lundi 12 septembre 2016

du vent et des voiles



"La liberté de pensée ne loge dans aucune religion, dans aucun système politique ou philosophique...pas plus dans l'athéisme que dans la laïcité.
Tout cela représente des robes, des voiles et des attachées et pensée va toute nue..."
Jacqueline Kelen




 photo prise et empruntée  au festival photo de La Gacilly-Collège D'Elven-

"Les épousailles avec soi, dans le secret d'une solitude fertile, permettent une alliance avec l'autre qui ne portera pas atteinte à l'intégrité de chacun. Mais tant que l'individu cherche à l'extérieur celui qui le complètera, qui répondra à ses manques, il ne pourra que nouer des relation intéressés ou précaires, il fera un mariage bancal. Lorsqu'il s'est mis au monde, lorsqu'il se sait entier, il envisage avec les autres des liens sous le signe de la liberté et de la gratuité. On ne veut posséder l'autre que si soi-même on se sent incomplet. D'une façon féroce, René Daumal a analysé la situation dans La Grande Beuverie, par l'intermédiaire de "la grande voix derrière les fagots". Voici ce qu'elle dit, la voix: "Quand il est seul, le microbe (j'allais dire "l'homme") réclame une âme sœur, comme il pleurniche, pour lui tenir compagnie. Si l'âme sœur arrive, ils ne peuvent plus supporter d'être deux, et chacun commence à se frénétiser pour devenir un avec l'objet de ses tiraillements intestins. N'a pas de bon sens: un, veut être deux; deux, veut être un."

Le geste naturel au sentiment amoureux est de toucher, de prendre, bientôt d'accaparer. Beaucoup s'imaginent que l'amour va mettre fin à leur solitude alors que c'est la solitude qui permet l'éclosion et la durée de l'amour.
Les uns vivent en couple dés qu'ils quittent leurs parents, les autres se précipitent dans les aventures toujours décevantes, d'autres sortent sans arrêt pour rencontrer quelqu'un, en fait pour ne pas se retrouver seuls: tous, à leur manière, croient briser ou conjurer leurs solitudes, mais ce besoin des autres, ce besoin d'être à deux va aggraver plus encore leur sentiment d'isolement. Bien sur, tout l'environnement social, les joyeuses familles et les couples satisfaits sont là pour asséner à l'individu qu'être seul c'est vivre mal, c'est vivre à moitié. Peu rétorquent qu'à vivre toujours ensemble on devient l'ombre de soi-même et que d'un autre point de vue "deux est la moitié d'un". "
 Jacqueline Kelen


    Festival photo La Gacilly-"jeune couple dans une voiture artisanale Tokyo 1962"


"La vie solitaire d'un penseur, d'un artiste, d'un ermite est un engagement, jamais une solution.L'expérience de solitude s'avère indispensable à tout être qui veut conquérir ou sauvegarder sa liberté; en ces heures privilégiées, l'individu n'est plus cet homme moyen, mécanique ou "neuronal", cible facile des sondages, de la mode et des médias; il s'éprouve être unique, oiseau rare. Il se distingue. De là on qualifiera de pensée aristocratique toute célébration de la solitude alors que celle-ci est bien moins dédaigneuse qu'exigeante, dénotant une vigilance rebelle. Résister à la facilité comme à la résignation, demeurer discret sinon secret, ce sont là de beaux titres de noblesse. Il faut un courage constant, une passion tenue, comme on dit d'une note ou d'un pari, pour oser être soi, pour ne pas renier ses valeurs ni ses rêves.

Le besoin de reconnaissance apparait bien comme le talon d'Achille de tout individu. Il explique que, pour se sentir compris ou acceptés, la plupart des hommes
préfèrent renoncer à leur liberté, à leur singularité. Le véritable solitaire ne cherche ni à plaire ni à être réconforté. Sa grande force vient de ce qu'il n'est point troublé par les agissements et les opinions du monde: quand on vit seul, on ne donne pas prise, on ne se situe plus par rapport au général mais par rapport à l'absolu."
Jacqueline Kelen -extraits de "L'esprit de solitude" Editions Albin Michel



"Une fois que l'on a donné son opinion, il serait logique qu'on ne l'ait plus."
Albert Brie

dimanche 11 septembre 2016

avec des si


"tu grattes la corde jusqu'à trouver un son.
Un si penses-tu, mais ce n'est qu'une supposition.
tu te choppes un petit rythme à quatre temps, en tapant du pied dans le gravier de coquillages pour mettre de la couleur, et soudain ça swingue.
Il y a un peu d'espace là-dedans pour de l'émotion.
Boom-boom-boom-boom.
C'est le petit boogie bien carré à une seule corde de M. John Lee Hooker.
C'est long John Baldry. C'est Elmore James et Sleepy John Estes.
C'est une guimbarde qui claque le long de l'arbre et s'amplifie dans le grès, appelant à la rescousse la guitare slide et le banjo.
Pas du blue-grass d'accord mais du brown-grass au moins, et faut que le reste de toi chante avec ça;
t'as tout simplement pas moyen de te débiner. 

ça te fait rire, bon sang
ça te fait bourdonner les dents.
Boom-booma-boom-boo!
Une seule note.
Une, une, une, une.
Oui Bill. Toi Bill. Un commandement.
Une joie. Un désir. Une malédiction. Un poids. Une mesure. Un Roi. Un Dieu. Une Loi.
Un, un,un,un-Tu montes et tu descends ta note comme un chiot le flanc d'une dune jusqu'à ce que tu ne sentes plus ni tes piqûres de moustiques infectées, ni tes yeux chassieux, ni ta nuque dévorée par le soleil, jusqu'à ce que tu ne sois plus un seul instant vide, ni un poil perdu, ni un brin terrifié.
Tu es seulement barré dans tes uns que tu n'es plus un rien.
Tu es une multiplication résonnante.
Tu es une foule.../..."
Tim Winton
 extrait de: "Par-dessus le bord du monde".traduit de l'anglais (Australie) par Nadine Gassie-Editions Rivages






Derrière la porte rouge
je te fiche mon billet vert,
vers la théorie des mélanges
entre réel déplacé dans l'imaginaire.
Vérités sur pellicule,
impressions multiples et télescopiques
et les arbres pour couronner le tout
et nous faire la cour côté jardin;
comme si de rien naissait:
L'acrostiche






Avec des si, on coupe le bois.



"Si la matière grise était plus rose, le monde aurait moins les idées noires."
Pierre Dac





Avec des si, on mettrait des mots à la place des points de suspension 
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