"Voici venu le temps où les catastrophes humaines s'ajoutent aux
catastrophes naturelles pour abolir tout horizon. Et la première
conséquence de ce redoublement catastrophique est que sous prétexte d'en
circonscrire les dégâts, réels et symboliques, on s'empêche de regarder
au-delà et de voir vers quel gouffre nous avançons de plus en plus
sûrement.(...)
Trop d'objets, trop d'images, trop de signes se neutralisant en une
masse d'insignifiance, qui n'a cessé d'envahir le paysage pour y opérer
une constante censure par l'excès.
Le fait est qu'il n'aura pas fallu longtemps pour que ce "trop de
réalité" se transforme en un "trop de déchets". Déchets nucléaires,
déchets chimiques, déchets organiques, déchets industriels en tous
genres, mais aussi déchets de croyances, de lois, d'idées dérivant comme
autant de carcasses et de carapaces vides dans le flux du périssable.
Car s'il est une caractéristique du siècle commençant, c'est bien ce
jetable qu'on ne sait plus ni où ni comment jeter et encore moins
penser.
De là, un enlaidissement du monde qui progresse sans que l'on y prenne
garde, puisque c'est désormais en-deçà des nuisances spectaculaires,
que, d'un continent à l'autre, l'espace est brutalisé, les formes
déformées, les sons malmenés jusqu'à modifier insidieusement nos
paysages intérieurs."
nous savons aussi que les ingérences étrangères prospèrent lorsqu’une
société est fracturée, abîmée et pessimiste. Il faut donc penser un
projet de société qui réduise les fractures et les inégalités et recrée
du lien social, du dialogue. "
"Trois fois le vent, plus libre et plus furieux qu'un ange,
a soufflé dans son cor auprès de la maison.
Qu'un ange? c'est un ange évadé de prison
qui descend l'escalier mais que l'ombre dérange."
Robert Desnos
" J'ai éclaté de rire. Et j'ai relevé la tête. Ce jour-là, j'ai compris
qu'on pouvait vivre avec nos morts. Qu'il fallait simplement décider
d'une nouvelle grammaire, inventer de nouveaux signes, être attentif à
tout ce qu'on ne regarde pas habituellement"
" Puisqu'on a accordé cette personnalité juridiques aux sociétés, qu'on
leur a donné des droits comme aux personnes physiques, qu'il s'agit
d'une fiction (puisqu'une société ne respire pas, n'a pas d émotions, ne
marche pas sur deux jambes, etc.), il serait tout a fait possible
d'imaginer le même processus pour un arbre, pour un fleuve ou pour un
nuage."
"Il n'existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne car il
n'existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite pour la
première fois et sans préparation. Comme si un acteur entrait en scène
sans avoir jamais répété. Mais que peut valoir la vie, si la première
répétition de la vie est la vie même? C'est ce qui fait que la vie
ressemble toujours à une esquisse. Mais même "esquisse" n'est pas le mot
juste, car une esquisse est toujours l'ébauche de quelque chose, la
préparation d'un tableau, tandis que l'esquisse qu'est notre vie est une
esquisse de rien, une ébauche sans tableau."
Milan Kundera
" Bien des gens, des gens de gauche comme des conservateurs, se sentent en
difficulté quand on leur demande de critiquer la religion. Mais si
seulement on pouvait faire la distinction entre la pratique religieuse
privée et l'idéologie politisée dans la sphère publique, il serait plus
facile de voir les choses telles qu'elles sont et de parler librement
sans avoir à s'inquiéter de heurter des sensibilités.
Dans la vie privée, croyez ce que vous voulez. Mais dans le monde
tumultueux de la politique et de la vie publique, aucune idée ne saurait
être protégée et soustraite à la critique."
Salman Rushdie extrait de: "Le couteau"
"Nous n'avons plus besoin de figure (s) de l'autorité parentale, d'un
Créateur ou de plusieurs Créateurs pour expliquer l'univers ou notre
propre évolution. Et nous n'avons pas besoin, disons plus modestement,
je n'ai pas besoin de commandements de papes, ou de serviteurs de dieu
d'aucune sorte pour me communiquer des principes moraux. J'ai mon propre
sens de l'éthique, merci bien. Dieu ne nous a pas transmis la morale.
Nous avons créé Dieu pour incarner nos instincts moraux."
"Notre élément, c'est l'éternelle immaturité. Ce que nous pensons ou
sentons aujourd'hui sera fatalement une sottise pour nos
arrière-petits-enfants. Mieux vaudrait donc accepter dans tout cela dès
maintenant la part de sottise que révélera l'avenir. Et cette force qui
vous contraint à vous définir trop tôt n'est pas, comme vous le pensez,
d'origine entièrement humaine. Nous nous rendrons compte bientôt que le
plus important n'est plus de mourir pour des idées, des styles, des
thèses, des slogans, des croyances, ni de s'enfermer en eux et de se
bloquer, mais bien de reculer un peu et de prendre ses distances avec
tout ce qui nous arrive."
Witold Gombrowicz
"On a pas encore découvert de langage qui pourrait exprimer d'un seul coup ce qu'on perçoit en un clin d'oeil."
Nathalie Sarraute
"Pourvu qu’on ne soit pas en manque, la solitude peut être en soi un plaisir fort."
