Dans le poste:
"J’écris de la maison parce que c’est moins loin de chez moi, le 3 avril 2020
Depuis quelques jours, « Les passantes » tournent lentement dans ma tête. La chanson triste et belle de Henri Pol et Georges Brassens. « À celles qui sont déjà prises / Et qui, vivant des heures grises / Près d’un être trop différent / Vous ont, inutile folie / Laissé voir la mélancolie/ D’un avenir désespérant. »
Aujourd’hui, les passantes ne passent plus. Certaines sont confinées auprès de cet être trop différent, prisonnières de cet avenir désespérant. Et c’est à elles que je m’adresse.
À vous, qui n’aviez que l’air libre pour respirer, la rue, le travail, les copines, tous ces instants sans lui. À vous, qui rentrez le soir la peur au ventre, en l’entendant marcher derrière la porte. À vous, que ses silences terrorisent autant que ses cris. À vous, qui cachez aux autres vos yeux meurtris derrière des sourires tristes. À vous, qui prétendez une fois encore vous être cognées contre un meuble. À vous, qui redoutez que sa main se transforme en poing. À vous, qui protégez vos enfants de sa rage. À vous qui pleurez tout bas. À vous, qui êtes prisonnières du virus, de vos murs, d’un homme cogneur. À vous, qui êtes captives d’un salaud.
Je ne connais pas votre prénom, mais à le prononcer, voilà les prénoms du monde. Tous les visages. Toutes les couleurs de peau. Peu importe votre vie. Beaux quartiers, quartiers vilains, vos larmes ont le même goût de sel. Et où que ce soit. Dans cette pièce misérable ou ce salon somptueux, vous êtes sœurs de douleurs.
Nous rendons hommage, et c’est justice, aux soignants qui combattent à mains nues. Aux inconnus, aux invisibles, à ceux qui font que la machine cahote sans s’arrêter.
Mais vous, qui vous console ? Lorsque vous souffrez, lorsque vous mourrez, je n’entends monter que des voix de femmes. Ils sont où, les hommes ? Pas les mecs, les hommes ? Ceux qui devraient combattre à vos côtés ?
Depuis des jours, le salaud a fixé un bracelet électronique à votre cheville. La promenade se fera autour du pâté de maison. Quelques courses et retour à la case prison. Les enfants, le ménage et le salaud qui ne sait plus quoi faire de lui. Qui occupe le coin télé. Le salaud qui boit la bière de trop.
Nous sommes loin de vous, passantes. Nous, applaudissant aux fenêtres, vous dissimulées derrière vos volets. Mais sachez que nous pensons à vous.
Nous pensons à vous parce qu’en plus des murs clos, un Minotaure vous terrorise. Et que cette idée doit nous être insupportable, à tous. Pas seulement en ces temps prisonniers mais après, bien après, lorsque nous nous embrasserons dans la rue et que vous resterez en cellule.
Sur nos autorisations de circuler, une case indique: « déplacements pour motif familial impérieux, pour l’assistance à personnes vulnérable ». En cas de danger, vous êtes cette personne vulnérable. Et vous mettre à l’abri est un devoir impérieux.
C’est à vous, a dit le poète, que je voulais dédier ces mots…"
Sorj Chalandon
"Doublement confinés"
"A
tous ceux qui sont cloitrés au coeur des grandes villes, dans des
appartements exigus ou des logements sans jardin ni cour, nous espérons
que cette lettre vous apportera un peu d'air iodé et un souffle de
répit. L'île d'Ouessant n'échappe pas à la règle en ces jours d'épidémie
: les bateaux de la Penn ar Bed nous apporte les produits de premières
nécessités deux fois par semaine, les mardis et les jeudis, ainsi que le
courrier et les journaux.
Mais
nous nous rendons compte de la chance que nous avons d'habiter à
Ouessant toute l'année, surtout en cette période de pandémie mondiale.
Pour le moment, pas de cas de Covid-19 sur notre territoire insulaire.
Mais son arrivée pourrait s'avérer catastrophique : 58% de notre
population est âgée 60 ans et plus... Et l'hôpital le plus proche est à
2h30 de bateau. Déjà, une grande partie de l'économie insulaire est
arrêtée, économie fragile car dépendante à 90% du secteur touristique.
Il nous faudra du temps pour redresser la barre, mais notre devise est
ancrée dans nos gènes : "Mar kouez en em sav", S'il tombe, il se
relève.
Un bouillon de Nature
Aux
antipodes de cette paralysie économique et sociale qui touche
actuellement notre société, la Nature semble gagner du terrain. Ou en
tous cas, elle le fait savoir. Jamais les piaillements des oiseaux des
jardins n'ont été aussi abondants et claironnants ! La circulation des
véhicules étant aussi à l'arrêt sur notre île, toutes les intonations
des êtres vivants paraissent ainsi amplifiées. Les insectes sont eux
aussi omniprésents : abeilles noires et bourdons s'en donnent à coeur
joie et s'activent à qui mieux mieux au ras des pelouses comme dans les
chatons de saules. Sur les grèves, le vrombissement des flux et reflux
de la marée semble intensifié : aucun navire pour les dompter.
Qui
n'a jamais rêvé de se sentir seul au monde sur une île déserte ? C'est
un peu la sensation qui se dégage à Ouessant de ce "double confinement".
Une situation inédite et à l'opposé de la reprise habituelle de la
saison touristique dès les prémices du printemps. Y plane aussi comme un
doux parfum d'enfance : nous profitions alors pleinement de la
renaissance de la Nature sans nous soucier aucunement de la reprise
économique. Le brouillard insulaire à des allures de bruine de jouvence,
et on se plaît à se remémorer des souvenirs en ressortant de vieilles
photos jaunies. L 'île incarnait une forteresse naturelle imprenable,
gage de notre sécurité à tous."
Courage à tous !
Ondine
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"Pour limiter les pandémies, les humains doivent décoloniser le monde"
la suite chez: Reporterre
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A l'heure ou certains à caddie fourchon mettent allégrement que dis-je convulsivement la main à la pâte
l'eusses-tu cru
dans ma promenade aussi digestive qu'autorisée par la marée des chaussées
soudainement levant la tête
Tiens!
Très bon cru ma foi
même s'il eut fallu le boire tout de suite.
pour cause de mauvaise conservation...
Parfois on tombe dans je voulais dire sur le panneau naturlich 👀
Bonjour-vous
Fait beau là-haut?
" Beau temps
belle mer
y-a du poisson"
alors nous reviendrons (peut-être)