déclaration paraît d’actualité. Elle date pourtant du 23 octobre 2008, autant dire une éternité. Prononcée par Nicolas Sarkozy à l’occasion d’un discours « vérité » destiné à rassurer les marchés autant que les épargnants, l’annonce ne sera jamais suivie d’effets.
Une décennie plus tard, alors que la crise sanitaire liée au Covid-19, encore largement devant nous, provoque l’affolement des marchés et que le ministre de l’Économie en personne évoque « une situation comparable à 1929 », il est permis de douter que les « outils, les institutions et les idées » aient été, depuis, réellement renouvelés.
La France bénéficie pourtant, grâce à son système redistributif, de puissants amortisseurs contre les crises économiques. Chaque année, plus de mille milliards d’euros de taxes, d’impôts et de cotisations sociales sont prélevés, puis redistribués par les administrations publiques, soit 46 % du PIB (+ 4,5 points que nos voisins européens). Ce système complexe assure le financement des services publics, protège les individus contre les risques qui peuvent les affecter au cours de leur vie (vieillesse, maladie, chômage, accident du travail) et permet d’amoindrir les inégalités sociales et territoriales.
La remise en cause de notre système redistributif a fragilisé des pans entiers du territoire
Depuis une dizaine d’années, cependant, celui-ci est remis en cause par les politiques d’austérité et de flexibilisation du marché du travail menées par les gouvernements successifs, encouragés par les institutions européennes. Alors que, déjà, « plus rien ne serait comme avant », le retrait de l’État des territoires, amorcé au tournant des années 1980, s’est accentué avec la réduction du nombre de fonctionnaires, la baisse des dotations aux collectivités locales, la suppression de classes dans les écoles, de lits dans les hôpitaux ou les maternités, avec la fermeture de gares, de gendarmeries ou de bureaux de poste…Ce mouvement a fragilisé des pans entiers du territoire – des villes petites et moyennes isolées aux quartiers populaires de banlieue, en passant par certains territoires ruraux, sans oublier, bien sûr, ceux de l’outre-mer –, qui ne sont plus aussi bien protégés qu’en 2008 contre la crise qui vient.
Nous avons besoin d’un grand plan de relance de l’imagination collective
Sous l’égide de cette politique, la puissance publique s’est auto-affaiblie avec, pour corollaire, le retrait de la République en tant que commun. L’égalité des territoires n’est plus que chimère et le sentiment d’abandon domine pour nombre de Français. L’urgence de la reprise économique commanderait désormais, dit-on, une verticalisation accrue des pouvoirs. Devant l’inconnu, d’aucuns en appellent au retour d’un État fort qui, sous couvert de l’autorité du chef, recouvrerait la souveraineté du pays. C’est en réalité tout l’inverse qu’il faut faire.La crise a montré notre capacité de résilience dans la profusion d’initiatives de solidarité à l’échelle de l’ultraproximité. Distribution d’aides aux plus fragiles, production locale de masques, organisation des mesures sanitaires par les maires, etc. L’engagement des territoires et des citoyens sont des remparts puissants face à la dislocation. Si l’épidémie a terrassé la doctrine de mise en concurrence, un nouveau monde reste désormais à inventer. Il s’imaginera à partir des territoires dans leur diversité.
Relocalisation de l’économie, développement de circuits courts d’alimentation, maillage des services de santé, etc. Les solutions ne seront efficaces que si elles sont construites sur le terrain par les acteurs qui les portent. L’antidote au Covid-19 passe par un nouveau pouvoir d’agir des citoyens à l’échelle des territoires.
Cette vision du monde ne saura se concrétiser dans la seule capacité d’initiatives des territoires. Elle commande une réinvention profonde de notre État providence, sans quoi il n’y a ni émancipation sociale des individus, ni égalité de traitement des citoyens. Cette nouvelle « société providence », où la responsabilité de la solidarité est partagée, ne peut plus être fondée sur la simple redistribution des fruits d’une croissance économique destructrice pour notre écosystème. Permettre à chacun un revenu minimal d’existence, assurer une qualité égale des services publics pour tous et partout, innover dans la création d’entreprises sociales au service des besoins locaux, assumer la fonction de puissance publique employeuse en dernier ressort face à la crise sociale, de multiples pistes germent de notre nouvelle époque. Les concrétiser reste nécessaire, c’est désormais d’un grand plan de relance de l’imagination collective dont nous avons besoin. L’énergie, elle, est déjà là."
- Liste des signataires :
Aurore Bimont, accompagnatrice de transitions écologiques et démocratiques
Mohamed Gnabaly, maire de l’Île-Saint-Denis
Justine Guyot, maire de Decize
Patrice Joly, sénateur de la Nièvre
Nadine Levratto, économiste
Éric Piolle, maire de Grenoble
Achille Warnant, doctorant en géographie
Damien Zaversnik, haut fonctionnaire territorial.
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Chez: "Des mots de minuit"
"L'éducation ne ses borne pas à l'enfance et à l'adolescence.
L'enseignement ne se limite pas à l'école.
Toute la vie notre milieu est notre éducation, et un éducateur à la fois sévère et dangereux."
Paul Valéry
L'ennui dans ce monde c'est que les idiots sont sûrs d'eux et les gens sensés plein de doutes."
Bertrand Russel
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illustration source: Toile