"Je remercie la vie de m'avoir permis d'espérer.
Je remercie le monde de m'être apparu si grand .
Je remercie les hommes pour ce qu'ils m'ont enseigné .
Je remercie les femmes qui m'ont rendu moins méchant ......"
Serge Utgé-Royo extrait de: "Et mon refrain sera du vent."
"L'imagination est une grande puissance dont, généralement, on ne tient pas assez compte dans la société."
Mikhaïl Bakounine
"Jéhovah [...] ayant créé Adam et Eve, par on ne sait quel caprice, sans
doute pour tromper son ennui qui doit être terrible dans son
éternellement égoïste solitude, ou pour se donner des esclaves nouveaux,
avait mis généreusement à leur disposition toute la terre, avec tous
les fruits et tous les animaux de la terre, et il n'avait posé à cette
complète jouissance qu'une seule limite. Il leur avait expressément
défendu de toucher aux fruits de l'arbre de la science. Il voulait donc
que l'homme, privé de toute conscience de lui-même, restât une bête,
toujours à quatre pattes devant le Dieu éternel, son Créateur et son
Maître.
Mais voici que vient Satan, l'éternel révolté, le premier libre penseur
et l'émancipateur des mondes. Il fait honte à l'homme de son ignorance
et de son obéissance bestiales ; il l'émancipe et imprime sur son front
le sceau de la liberté et de l'humanité, en le poussant à désobéir et à
manger du fruit de la science."
" L’entrepôt d’Amazon est si vaste, la pause médiane si courte,
l’interdiction de se parler si respectée, la proportion d’intérimaires
si grande, le turnover des effectifs si incessant que deux employés ne
se voient jamais assez souvent ou assez longtemps pour simplement se
reconnaître quand ils se croisent. Sur la base de quoi on doute que les
animations du genre karaoké sur le parking remplissent l’objectif
managérial de créer du lien, ou que les conversations pendant le
café-croissant offert le vendredi en bout de nuit puissent ne pas piquer
du nez. La viennoiserie industrielle à peine engloutie, chacun se
traîne vers le parking en rêvant d’un lit."
François Bégaudeau
" - Brillant ! Tout simplement. Le bel aphorisme que voilà ! J'en bave.
Parfois il suffit de quelques mots et tout est dit. Toute la condition
humaine contenue dans une suite de lettres judicieusement agencées.
C'est vertigineux ! Aphorisme qui résume à merveille tout l'aspect
dérisoire de nos exigences... Quand notre enveloppe charnelle nous fait
faux bond, que prend-on ? Pourquoi ? Où est donc or ni car ? Car en
somme que sont les biens matériels dans la perspective macro-temporelle ?
Qu'emporterons-nous au fond ? « Au fond » si je puis dire huhu... Et
cette forme interrogative, quelle légèreté, quelle humilité ! On
n'assène pas, on interroge, toute la nuance est là... Je dis bravo. Car,
à l'instar de la tradition socratique, la réponse importe moins que la
question... Question qui pourrait être : « qu'est-ce que posséder ? ».
Ce que nous possédons ne finit-il donc pas par nous posséder ? Je vous
le demande...
- .. Euh... Oui... Mais donc : sur place ou à emporter ? ..."
Fabcaro -extrait de : "Achille Talon est un homme moderne"
Je
suis tendre
Et j’ai perdu mon temps
A rêver sans
dormir
A dormir en marchant
Partout où j’ai passé
J’ai trouvé mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté
le néant
Mais je porte accroché au plus haut des entrailles
A la place où la foudre a frappé trop souvent
Un cœur
où chaque mot a laissé son entaille
Et d’où ma vie
s’égoutte au moindre mouvement »
Pierre Reverdy
"Puisque nous devons souffrir, autant créer
le monde dans lequel nous souffrons. C'est ce que les héros font
spontanément, les artistes consciemment, et tous les hommes selon
leurs capacités".
"L’homme est une invention dont
l’archéologie de notre pensée montre aisément la date récente.
Et peut-être la fin prochaine. Si ces dispositions venaient à
disparaître comme elles sont apparues (…) alors on peut bien
parier que l’homme s’effacerait, comme à la limite de la mer un
visage de sable" Michel Foucault
Aujourd'hui, sainte tarte à la banane
(Combien de divisions?).
Aujourd'hui sa pelle (à tarte) deux mains.
Et pour la peine, brisons la pâte au beurre;
ancestrale coutume depuis que l'on a découvert le pis 3,14 de la vache bretonne.
Les bananes sont arrivées avec la compagnie Costa-Ricaine.
Désolé pour nos colonies qui ont beaucoup trop Chlor-déconnées...
Oui mais (comme disait le général!)
«
Comment dire ce que l’on écrit ? Pourquoi le dire puisqu’on l’a
écrit ? Si on avait les mots pour le dire, on ne l’aurait pas
écrit. Souvent c’est l’autre qui vient mettre le doigt sur ce
que l’on écrit, qui vient expliquer ou du moins émettre des
hypothèses là où simplement, instinctivement on a écrit. Écrire,
le geste d’écrire, ce temps de mouvement après l’immobilité du
doute, c’est comme colère ou rage, et le papier labouré sait de
quoi il retourne. "