mercredi 17 mai 2017

Colonne de chez Morris


Dernière station rive droite avant l'autoroute de la Loire
la rivière ouvre son livre 
rempli d'histoires fantastiques de larves planctoniques.
Roman fleuve bourré de sédiments coulés dans l'histoire du Bronze des Hommes
 cherchant vainement ses origines dans les prés humides d'une carte IGN au 1/25 000.
Le Brivet pas toujours bien embouché
à la digue lon là
s'en est allé
puisque parfois
 en amont on  à des humeurs qui font marée.
C'est bien connu: Liger est terrible


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                 construction du Normandie  photo source Toile

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Bouger les lignes.
Faire se parler les gens.

"Le vrai secret du bonheur se trouve en prenant un véritable intérêt pour tous les détails de la vie quotidienne."
William Morris




                                     "Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes." 
                                        Louis Aragon 




 On prenait un aventurier hardi, sans principes, ignorant (il n'était pas difficile à trouver à l'époque de la concurrence), et on l'invitait à "créer un marché" en brisant tout ce qu'il pouvait y avoir de traditions sociales dans le pays condamné, en y détruisant à loisir tout ce qui lui plairait. Il forçait les indigènes à recevoir des produits dont ils n'avaient pas besoin et s'emparait de leurs produits naturels en "échange" --c'était le nom de cette sorte de vol,-- et, par là il "créait de nouveaux besoins", et pour y suffire (c'est-à-dire pour que leurs nouveaux maîtres leur permissent de vivre), les malheureux, impuissants, étaient obligés de se vendre et se soumettre à l'esclavage de l'écrasant travail sans espoir, afin d'avoir de quoi acheter les inutilités de la "civilisation". 
William Morris





                          "Le poète en des jours impies vient préparer des jours meilleurs;
il est l'homme des utopies, les pieds ici, les yeux ailleurs.
c'est lui qui sur toutes les têtes, en tout temps, pareil aux prophètes,
dans sa main, où tout peut tenir,
doit qu'on l'insulte ou qu'on le loue,
comme une torche qu'il secoue,
faire flamboyer l'avenir."
 Victor Hugo 




                                    "Voyons maintenant ce que pourrait être dans l'avenir l'enseignement, aujourd'hui totalement soumis au commerce et à la politique. Personne n'est éduqué pour devenir un homme, mais certains le sont pour détenir la propriété et d'autres pour la servir."
William Morris 


" La peur du ridicule obtient de nous les pires lâchetés. Combien de jeunes velléités qui se croyaient pleines de vaillance et qu’a dégonflées tout à coup ce seul mot d’ Utopie appliqué à leurs convictions, et la crainte de passer pour chimériques aux yeux des gens sensés. Comme si tout grand progrès de l’humanité n’était pas dû à de l’utopie réalisée ! Comme si la réalité de demain ne devait pas être faite de l’utopie d’hier et d’aujourd’hui – si l’avenir consent à n’être point la seule répétition du passé, ce qui serait la considération la mieux capable de m’enlever toute joie de vivre. Oui, sans l’idée d’un progrès possible, la vie ne m’est plus d’aucun prix – et je fais miennes ces paroles que je prêtais à l’Alissa de ma Porte Étroite : Si bienheureux qu’il soit, je ne puis souhaiter un état sans progrès… et ferais fi d’une joie qui ne serait pas progressive."
André Gide 



"De même que l'on nomme certaines périodes de l'histoire l'âge de la connaissance, l'âge de la chevalerie, l'âge de la foi, etc., ainsi pourrais-je baptiser notre époque "l'âge de l'ersatz". En d'autres temps, lorsque quelque chose leur était inaccessible, les gens s'en passaient et ne souffraient pas d'une frustration, ni même n'étaient conscients d'un manque quelconque. Aujourd'hui en revanche, l'abondance d'informations est telle que nous connaissons l'existence de toutes sortes d'objets qu'il nous faudrait mais que nous ne pouvons posséder et donc, peu disposés à en être purement et simplement privés, nous en acquérons l'ersatz. L'omniprésence des ersatz et, je le crains, le fait de s'en accommoder fortement l'essence de ce que nous appelons civilisation."

William Morris 



illustrations source: Toile

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Clip FDLN 2017 from Fête de la Nature on Vimeo.

