samedi 25 février 2017

tout un monde


La fin de l'hiver est annoncée
et on s'est excusé de ne pas la recevoir.
Pas de temps à perdre avec une pensée brumeuse.
Reprenons plutôt nos séances de vitamine D
sur la croisette du bout de la rue.


                                                              \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\|||||||||||||||{{{{{{{{{
Pourquoi et comment passer des crocus aux fosses communes,
de l'étale des eaux se dorant au soleil à l'horreur témoignée.
C'est une bonne question 
et je n'ai pas envie là présentement d'y répondre.
Néanmoins , merci d'y avoir pensé.



    

L’enfant dans les fosses

Taymour Abdullah, le garçon de douze ans qui a survécu
Voici comment cela s’est passé : à Topzawa ils ont dépouillé les femmes de leurs boucles d’oreilles, de leurs anneaux, pris les bouteilles de lait des bébés, nous ont dit que nous n’avions besoin de rien là où nous allions, nous ont entassés dans des camions transformés en ambulances, avec de petites fenêtres à l’arrière – les femmes et les enfants, pas les hommes, pas les vieux. Alors a commencé le voyage dans la longue route déserte, à travers les villages arabes. Les gens sont venus sur le bord de route, en poussant des cris de joie. J’ai vu un garçon, probablement de mon âge, qui passait sur sa gorge le bout de ses doigts. Une femme enceinte s’est évanouie dans le camion à cause de la chaleur, de la soif, du manque d’oxygène. La plupart du temps nous avons été sur une route principale puis nous avons roulé à l’écart. Cela a dû prendre douze heures ou plus. Alors les camions se sont arrêtés, les portes se sont large ouvertes, ils nous ont attrapés par les bras et nous ont jetés dehors. J’ai vu les fosses, il y en avait beaucoup, elles sentaient le frais. Les bulldozers étaient prêts. Ils nous ont alignés, les fosses derrière nous et les soldats en face. Je ne peux pas me rappeler ce que chacun a dit, il y avait des murmures, certains étaient hébétés, certains trop fatigués pour protester. J’étais avec ma mère et trois sœurs, ma tante et mes cousins, quelques centaines de villageois. L’officier a ordonné : Feu ! Et les soldats ont tiré. J’étais blessé mais pas gravement. Je me suis levé de nouveau, ai saisi l’arme du soldat, l’ai supplié de ne pas me tuer. Alors j’ai vu qu’il pleurait. L’officier a de nouveau donné l’ordre de tirer, et alors il l’a fait. A ce moment je me suis recroquevillé. Les soldats sont partis et j’ai vu que ma mère et mes sœurs étaient mortes, le sang jaillissait des poignets de ma tante. Une jeune fille était encore vivante, pas blessée. Je lui ai dit de s’enfuir avec moi mais elle n’a pas osé. J’ai rampé hors de la fosse, me suis caché derrière le monticule de terre et ai continué à ramper jusqu’à ce que j’aie atteint la dernière fosse qui était encore vide. J’ai dû m’évanouir. Quand je me suis réveillé tout était calme. Les soldats étaient partis, les fosses étaient recouvertes de terre. Alors j’ai couru aussi vite que j’ai pu, promettant à Dieu que si je survivais, je donnerais cinq dinars aux pauvres. A l’aube j’ai rejoint le village des Bédouins, où les chiens m’ont encerclé avec leurs aboiements. Jusqu’à ce que quelqu’un vienne avec une torche, me protège, me parle arabe, m’accepte comme un des siens, mais c’est une autre histoire, je te la raconterai une autre fois.
Choman Hardi Anfal    
 source: KEDISTAN
                                       \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\{{{{{{{{{{{{{{{{{{#####




   Demandons le programme
                                               \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\||||||||||||||||||||||||{{{{{{{{{{




à NANTES/NAONED du 2 au 11 mars   
 avec:



SEIVA



ARONDE





 SPONTUS/MANU SABATE





MISIA




STARTIJENN





MAARJA NUUT







MOXIE





 Programme complet

jeudi 23 février 2017

au bout de mon bras


C'est par là,
au bout de mon bras
de mer.
Si tu veux
je trace un traict
dans la baille
pour mieux comprendre

Quoi!
Tu défailles
trop d'émotions.
Vite, mes sels
-de Guérande-
Forcément.
 C'est même devenu presque un pléonasme.
Tu te rends compte..

En face, la grande plage
entre  Grande falaise et  Bretons 
 où l'on peut manger sa salade sans maillot,
Certains se sont fait peindre les fesses  pour ça... 

