"La liberté de pensée ne loge dans aucune religion, dans aucun système politique ou philosophique...pas plus dans l'athéisme que dans la laïcité.
Tout cela représente des robes, des voiles et des attachées et pensée va toute nue..."
Jacqueline Kelen
photo prise et empruntée au festival photo de La Gacilly-Collège D'Elven-
"Les
épousailles avec soi, dans le secret d'une solitude fertile, permettent
une alliance avec l'autre qui ne portera pas atteinte à l'intégrité de
chacun. Mais tant que l'individu cherche à l'extérieur celui qui le
complètera, qui répondra à ses manques, il ne pourra que nouer des
relation intéressés ou précaires, il fera un mariage bancal. Lorsqu'il
s'est mis au monde, lorsqu'il se sait entier, il envisage avec les
autres des liens sous le signe de la liberté et de la gratuité. On ne
veut posséder l'autre que si soi-même on se sent incomplet. D'une façon
féroce, René Daumal a analysé la situation dans La Grande Beuverie, par
l'intermédiaire de "la grande voix derrière les fagots". Voici ce
qu'elle dit, la voix: "Quand il est seul, le microbe (j'allais dire
"l'homme") réclame une âme sœur, comme il pleurniche, pour lui tenir
compagnie. Si l'âme sœur arrive, ils ne peuvent plus supporter d'être
deux, et chacun commence à se frénétiser pour devenir un avec l'objet de
ses tiraillements intestins. N'a pas de bon sens: un, veut être deux; deux, veut être un."
Le geste naturel au sentiment amoureux est de toucher, de prendre, bientôt d'accaparer. Beaucoup s'imaginent que l'amour va mettre fin à leur solitude alors que c'est la solitude qui permet l'éclosion et la durée de l'amour.
Les uns vivent en couple dés qu'ils quittent leurs parents, les autres se précipitent dans les aventures toujours décevantes, d'autres sortent sans arrêt pour rencontrer quelqu'un, en fait pour ne pas se retrouver seuls: tous, à leur manière, croient briser ou conjurer leurs solitudes, mais ce besoin des autres, ce besoin d'être à deux va aggraver plus encore leur sentiment d'isolement. Bien sur, tout l'environnement social, les joyeuses familles et les couples satisfaits sont là pour asséner à l'individu qu'être seul c'est vivre mal, c'est vivre à moitié. Peu rétorquent qu'à vivre toujours ensemble on devient l'ombre de soi-même et que d'un autre point de vue "deux est la moitié d'un". "
Festival photo La Gacilly-"jeune couple dans une voiture artisanale Tokyo 1962"
"La
vie solitaire d'un penseur, d'un artiste, d'un ermite est un
engagement, jamais une solution.L'expérience de solitude s'avère
indispensable à tout être qui veut conquérir ou sauvegarder sa liberté;
en ces heures privilégiées, l'individu n'est plus cet homme moyen,
mécanique ou "neuronal", cible facile des sondages, de la mode et des
médias; il s'éprouve être unique, oiseau rare. Il se distingue. De là on
qualifiera de pensée aristocratique toute célébration de la solitude
alors que celle-ci est bien moins dédaigneuse qu'exigeante, dénotant une
vigilance rebelle. Résister à la facilité comme à la résignation,
demeurer discret sinon secret, ce sont là de beaux titres de noblesse.
Il faut un courage constant, une passion tenue, comme on dit d'une note
ou d'un pari, pour oser être soi, pour ne pas renier ses valeurs ni ses
rêves.
Le besoin de reconnaissance apparait bien comme le talon d'Achille de tout individu. Il explique que, pour se sentir compris ou acceptés, la plupart des hommes préfèrent renoncer à leur liberté, à leur singularité. Le véritable solitaire ne cherche ni à plaire ni à être réconforté. Sa grande force vient de ce qu'il n'est point troublé par les agissements et les opinions du monde: quand on vit seul, on ne donne pas prise, on ne se situe plus par rapport au général mais par rapport à l'absolu."
Le besoin de reconnaissance apparait bien comme le talon d'Achille de tout individu. Il explique que, pour se sentir compris ou acceptés, la plupart des hommes préfèrent renoncer à leur liberté, à leur singularité. Le véritable solitaire ne cherche ni à plaire ni à être réconforté. Sa grande force vient de ce qu'il n'est point troublé par les agissements et les opinions du monde: quand on vit seul, on ne donne pas prise, on ne se situe plus par rapport au général mais par rapport à l'absolu."
Jacqueline Kelen -extraits de "L'esprit de solitude" Editions Albin Michel
"Une fois que l'on a donné son opinion, il serait logique qu'on ne l'ait plus."
Albert Brie