                                        INFOS
                                                       
                                                          

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PROGRAMME


mardi 16 mai 2017

galimatias


".../...
"Oui, moi aussi, je voulais être un artiste..."
dit son père avec acrimonie, presque avec méchanceté.
"Mais je n'ai pas réussi. Le courant dominant quand j'étais jeune était le fonctionnalisme,
à vrai dire il dominait depuis plusieurs décennies déjà,
il ne s'était rien passé en architecture depuis Le Corbusier et Van der Rohe.
toutes les villes nouvelles, toutes les cités qu'on a construites en banlieue dans les années 1950 et 1960 ont été marquées par leur influence. Avec quelques autres, aux Beaux-arts, on avait l'ambition de faire autre chose. On ne rejetait pas vraiment le primat de la fonction, ni la notion de "machine à habiter"; mais ce qu'on remettait en cause, c'était ce que recouvrait le fait d'habiter quelque part.
Comme les marxistes, comme les libéraux, Le Corbusier était un productiviste. 
Ce qu'il imaginait pour l'homme, c'était des immeubles de bureaux, carrés, utilitaires, sans décoration d'aucune sorte; et des immeubles d'habitation à peu près identiques, avec quelques fonctions supplémentaires-garderie, gymnase, piscine; entre les deux, des voies rapides. Dans sa cellule d'habitation, l'homme devait bénéficier d'air pur et de lumière, c'était très important à ses yeux; et, entre les structures de travail et les structures d'habitation, l'espace libre était réservé à la nature sauvage; des forêts, des rivières- j'imagine que, dans son esprit, les familles humaines devaient pouvoir s'y promener le dimanche, quoi qu'il en soit il souhaitait préserver cet espace, c'était une sorte d'écologiste avant la lettre, pour lui l'humanité devait se limiter à des modules d'habitation circonscrits au milieu de la nature, mais qui ne devaient en aucun cas la modifier.
C'est effroyablement primitif quand on y pense, c'est une régression terrifiante par rapport à n'importe quel paysage rural-mélange subtil, complexe,évolutif de prairies, de champs, de forêts, de villages.
C'est la vision d'un esprit brutal, totalitaire et brutal, animé d'un goût intense pour la laideur; mais c'est sa vision qui a prévalu, tout au long du XXe siècle.
nous, nous étions plutôt influencés par Charles Fourier..."
.../...


 .../...
Il sourit en voyant l'expression de surprise de son fils.
"On a surtout retenu les théories sexuelles de Fourier, et c'est vrai qu'elles sont assez burlesques.
il est difficile de lire Fourier au premier degré, avec ses histoires de tourbillons, de fakiresses et de fées de l'armée du Rhin, on est même surpris qu'il ait eu des disciples, des gens qui le prenaient au sérieux, qui envisageaient réellement de construire un nouveau modèle de société sur la base de ses livres. C'est incompréhensible si l'on essaie de voir en lui un penseur, parce que sa pensée on n'y comprend absolument rien, mais au fond Fourier n'est pas un penseur c'est un gourou, le premier de son espèce, et comme pour tous les gourous le succès est venu non de l'adhésion intellectuelle à une théorie mais au contraire de l'incompréhension générale, associée à un inaltérable optimisme, en particulier sur le plan sexuel, les gens ont besoin d'optimisme sexuel à un point incroyable.
Pourtant le vrai sujet de Fourier, celui qui l'intéresse en premier lieu, ce n'est pas le sexe, mais l'organisation de la production.
La grande question qu'il se pose, c'est: pourquoi l'homme travaille-t-il?
Qu'est ce qui fait qu'il occupe une place déterminée dans l'organisation sociale, qu'il accepte de s'y tenir, et d'accomplir sa tâche?
A cette question, les libéraux répondaient que c'était l'appât du gain, purement et simplement; nous pensions que c'était une réponse insuffisante;
Quand aux marxistes ils ne répondaient rien, ils ne s'y intéressaient même pas, et c'est ce qui fait d'ailleurs que le communisme a échoué: dès qu'on a supprimé l'aiguillon financier les gens ont cessé de travailler, ils ont saboté leur tâche, l'absentéisme s'est accru dans des proportions énormes; jamais le communisme n'a été capable d'assurer la production et la distribution des biens les plus élémentaires.
Fourier avait connu l'Ancien Régime, et il était conscient que bien avant l'apparition du capitalisme des recherches scientifiques, des progrès techniques avaient lieu, et que des gens travaillaient dur, parfois très dur, sans être poussés par l'appât du gain mais par quelque chose, aux yeux d'un homme moderne, de beaucoup plus vague: l'amour de Dieu, dans le cas des moines, ou plutôt simplement l'honneur de la fonction."
.../...


Le père de Jed se tut, s'aperçut que son fils l'écoutait maintenant avec beaucoup d'attention.
"Oui..." commenta-t-il,"il y a sans doute un rapport avec ce que tu as essayé de faire de
ans tes tableaux. il y a beaucoup de galimatias chez Fourier, dans sa totalité c'est presque illisible; il y a peut-être quand même, encore, quelque chose à en tirer. enfin, c'est ce que nous pensions à l'époque..."
Il se tut, parut replonger dan ses souvenirs. Les bourrasques s'étaient calmées laissant la place à une nuit étoilée, silencieuse; une épaisse couche de neige recouvrait les toits.
.../..."
Michel Houellebecq- extrait de: "La carte et le territoire" Editions Flammarion

   photos Camille





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