Mais,
faudra revenir en saison
si tu préfères
Pour l'heure les touristes s'appellent Bernache, Grèbe à cou noir,
Plongeon imbrin, Huîtrier pie, Sterne, Tournepierres, Blanche Aigrette...
Et ça piaille dans toutes les langues,
 danse toutes sortes de chorégraphies
complexes
réservées aux initiés.


Juste un ptit bout de chez moi
avec de la ferraille au tour
parce que j'aime bien 
l'envelopper comme ça,
avec un peu de Tréhic
pour s'en jetée une.




mardi 21 février 2017

tant qu'à faire


 petite lumière de l'enfance
qui
fonctionne au va et vient
courant alternatif mais continu
Félure
Rupture
Coupure
Armure
Ad vitam clausuris.
Balise d'où j'arrive
et conséquences incalculables
mais presque.
Famille ou pas
Houba! Houba!
Socio-démographie
Position échiquier
Evènements familiaux...

La petite lumière de l'enfance
fonctionne à la lanterne et jette du trouble devant elle.
Sémaphore
c'est ma très grande amphore
où se glissent des souvenirs rapiécés, au fur et à mesure de l'escalade de soi
et l'estime des autres,
jusqu'à la grande glissade.

La petite lumière de l'enfance
en pénitence
et pénis pense
observation clinique
rupture névrotique
qui rebique
j'alambique
un peu
pour faire passer.

La petite lumière de l'enfance
en errance
Bonheur la chance
Victime  tendance
Désespérance.
Jeux compensent
Silence complice.


   Et paté la galerie:


"La politique contemporaine présente plus que jamais l'apparence du désordre et de l'incohérence, parce qu'elle ne peut présenter que son apparence. "
Jean-Patrick Manchette

          photo source: Society n°50


""Enfin, la politique, fort sacrifié à ce qu'il me semble, tend surtout à régler les bons échanges entre hommes de différents métaux, au premier rang desquels arrivent les hommes de calcium. Dans le compte rendu des séances à la chambre, simple comme un procès-verbal de chimie, on s'est montré plus que partial : c'est ainsi que les mouvements d'ailes n'ont pas été enregistrés."
André Breton




" Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu’on appelle aujourd’hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet ; tant que les nombreuses natures qui poursuivent actuellement l’un ou ou l’autre de ces buts de façon exclusive ne seront pas mises dans l’impossibilité d’agir ainsi, il n’y aura de cesse, […], aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain, […]." 
Platon-"La République" 



                  illustration source Toile


Il n'est pas vrai que la liberté soit divisible et qu'il soit licite d'établir des hiérarchies entre une liberté économique prioritaire, qui peut servir de locomotive à l'autre, la liberté politique, qui jouerait le rôle de fourgon de queue, d'une récompense tardive aux pays qui adoptent l'option du marché."
Mario Vargas Llosa

                                                 source: Première personne

C'est l'âme et non la chair comme on le croit toujours qui à un âge, une caducité, une enfance."
Jacques Serguine 

     photo source: Toile

" On ne peut pas passer toute son enfance sous le feu des projecteurs divins sans que ses rétines en prennent un coup. J'ai tellement vécu dans la lumière de Dieu qu'aujourd'hui c'est un miracle si je ne suis pas tout à fait aveugle."
Yann Apperry


   
"La morale de la petite enfance reste essentiellement hétéronome."
Jean Piaget




"Tous deux, émus, regagnèrent la maison et prirent le thé dans des tasses de porcelaine ancienne, accompagné de brioche à la pâte fine et nourrissante. Ces détails rappelèrent de nouveau à Kovrine son enfance et sa jeunesse. Merveilleux, le présent se fondait en lui avec les impressions ressurgies du passé ; son âme en était pleine et il était heureux."

 Anton Tchekhov


" Visiter les lieux de son enfance, c'est une pratique masochiste. On cherche à être déçu et, pas de surprise, on l'est." 
Amin Maalouf



"Il paraît que la rose bleue a été longtemps le rêve de Balzac. Elle était aussi le mien dans mon enfance, car les enfants comme les poètes sont amoureux de ce qui n'existe pas." 
Georges Sand


 

lundi 20 février 2017

un hiver à se faire du lien



L'hiver, parfois,
vois-tu
les arbres ne savent rien faire de leurs dix doigts.
Alors, ils se figent dans la bise,
un peu gênés
d'être ainsi en brassée .




                    Gif source Toile

"Toi tu n'es pas dans l'espace, c'est l'espace qui est en toi.
Jette-le hors de toi, et voici déjà l'éternité." 
Angelus Silecius 




"Le monde ne te tient pas, c'est toi-même le monde
Qui par des liens si forts te retient prisonnier en toi."

Angelus Silecius




"Les principes sont des attaches, des amarres ; quand on les rompt, on se libère, mais à la manière d'un gros ballon rempli d'hélium, et qui monte, monte, monte, donnant l'impression de s'élever vers le ciel, alors qu'il s'élève vers le néant." 
Amin Maalouf 

                                                         \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[


                                             



vendredi 10 février 2017

des mondes possibles


           Photo: Camille

 Faudrait-il encore et toujours  se mettre en rang d'oignons
pour satisfaire le Moi boursouflé 
de ceux qui veulent nous éplucher, à en pleurer
dans un stade ou en plein champ  qu'importe, mais forcément au garde à vous,
pour ne voir qu'une seule tête, démultipliée à leur envie.




"Réprimez-moi si vous voulez !
A cause de mes cheveux trop longs,
A cause de ma gueule arrogante
Au passage des cars de poulets !

Donnez moi des coups de pieds dans l'fion,
Des coups d'bidules dans les roustons,
Puis enfin traitez-moi de tante,
Faites-moi une tête bien rasée !

- Comme les nazis en l'an 40 -

Vous n'aurez pas ma fleur !
Celle qui me pousse à l'intérieur,
Fleur cérébrale et fleur de coeur, ma fleur !

- Fleur de coeur, ma fleur ! -

Vous êtes les plus forts
Mais tous vous êtes morts
Et je vous emmerde !

Réprimez-moi si vous voulez !
Pour avoir essayé d'aimer
Sur les pelouses interdites,
Hors des institutions sacrées !

Sacré nom de dieu, c'est meilleur !
Essayez pour voir et puis dites ..
Divorcez-moi, châtrez-moi le coeur
Et puis l'reste aussi, quel bonheur !

- Et mangez les avec des frites !-

Vous n'aurez pas ma fleur !
Celle qui me pousse à l'intérieur,
Fleur cérébrale et fleur de coeur, ma fleur !

- Fleur de coeur, ma fleur ! -

Vous êtes les plus forts,
Mais tous vous êtes morts,
Et je vous emmerde !

Réprimez-moi si vous voulez,
Pour m'être évadé de ces villes !
Qui puent, qui font du bruit, qui meurent !
D'avoir laissé aux créanciers,

La rage de n'être pas payé !
D'avoir perdu toute ma bile !
Le long des routes qui vont ailleurs,
Bordées de cannabis en fleurs !

- Et puis d'en être revenu !-

Vous n'aurez pas ma fleur,
Celle qui me pousse à l'intérieur !
Fleur cérébrale et fleur de coeur, ma fleur !

- Fleur de coeur, ma fleur !-

Vous êtes les plus forts,
Mais tous vous êtes morts !
Et je vous emmerde !

Réprimez-moi si vous voulez !
Etre différent c'est un crime,
Etre noir ou jaune ou pédé,
Ne pas respecter votre frime !

Avez-vous une fois seulement
Songé que la haine ça mine ?
Alors que l'amour, ça détend,
Que ça rend jeune et beau tout l'temps ?

- Mais bien sûr c'est un gros pêcher !-

Vous n'aurez pas ma fleur,
Celle qui me pousse à l'intérieur !
Fleur cérébrale et fleur de coeur, ma fleur !

- Fleur de coeur, ma fleur !"


François Béranger
1937 - 2003






Ici ou là
des mots et des couleurs du vivre
et
quelques questions dans l'extraordinaire comédie humaine
qui nous agite,
mailles qui m'aille

découverts chez Michèle













                              \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\||||||||||||||||||||||||||||[[[[[[[[[[[[[[[
avec une tendre pensée pour Camille et Clément
et Oriane et Corentin



".../...
Peu avant Madrid, nous apercevons un auto-stoppeur sur le bord de la route, un gros sac à ses pieds.
A cette époque, les "routards" sont nombreux en Europe et le stop marche bien.
nous voyageons souvent ainsi et rendons la pareille à l'occasion. Hughes est au volant. Nous dépassons l'auto-stoppeur. Je sens Hugues ralentir.
"On le prend?
-On le prend!"
Je ne le sais pas encore, mais à cet instant précis les dés sont jetés, le destin est en marche, l'histoire d'une rencontre  improbable commence.
si nous avions poursuivi notre chemin, rien ne serait arrivé.
Depuis, je suis fasciné par la virtualité des "mondes possibles", ces états du monde que nos décisions peuvent faire exister ou non.
Hughes range la voiture sur le bas-côté, s'arrête; je descends et reste debout appuyé à la portière ouverte. L'air est frais et les montagnes autour de nous silencieuses. L'auto-stoppeur est à une cinquantaine de mètres de nous. Je le vois mettre son sac sur l'épaule, se diriger vers la voiture. une chose m'intrigue aussitôt: il a une canne à la main et balaie l'espace devant lui, le pas hésitant, tournant la tête de gauche net de droite. La canne est blanche.
Je me penche vers Hughes:
"Tu sais quoi? Le type se paie notre tête; ^pour se faire prendre plus facilement, il essaie d'apitoyer les gens en se faisant passer pour un aveugle...tu te rends compte?"
Hughes râle:
"c'est encore plus fort que ceux qui se mettent des pansements...Mais bon, maintenant qu'on y est..."
Je me redresse, prêt à dire son fait au routard dès qu'il sera à portée: je n'aime pas les tricheurs-sans doute parce que la vie est une vaste tricherie et que les hommes ne devraient rien à voir avec ça.
Le bonhomme avance toujours de sa démarche cahotante. Bientôt il est à une dizaine de mètres. Son regard croise le mien; deux yeux blancs et vides qu'aucune paire de lunettes ne protège.
Un choc.
"Hughes, c'est vraiment un aveugle!"

L'homme frappe maintenant les montants de la voiture à petits coups légers de sa canne, comme pour la découvrir, l'apprivoiser même. il est à peine plus âgé que nous, grand et plutôt malingre. Le visage est avenant, mangé par ces yeux étranges qui semblent ne regarder nulle part et partout en même temps. Dans un espagnol approximatif, il demande si nous allons à Madrid. Son accent ne peut tromper: un Français.
"Oui, nous allons à Madrid", dis-je interloqué.
"Des compatriotes! s'exclame l'aveugle. quelle chance!Ce soir c'est Noël, n'est-ce pas? J'aimerais bien le passer à Madrid. On dit que c'est une ville superbe. Vous m'emmenez?"
Je pousse le siège avant pour dégager la banquette arrière, toujours aussi stupéfait. Que peut bien faire un aveugle sur cette route déserte? et avec un sac de voyageur sur le dos? Je mets ce sac sur la banquette:
"Installez-vous à côté, dis-je. Vous vous arrêtez à Madrid ou vous allez plus loin ensuite?
-Oh, plus loin, beaucoup plus loin, je vais vous raconter..."
Nous repartons.

Je ne sais plus combien de temps nous avons mis pour atteindre Madrid. Mais pendant tout le trajet, notre auto-stoppeur nous fit le récit de l'une des histoires les plus exemplaires qu'il m'ait jamais été donné d'entendre. il nous expliqua-avec une simplicité déconcertante et sans vantardise aucune- que s'il était sur cette route, c'est parce qu'il avait rêvé toute son enfance de découvrir le monde et de vivre l'aventure. Alors un jour, il était parti. Tout simplement parti. Parti sans s'occuper de ce que les gens disaient, puisque les gens disaient que c'était impossible de partit à l'aventure quand on est aveugle. Et que même, ça ne servait à rien de voyager quand on ne pouvait rien voir. Mais notre passager disait en riant qu'il voyait très bien les choses à sa manière; il savait y faire pour ça. C'était très excitant, même. Donc, il avait tout quitté...Sans rien demander à personne. C'était un an plus tôt;
il avait pris la direction de l'Afrique. Là ou ailleurs pour commencer à "rouler sa bosse", ça n'avait guère d'importance à son avis; de toute manière, il avait décidé de "voir" tous les continents, d'aller partout.

Ce premier voyage pour l'Afrique, il l'avait débuté sur cette même route où nous venions de le rencontrer. et l'Afrique, il en avait fait le tour complet, avec son sac sur le dos et sa canne à la main. il avait fait du stop la plupart du temps; ça n'avait pas été de tout repos, mais à l'entendre, il n'avait pas rencontré de difficultés particulières puisque de toute façon, tout était difficulté pour lui, surtout en terre inconnue; manger, boire, dormir, marcher,oui, tout était difficulté, même les choses qui semblent les plus simples aux hommes ordinaires.
Mais il était habitué aux problèmes; c'était son lot quotidien de les surmonter malgré la solitude extrême où l'obscurité le cantonnait. Comme il disait sans forfanterie, les problèmes ne sont vraiment des problèmes que lorsqu'on a décidé que c'étaient des problèmes...il avait bien fallu qu'il considère les choses sous cet angle, sinon il ne serait jamais parti...

Plus je jeune aveugle parlait, plus je me sentais rétrécir mentalement. Jusqu'alors, j'avais considéré que mes précédentes aventures en Afrique et en Amérique du Sud, si elles ne relevaient pas de l'exceptionnel, méritaient néanmoins le respect, surtout dans une société qui paraissait hostile à mes désirs. J'en étais très fier. et voilà soudain qu'un garçon de mon âge me renvoyait à une position de normalité, de banalité même, que je n'avais jamais envisagée; et il faisait cela sans le vouloir, car nous ne lui avions encore rien dit de nos projets. C'était une sacrée leçon d'humilité.
Je tournais sans cesse la tête vers l'arrière pour observer notre incroyable passager. Les heures passaient, je voyais sa bouche parler, mais je ne parvenais pas à croire que cet homme puisse exister.
La possibilité même de cette existence me paraissait ahurissante : inconcevable, pour tout dire.
Nous n'arrivions pas à la cheville d'un tel personnage, c'était évident. Ce type-là nous disait qu'il n'y avait rien d'impossible en ce bas monde ; je trouvais soudain indécentes, presque obscènes, les plaintes que nous proférions parfois sur les difficiles conditions dans lesquelles nous devions préparer notre expédition. il y avait toujours plus dur que ce que l'on pouvait connaître soi-même.
J'étais également impressionné par la manière dont ce garçon de mon âge transformait chacun de ses handicaps en avantage, et se refusait à s'inquiéter de quoi que ce soit. et lorsqu'il se mit à expliquer comment il appréhendait le monde extérieur depuis la nuit obscure de son propre univers, je dus bien le e reconnaître : j'avais encore tout à apprendre de la perception du monde. il racontait surtout- comme personne ne peut le faire, j'imagine- la façon dont il avait découvert les senteurs des bazars du Maghreb- quelque chose d'épicé mélangé d'odeurs de cuirs- et celles des marchés africains au milieu desquels il s'amusait à séparer les parfums de chaque fruit.
je crois me souvenir aussi qu'il avait particulièrement aimé la douceur des fins de journée dans le désert, la forêt tropicale avec le criaillement des singes, le tumulte des gares routières, les effluves des grands fleuves. Tout lui était apparu: l'âcreté de la poussière des pistes de latérite comme la puissance des orages qui lavaient la terre, le chaos des grandes villes où on le bousculait sans méchanceté, comme la sérénité de la mer qu'il avait entendue au bord de l'Atlantique.
il disait également avoir parlé avec tant de gens de toutes sortes et de toutes conditions qu'il en avait perdu le compte; et il racontait ses souvenirs avec la délectation d'un esthète de l'art décrivant par le menu les détails les plus sublimes d'une peinture ancienne et inconnue.
il affirmait aussi que les gens avaient été amicaux avec lui;
tout le monde s'était étonné de voir un aveugle traverser l'Afrique et tout le monde l'avait aidé. Naturellement, il dépendait presque toujours des autres et, à son goût ce n'était pas une position forcément satisfaisante; mais il avait fini par s'y résigner. au moins avait-il des amis partout maintenant, de tous les milieux, de toutes les cultures, de tous les horizons et de tous les âges, homes, femmes et enfants. il était riche, disait-il. Au début il avait craint d'être pillé, volé, attaqué, rançonné; mais cela ne s'était jamais produit. De toute façon, c'était un risque à courir; ce pourquoi il continuerait à reste sur ses gardes, car il devait bien exister quelque part dans le monde de mauvais plaisants qui finiraient par croiser sa route.
Son voyage africain achevé, il était rentré chez lui; comme tout un chacun en somme. Plusieurs mois s'étaient écoulés et, finalement, il avait décidé de repartir plus tôt que prévu. il s'était donc remis en chemin quelques jours plus tôt. Cette fois pour faire le tour du monde. Pas moins; C'était ainsi qu'il voulait vivre et rien ne l'en empêcherait..

Comme nous abordons Madrid à la tombée du soir, l'aveugle nous demande ce que nous comptons faire de la nuit du réveillon. a vrai dire, nous n'en avons pas la moindre idée. Je lui réponds que nous allons sans doute chercher une petite posada pour y passer la nuit, nous coucher tôt et repartir à l'aube. Le Portugal est encore loin et nous sommes pressés de l'atteindre. Alors, fêter Noël, ce sera probablement pour l'année suivante...
Trente-cinq ans se sont écoulés depuis cette scène, mais je me souviens avec une précision absolue de la manière dont notre nouvel ami se penche alors vers moi et me touche l'épaule d'une main vaguement embarrassée : c'est que vivre la nuit de Noël à Madrid, il y tient beaucoup, lui. il ne veut manquer aucune occasion d'exister ; il compte bien, d'ailleurs, rester quelques jours dans la capitale espagnole.
"Cherchons donc cette posada ensemble, propose-t-il; après quoi, peu avant minuit, nous irons dans les rues découvrir la ville et ce que ses habitants en font la nuit de Noël."
il achève sa phrase par la plus étonnante proposition qui m'ait jamais été faite:
"Tu veux bien être mes yeux cette nuit?"

Nous avons trouvé à loger dans un modeste hôtel d'un quartier populaire, au milieu des rues sinueuses du vieux Madrid. La nuit est tombée depuis longtemps. Hughes, pris de maux de ventre, dort dans notre chambre. J'entre dans celle de l'aveugle.
"Tes yeux sont là" dis-je en riant.
il rit aussi, se lève; nous partons tous les deux à travers Madrid en fête.
Nuit habituelle pour lui.
Nuit extraordinaire pour moi.
J'apprends ce que veut dire: "être les yeux de quelqu'un".
L'aveugle me tient le bras, sa canne repliée sous un coude et, tandis que nous allons au hasard des rues, je dois lui décrire en un long monologue tout ce qui accroche mon regard: les voitures qui passent, leurs modèles et leurs couleurs, les passants, les groupes de fêtards et les filles, la devanture des bars et celles des restaurants, le scintillement des lumières...
A chaque bruit, chaque odeur, l'aveugle m'interroge, inlassablement: de quoi s'agit-il? Qui parle ainsi? Cette voix de femme, à qui appartient-elle? comment est son visage, quelle est la couleur des ses cheveux? Ces pas pressés, de qui sont-ils? Pourquoi ces rires soudains? qui peut s'esclaffer ainsi?
L'aveugle veut tout voir et tout savoir, tout connaître et tout comprendre. Je saisis mieux au cours de cette nuit mémorable comment il a pu faire le tour de l'Afrique et comment, désormais, il fera le tour du monde: partout, il cherchera des yeux pour remplacer le siens; et il "verra" le monde avec bien plus de regards que je n'y parviendrais jamais moi-même.

Je ne sais plus comment s'est terminée cette nuit de Noël à Madrid: dans quel bar, quel restaurant, quel lieu de fête...
Impossible de me souvenir. nous avions dû beaucoup boire et beaucoup nous étourdir. Mais après tout, nous avions vingt ans...
Je me rappelle juste du lendemain matin devant les portes de nos chambres, de nos adresses échangées, de nos poignées de main émues, de ces adieux dont on espère qu'ils ne sont que des au revoir, et des "bonnes chances" mutuels que nous nous sommes lancés pour nos aventures respectives.
Et nous avions repris notre route, Hughes et moi.

Parvenus à la frontière du Portugal, nous laissons la voiture au bord fu fleuve qui sépare les deux pays. Par goût du symbole, nous y trempons nos pieds, décidés à faire de même dans l'océan une fois arrivés de l'autre côté du pays, au Cabo de São Vicete qui forme la pointe occidentale de l'Europe.
J'ai oublié, là aussi, combien de jours il nous a fallu pour traverser le Portugal à pied. Tout ce dont je me souviens, c'est que l'aveugle ne m'a pas quitté un instant dans cette épreuve physique et mentale que nous nous imposions. Tout ce temps, j'ai songé à la leçon de vie dont il nous avait involontairement fait l'offrande et à la force d'âme qu'elle nous donnait. Nous marchions huit à douze heures d'affilée, avec des haltes d'à peine dix minutes toutes les heures, comme on nous l'avait appris, et celui que je n'appelais plus que "l'aveugle de Madrid" était toujours là. nous dormions au hasard des fossés bordant les routes et repartions, souvent dans la nuit et le froid, mangeant de-ci de-là un morceau de pain rassis trempé dans nos éternelles boites de thon et de pâté, et "l'aveugle de Madrid" marchait à mes côtés, m'interdisant de me plaindre.
La pluie nous mouillait, nous grelottions sous les rafales de vent, le soleil nous réchauffait, nos jambes avaient mal, nos pieds enflaient, nos ventres gargouillaient de faim; et je pensais encore à "l'aveugle de Madrid" qui ne se serait certainement pas plaint d'un tel traitement.
Enfin la mer apparu.

Le Calo de São Vicente est un lieu mélancolique l'hiver. L'océan frappe le roc noir des falaises sous la lumière d'un ciel qui semble infiniment blanc. Les gerbes d'écume se confondent avec le ciel sans limites précises; et le bruit du ressac s'entend à peine, mélangé aux criaillements des vols d'oiseaux qui traversent l'horizon. tout le rets est silence.
De tout cela, les marins qui passent au large ne voient rien qu'une longue ligne de terre tourmentée par la grisaille. et des chapelets de nuages immobiles au-dessus de cette terre très triste.Le grondement de la mer par temps de tempête est leur seule inquiétude; alors ils prennent garde à ne pas serrer la côte pour rester au large des brisants.c'est ainsi que des décennies plus tard, je reverrais le Cabo de São Vicente à bord de La Boudeuse.
Pour l'heure Hughes et moi nous asseyons sur nos sacs à dos et regardons longtemps cet océan sans fin qui nous fait face; nous baignons dans l'étrange sérénité venue de la satisfaction profonde qu l'on peut ressentir quand un but est enfin atteint. L'accord alors peut-être parfait entre un corps éreinté et un esprit en paix.
Je songe toujours à "l'aveugle de Madrid": où peut-il être en cet instant précis?
Je fouille mon sac à la recherche du bout de papier où j'ai inscrit son nom et son adresse, je ne le retrouve pas...

Je ne le reverrais jamais "l'aveugle de Madrid", ni n'entendrait plus parler de lui. Je me demanderais toujours s'il a pu parvenir au bout de son tour du monde...Mais depuis trente-cinq ans, il m'accompagne à sa manière pour me dire que tous les rêves sont possibles.
.../..."
Patrice Franceschi-extrait de"avant la dernière ligne droite" Editions Arthaud

 






jeudi 9 février 2017

jour quête


Jeudi matin
tranche deux fois dans l'ouest.
La première à voir
et s'en jetée une
par le trou de la lorgnette;
la seconde pour s'échapper
dans le sens du courant porteur.

Seulement ici, les grandes migrations saumâtres
ont un comportement boomerang
Deux eaux en une
aller/retour
2 mi-sel
descente de la Loire
et remontée mécanique océanique vers sa nantaise destinée.
On entend alors le chant rauque d'un batelier dans la lune
et complètement barge:
"La lune est là, la lune est là mais le soleil" etc


Jeudi malin
 mathématique des fluides
exercice avec coefficient
86 de tour de baille.

Va falloir lâcher un peu la ceinture maritime
si tu veux profiter des vents qui tournent
et de l'astre qui rime
effervescent.







                                                              \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\||||||||||||||||||||||||{{{{{{{{{{{{

"Hiver rien qu'un peut-être."
[...]
"Nous avançons entourés d'oiseaux, ceux dont nous entendions enfants le chant au fond du jardin, ou dont nous observons le vol, la migration, ou la présence dans les oeuvres d'art, comme les oiseaux fantastiques de Max Ernst.
ils filent à notre rencontre, flèches tirées par quelque archer, nous frôlent, et nous adressent un congé énigmatique.
Leurs cris nous rappellent à notre désir de légèreté et de vagabondage.
A les écouter, il y a quelque chose de bref et de tendu dans la plupart de ces cris, quelque chose de menacé, quoique résistant dans ces trilles ou dans ces chants;
peut-être une cage est-elle toujours partie à la recherche d'un oiseau, suivant l'expression de Kafka.
En compagnie des oiseaux, nous nous parlons à nous-mêmes, dans un choeur murmurant avec eux.
Il y a quelqu
e chose que cette compagnie nous suggère, un appel persistant: celui de défoncer la cage."

Mathieu de Boisséron extraits de "Défoncer la cage"



  Max Ernst








"La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont


Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et la nuit peu à peu
Et le temps arrêté
Et mon cheval boueux
Et mon corps fatigué
Et la nuit bleu à bleu
Et l'eau d'une fontaine
Et quelques cris de haine
Versés par quelques vieux
Sur de plus vieilles qu'eux
Dont le corps s'ensommeille

La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et mon cheval qui boit
Et moi qui le regarde
Et ma soif qui prend garde
Qu'elle ne se voit pas
Et la fontaine chante
Et la fatigue plante
Son couteau dans mes reins
Et je fais celui-là
Qui est son souverain
On m'attend quelque part
Comme on attend le roi
Mais on ne m'attend point
Je sais depuis déjà
Que l'on meurt de hasard
En allongeant les pas

La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Il est vrai que parfois près du soir
Les oiseaux ressemblent à des vagues
Et les vagues aux oiseaux
Et les hommes aux rires
Et les rires aux sanglots
Il est vrai que souvent
La mer se désenchante
Je veux dire en cela
Qu'elle chante
D'autres chants
Que ceux que la mer chante
Dans les livres d'enfants
Mais les femmes toujours
Ne ressemblent qu'aux femmes
Et d'entre elles les connes
Ne ressemblent qu'aux connes
Et je ne suis pas bien sûr
Comme chante un certain
Qu'elles soient l'avenir de l'homme

La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et vous êtes passée
Demoiselle inconnue
À deux doigts d'être nue
Sous le lin qui dansait." 
Jacques Brel 

                                                 \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\[[[[[[[[[[[[[[[[[[[{{{{{{





Camille qui lève le nez au  Zélandais
et fait du zèle dans la jourquette 
a décidé
aussi prolixe qu'un Luchini au bon marché,
 d'ouvrir un musée à la gloire de la Zucchini;
et pour sa peine et dos courbé,
il nous  a fait parvenir quelques exemplaires
de cucurbita pepo et  même parfois re pepo
c'est dire...
Je vous laisse admirer cette expo-tagère
et herbacée. 














mardi 7 février 2017

combien de temps ?




         source: Toile



Merci l'ami Phoéte Rémi






"Point de cordeau pour amarrer le temps. Prends le temps quand il vient car le temps s'en ira"
proverbe anglais





                      source: Toile

"C'était pour m'enseigner qu'il faut dès la jeunesse, comme d'un usufruit, prendre son passe-temps.
Que pas à pas nous suit l'importune vieillesse, et qu'amour et les fleurs ne durent qu'un printemps."
Ronsard 

 source: Toile

"Andromaque: Je ne sais pas ce qu'est le destin 

Cassandre: Je vais te le dire. C'est simplement la forme accélérée du temps. C'est épouvantable." 
Jean, Giraudoux 




                                source: toile


 
"Qu'est‑ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n'y aurait pas de temps passé; que si rien n'arrivait, il n'y aurait pas de temps à venir; que si rien n'était, il n'y aurait pas de temps présent.

Comment donc, ces deux temps, le passé et l'avenir, sont‑ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore ? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité, Donc, si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons‑nous déclarer qu'il est aussi, lui qui ne peut être qu'en cessant d'être ? si bien que ce qui nous autorise à affirmer que te temps est, c'est qu'il tend à n'être plus [:

Ce qui m'apparaît maintenant avec la clarté de l'évidence, c'est que ni l'avenir, ni le passé n'existent. Ce n'est pas user de termes propres que de dire "il  y a trois temps, le passé, le présent et l'avenir. " Peut‑être dirait‑on plus justement : "il y a trois temps: le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur. " Car ces trois sortes de temps existent dans notre esprit et je ne les vois pas ailleurs. Le présent du passé, c'est la mémoire; le présent du présent, c'est l'intuition directe; le présent de l'avenir, c'est l'attente. Si l'on me permet de m'exprimer ainsi, je vois et j'avoue qu'il y a trois temps, oui, il y en a trois.

Que l'on persiste à dire " il y a trois temps, le passé, le présent et l'avenir ", comme le veut un usage abusif, oui qu'on le dise. Je ne m'en soucie guère, ni je n'y contredis ni ne le blâme, pourvu cependant que l'on entende bien ce qu'on dit, et qu'on n'aille pas croire que le futur existe déjà, que le passé existe encore. Un langage fait de termes propres est chose rare très souvent nous parlons sans propriété, mais on comprend ce que nous voulons dire."
Saint-Augustin 

           source: Toile


"Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l'avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours; or nous rappelons le passé pour l'arrêter comme trop prompt, si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont plus rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste. C'est que le présent, d'ordinaire, nous blesse nous le cachons à notre vue, parce qu'il nous afflige ; et s'il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper. Nous tâchons de le soutenir par l'avenir, et pensons à disposer les cho­ses qui ne sont pas en notre puissance, pour un temps où nous n'avons aucune assurance d'arriver.
Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé et à l’avenir. Nous ne pensons presque point au présent ; et si nous y pensons ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de l’avenir. Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais."
Pascal




"Voici bien l'un des caractères les plus surprenants de la vie mentale nous ne percevons que la minime partie des impres­sions dont nous assiège constamment toute notre périphérie sensorielle. Jamais leur somme ne pénètre intégralement dans notre expérience, j'entends dans notre expérience consciente, qui se creuse un lit à travers cette multitude comme ferait un petit ruisseau à travers une large prairie émaillée de fleurs. Cependant les impressions physiques qui ne comptent pas nous sont aussi présentes que celles qui comptent; elles affectent nos sens avec une égale énergie.
Pourquoi ne percent‑elles pas jusqu'à la conscience; C'est là le mystère, que l'on nomme mais que l'on n'explique pas en invoquant 1' étroitesse de la conscience."
William James 

 
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...