"Tout a une fin sauf la banane qui en a deux."
Tout petit déjà, il imaginait le monde en grand.
Tout petit déjà, il s'accrochait au bastingage
La devanture s'expose
intentionnellement
Le passant s'affiche
sans le vouloir.
La rue est un confluent de situations,
accouplement involontaire,
exhibition, représentation...
"Large houle de mémoire
et elle danse
la barque bleue de tête
sans joie
c'étaient de longs jours clairs
ou bien la pluie les rires les bières
tous les bars à flippers
et mutti le haddock
écrire aveugle écrire
Lame de mémoire
elle amène emporte des visages
le grand platane et la fenêtre aux petits carreaux
le lino bleu à décors d'hexagones
la falaise et la musique
les dunes leur gris-jaune sale
ambleteuse oyats la mer l'écume
de ce qui n'est plus que brassée de mots
par l'hélice d'un petit moteur evinrude arbre
long
au large de la crèche
ou bien marmite de dessalage
dans un fût shell oil jaune
en fin de saison sous les arbres
était-ce ça
même pas sur maintenant
ça s'efface se dilue flou
dans l'eau verte
même les marguerites ne sont plus nettes
depuis le temps
vague levée de mémoire
sans menace
masse d'eau passée et repassée
lessiveuse d'images
essorage aussi
reste une tresse de vies
sèche
scalp"
Antoine Emaz "vague"-extrait de: "De peu" Tarabuste Editeur
"Je plains celui qui reste en arrière
Je plains celui qui reste là
à genoux dans la poussière
à attendre ce qui ne vient pas
Je plains celui qui appelle sa mère
Je plains celui qui n'en a pas
celui qui abandonne son frère
celui qui revient sur ses pas
Je plains celui qui ne voit pas clair
je plains celui qui n'entend pas
autant marcher dans le désert
autant se perdre dans les bois
Je plains celui qui ne sait pas quoi faire
de ses deux pieds de ses dix doigts
Je plains celui qui ne s'en sert
que pour le mal quoi qu'il en soit
Je ne lis plus les faits divers
Je souhaite bon vent à tous ces gars
Je les plains de toute manière
j'espère que leur vent tournera
Je plains celle qui considère
que tous les hommes sont du même bois
Je plains celle qui me jette des pierres
Je plains celle qui n'en démord pas
Je plains celle qui me désespère
quand donc cette guerre finira?
Je plains celle qui refuse de faire
le moindre de ces pas vers moi
Je plains celui qui vend son âme
Je plains celui qui vend son bras
Rien ne peut les remplacer
Rien ne les remplacera
Je plains celui qui repart seul
celui qui n'a plus personne à son bras
et qui n'a pas d'autre boussole
et qui n'a rien d'autre que ça."
Stephan Eicher -texte Philippe Djian-
"Aveugle et sourde,
la nature ne voit pas les châteaux
que nous bâtissons en paroles,
ni la bête à l’écart du troupeau
qui broute la fleur empoisonnée.
la nature ne voit pas les châteaux
que nous bâtissons en paroles,
ni la bête à l’écart du troupeau
qui broute la fleur empoisonnée.
Elle n’entend pas les têtes chantantes
qui flottent au-dessus de nos rivières,
ni les tambours en peau de chagrin
qui nous servent à compter les jours."
Gérard Macé


Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire