mardi 31 mai 2016

pansement du jour




"Le journaux c'est comme les pansements,
il faut en changer de temps en temps
sinon ça vous froisse les idées."
-Léo Ferré- 


Le site qui tient salon 


une expo est consacrée à Wolinski 

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Le spleen de Roger le nain
 
 J'ai vu, de mes yeux vu, des grêlons gros comme des noix du pays gore.
J'ai cru de mes yeux cru qu'ils avaient mâché le travail.

Que reste t-il de nos labours? 

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pansement du jour:

"Le silence est la ressource de ceux qui reconnaissent de la noblesse au langage."
Yves (de?) Bonnefoy


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samedi 28 mai 2016

épanchement de chez soi


Comment s'appelle t-elle déjà?
 -Tu sais bien, un nom latin à rallonge.
Oui justement,
 je ne me rappelle  plus.

Déjà quand ils sont pas en français, je les oublie
ou alors comme on dit "sur le bout de la langue" qu'ils restent
et  ils me reviennent une heure, quinze jours ou dix ans plus tard...

-T'exagères pas un peu là? 
 D'accord, un peu, mais juste pour  "une heure plus tard".

En tout cas, elle est  là maintenant et si le coeur nous en dit , sans les un temps (ou deux) péri
nous arriverons bien un tantinet  à communiquer , le dos au mur et plein nord ouest.

même si l'on y perd à chaque fois  "notre" latin.



Instant parental.

Ne bougeons plus, mais dépêchons-nous
car on a pas que ça à faire;
une jeune famille à nourrir
et pas trop le temps de se marrer à rouge-gorge déployée



Quel temps va t-il faite aujourd'hui?
Z'annoncent des orages un peu partout,
 mais comme ça sert à rien de s'éparpiller
et si j'en crois les boules de cristal de l'entrée du bord
devrait faire quelques douceurs;
Souviens t'en mon cousin :
A la Saint Germain le kiosque onirique se donne des airs d'Italie.



mercredi 25 mai 2016

doux vient le vent?



Au matin
en écoutant du fond de ma tasse un ténor (L.R. de quoi)  avoir ses vapeurs avec la chienlit du Général, je me rumine qu'elle est comme les maillots de corps ou tricot de peau d'antan;
ça fleure bon le rude poil français qui s'emmêle les cotons (chinois).


 "Hélène a été communiste et révolutionnaire à l'époque où c'était courant, à l'époque où ça ne l'était plus, et à l'époque où ça l'est redevenu;
et puis, un beau matin et sans raison, elle s'est réveillée nue de toutes les idées auxquelles elle s'était consacrée.
Ce soir, elle avait eu des mots avec Pierre, son ex-mari toujours membre du bureau politique, qui avait basculé par stratégie auprès des plus jeunes du parti. On avait considéré Hélène comme une convertie fatiguée à la social-démocratie, une simple politicienne : elle avait vieilli, elle s'était amollie, peut-être avait-elle accepté les compromis de la vie.Où était passée sa colère?
Lâchement Pierre avait laissé instruire son procès par un petit excité aux cheveux rasés, qui portait un keffieh et qui ne ressemblait plus aux militants dont elle était amoureuse dans sa jeunesse.
surtout, elle s'était sentie humiliée lorsque Pierre l'avait lâchée en murmurant: "Tu dérives." 
Lorsque la distance augmente entre deux corps ou deux idées, par exemple le parti et son esprit, qui sait lequel des deux s'éloigne? Au micro, le petit excité l'avait qualifiée de défaitiste. Enfin les yeux d'Hélène étaient tombés sur le programme de leur plate-forme:
"Contre les délégué-e-s de la Y, nous avons défendu jusqu'au bout le projet Z, avant de voter la feuille de route susdite, nous regrettons vivement que cela n'ait pas été le cas d'une majorité (X,W ? ainsi que CCR), puisque sur la bas des points communs Y-Z, avec les camarades W qui se reconnaissent dans les orientations Y ou Z , nous proposons de redéfinir la priorité afin de regrouper les partisan-e-s
pour avancer vers la convergence, en combattant l'orientation des directions syndicales ralliées au gouvernement, pour constituer un authentique pôle alternatif sans négliger les luttes des militant-e-s écologistes, féministes et LGBTI."

"Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ce que ce charabia veut dire?" avait demandé Hélène en éclatant de rire; elle avait cru que Pierre plaisanterait avec elle. Maison l'avait regardée avec agacement, comme quelqu'un de la famille qui fait mine de ne pas comprendre, et de parler la langue de l'étranger, peut-être de l'adversaire;
Elle n'avait pas voté. elle savait très bien ce que le texte signifiait, depuis presque quarante ans qu'elle militait; pourtant, l'espace d'une seconde, les mots s'étaient fossilisés, et tout lui était apparu vain, réduit à des attaques et des contre-attaques sur un échiquier de papier; les mots s'étaient éloignés de la vie et avaient fui tout au fond d'une langue morte. Elle avait essayé de défendre à la tribune, en termes clairs, une ligne unitaire qui impliquait la réouverture de discussions avec d'autres organisations, mais l'audience lui avait parue fermée à ce langage ouvert;
Pour toute réponse, l'ami à lunettes carrées du jeune excité avait condamné "le virage stratégique électoraliste de la X, qui ne faisait que reconduire les naïvetés de l'ancienne position B, qui résultait d'une lecture erronée de la période que nous traversons et d'un scepticisme réformiste vis-à-vis de de la construction d'un parti ouvrier après la chute de l'URSS.
-Sans déconner, l'URSS?"
Elle avait gloussé. Après toutes ces années, on en revenait aux mots, et finalement aux initiales. Le militantisme commençait avec des idées et se terminait avec des lettres de l'alphabet. Parfois d'autres, parfois les mêmes
Peut-être qu'elle avait bu. Elle aurait voulu rire en leur compagnie.
"Est-ce que  ce sont les mots qui s'usent, ou les idées, ou les sentiments? Je n'en sais rien."
Aux premiers rangs, ils étaient consternés.
Au bout du compte, une jeune camarade qui portait dans ses cheveux frisés un bandeau multicolore l'avait tuée d'un regard; d'un air parfaitement froid, ni méchant ni compatissant, elle lui avait dit la pure vérité: " Je crois que tu as besoin de repos, tu traverses une période personnelle délicate." Son sourire avait ajouté: je pense que tu n'es plus ici chez toi.
Hélène avait enfilé son manteau et elle était partie.
Qu-est ce que j'ai fait de ma vie?
.../...

.../...
A la tribune, certains mots avaient changé, d'autres pas, et les visages, les attitudes, les gestes passaient de génération en génération : de son temps,il était question de science et d'idéologie, de Mandel, de Pablo, d'Althusser, d'aliénation, de dialectique, de matérialisme historique, de tiers-mondisme, d'impérialisme, de stratégie front contre front ou de campisme; tout cela semblait si vrai, si important, si actuel. C'était passé. Aujourd'hui elle entendait encore parler d'accumulation du capital ou d'émancipation des travailleurs pas eux-mêmes. et puis, avec la même empathie ou la même agressivité, le poing levé, le martèlement de la voix, les lunettes qu'on remet en place d'un seul doigt à la tribune, en remerciant les camarades pour leur attention, avant d'attirer cette même attention sur l'urgence d'une prise de conscience au sujet du sort réservé aux travailleurs de nuit, aux intermittents du spectacle, aux sans-papiers, aux réfugiés politiques du Cambodge, du Chili, de Tunisie, elle avait entendu apparaître les nouvelles formes du précariat, le sous-emploi, les subalternes,  la hiérarchisation sociale et le privilège blanc, l'hégémonie, les formes de socialisation, les savoirs et les pouvoirs de Foucault. et ça paraissait si vrai, si important, si actuel. Les références variaient, les bouches, les cheveux,  les mains des syndicalistes lycéens, étudiants,  revenaient d'année en année.
Le jeune excité avait les cheveux courts, mais il parlait comme Gabriel. Elle avait aimé Gabriel. Son camarade riait et levait le poing comme Pierre; Pierre avait été son mari. Et la jeune femme aux cheveux frisés, remontés par un bandeau de couleur, le tient grave et l'ait concerné, c'était elle. Hélène connaissait toutes les manières d'être révolutionnaire.
elle n'avait rien perdu de sa volonté, pourtant elle sentait dans le réel des limites, une plasticité lente et engluante, qui n'était pas déformable autant qu'on le souhaiterait. Le coeur politique tout entier tient à un élastique sur lequel personne ne peut prétendre tirer éternellement : on ne fait ce qu'on veut et on ne fait ce qu'on croit que jusqu'à un certain degré de tension. Lorsqu'elle y croyait sans condition, le monde entier se tendait comme un arc vers la lutte finale; mais la meilleure des volontés touche à son terme, tout se relâche.
Parvenue au bout de l'avenue, Hélène pense que toute sa vie elle aura essayé d'être juste et d'avoir raison.
Elle a l'impression d'avoir été juste, mais pas d'avoir eu raison.
.../..."

Tristan Garcia extraits de: "7" Editions Gallimard



 







dimanche 22 mai 2016

le monde et son mot de passe


"Ici la terre affirme sa présence calme et sûre,
tantôt charnelle, tantôt aérienne,
selon l'heure.
Ici l'homme comblé se garde du mot de trop,
sachant

que les dieux sont jaloux."

François Cheng



"Le tragique ne doit pas nous détourner de notre vocation d'ici, de dire ce que le souffle de vie a promis, et ce que nous-mêmes nous promettons.
Branche gorgée de sève, ou fracassée, fruit gonflé de lait ou éventré,

rires et pleurs renouent l'invisible fil." 

François Cheng 



"Dis donc ce qui vient de toi.
Dis tout ce qui te soulève au-dessus des contingences.
Le monde attend d'être dit,
et tu ne viens que pour dire.
Ce qui est dit t'est donné :

Le monde et son mot de passe."

François Cheng 


 "Lorsque arrive le vent, nous nous donnons entiers.
Au loin, mille papillons déchirent l'horizon.
Nous restons immobiles, pour être enfin, d'ici,

la sève, l'élan, le chant." 

 François Cheng extrait de: "Quand les âmes se font chant" Editions Bayard



 

vendredi 20 mai 2016

pour si peu



"Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier: la cape (le foc bordé à contre et la barre dessous) le soumet à la dérive du vent et de la mer, et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l'arrière avec un minimum de toile.
La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l'horizon des calmes retrouvés.
Rivages inconnus qu'ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de pouvoir suivre la route des cargos et des tankers, la route sans imprévu imposée par les compagnies de transport maritime,
Vous connaissez sans doute un voilier nommé "désir"."
Henri Laborit "Eloge de la fuite" 
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Inspiration d'un jour pluvieux qu'hier...


Jonas, qui adore me titiller gentiment sur mes prétentions bretonnes, m'a fait parvenir quelques photos que je vous laisse apprécier,
 Personnellement  cela m'a fait sourire.
Peut-être que je fais partie du modèle: breton avec humour

"9 phrases à ne pas dire à un breton"  c'est le titre de la collection
complète (comme une galette)  PAR ICI 





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 "Pour si peu
le fond du bruit de l'être
qui ne sera jamais réglé.

La parole que je cherche
 à te montrer
passe plus loin dans les mots .

Est-ce un jour?
Est-ce un poème?
qui s'échappe de l'intérieur
ou la pensée de n'être pas ce qui te retient?

Faut-il se reconnaître
derrière cet infime échafaudage
que rien ne protège?

A même le temps
pour un espace
à même la terre
pour une incertitude.

Pour si peu que nous restions là
comme un crachin
pour un abîme." 
Georges Drano "Pour si peu"



"Mais il est encore une chose que je voudrais vous dire: ce que l'on appelle exploration de l'inconscient dévoile en fait et en vérité l'antique et intemporelle voie initiatique."
Carl Gustav Jung




Découvert chez Nadia Issa

mercredi 18 mai 2016

ce provisoire des merveilles



"Est-ce ma faute si, 
                                    alors que je faisais paître la  vache,
je me suis mis à regarder le ciel du jour, puis de la nuit,
ce qui a semé en moi le concept de l'infini, de l'éternité, de l'Inconnu."
Edward Stachura




"Cinq, six maisons, une route au milieu.
La première église, la première école à trois kilomètres à pied, entre chien et loup, pour les enfants;
à vélo, puis plus tard à mobylette, à pas d'heure, pour les parents.
L'école pour grandir sur la terre, l'église pour monter au ciel et un jour y enterrer ses parents.
Mon pays, c'est le pays de mes tombes.
Mon pays, c'est le pays de mes rêves qui passaient par la lucarne de la cuisine, en bleu et blanc comme les cygnes sauvages quand ils traversaient les nuits de mes premières lectures, une pile électrique sous les draps.
Sans ciel, pas de terre;
sans terre, pas de ciel.
.../..."
Yvon Le Men- extrait de: "Une île en terre" 




"Même le temps est accepté
ce provisoire des merveilles." 
Jean Malrieu 

 

lundi 16 mai 2016

la natte humaine


"Faune et flore:
Je suis toutes les choses, tous les hommes et tous les animaux!
Que faire?
Essayons du grand air,
peut-être y pourrais-je quitter ma funeste pluralité!
Et tandis que la lune,
par-delà les marronniers,
attelle ses lévriers,
et, qu'ainsi qu'en un kaléidoscope,
mes abstractions élaborent les variations des accords de mon corps,
que mes doigts collés au délice de mes clés
absorbent de fraîches syncopes,
sous des motions immortelles vibrent mes bretelles;
.../...
Arthur Cravan- extrait de "Hie!"








source Emilia Lagiewska



"En deçà et au-delà
de nos identités originales
de nos appartenances communautaires,

en deçà et au-delà
de nos langues détournées, transgressées,
de nos noms reconnus, ressourcés,
des terres de nos îles morcelées, archipélagées, dispersées,

en deçà et au-delà
de nos ruptures, brisures, cassures,
des clans guerriers, clans paroles, clans écritures,
clans mémoire, clans histoire,

en deçà et au-delà
des mélopées funèbres, désespérances de nos béances,
manques dans nos corps, de l'âme et de l'esprit en nos sociétés multiples,

en deçà et au-delà
de tout ça qui fonde et nourrit nos interventions et écritures particulières,

nous gardons et emporterons dans nos bagages quelque essence qui est:

sur nos chemins de partage,

l'apport par chacun de son brin de conscience,
de réflexion, d'humanité,
pour commencer à dire ensemble,
avec nos mots, nos sonorités, nos musiques intérieures,

la chose à transmettre,
l'esprit de juste mémoire:

Tailler, ajouter, renouer, rénover,
aplanir,étendre et retresser la natte humaine." 
Flora Aurima Devatine-"Adresse" 









source Emilia Lagiewska

jeudi 12 mai 2016

un peu de Lumières

Géranium ouessantin et  de Madère dans le rôle assumé d'une métaphore des "Lumières"


".../...
Mais voilà que j'entends crier de tous côtés: Ne raisonnez pas!"
l'offcier dit: "Ne raisonnez pas, faites vos exercices!"
Le percepteur: "Ne raisonnez pas, payez!".
Le prêtre:"Ne raisonnez pas, croyez!".
.../..."
-Emmanuel Kant-


 Un chat cherchant le fil de  son aiguille dans la couture de ses doutes



"Les lumières se définissent comme la sortie de l'homme de l'état de minorité, où il se maintient par sa propre faute.
La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre.
Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non pas d'un manque d'entendement, mais d'un manque de résolution et de courage pour s'en servir sans être dirigé par un autre.
Sapere aude  (Ose savoir-Horace)
Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Voilà la devise des lumières.
La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, alors que la nature les a affranchis depuis longtemps de toute direction étrangère (naturaliter maiorennes-majeurs par nature-) restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs; et qu'il soit si facile à d'autres de se poser comme leurs tuteurs.
Il est si commode d'être mineur. Si j'ai un livre qui me tient lieu de conscience, un médecin qui juge de mon régime à ma place, etc, je n'ai pas besoin de me fatiguer moi-même. Je ne suis pas obligé de penser, pourvu que je puisse payer;
d'autres se chargeront pour moi de cette besogne fastidieuse. Que la plupart des hommes /.../ finissent par considérer le pas qui conduit à la majorité, et qui est en soi pénible, également comme très dangereux, c'est à quoi ne manquent pas de s'employer nos tuteurs qui par bonté, ont assumé la tâche de veiller sur eux. Après avoir rendu tout d'abord stupide leur bétail domestique, et soigneusement pris garde que ces paisibles créatures ne puissent oser faire le moindre pas hors du parc où ils les ont enfermées, ils leur montrent ensuite le danger qu'il y  aurait à essayer de marcher tout seul.
Or le danger n'est sans doute pas si grand que cela, étant donné que quelques chutes finiraient bien par leur apprendre à marcher; mais l'exemple d'un tel accident rend malgré tout timide et fait généralement reculer devant toute autre tentative."
Emmanuel Kant-traduction Heinz Wismann-"Ouvres philosophiques- tome 2-editions Gallimard/ source L'OBS/Hors série "Les Lumières un héritage en péril"



  


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Programme





Wihskey & Women





Katé Mé

 




 Socalled




Mouss&Hakim




Gérard Delahaye


lundi 9 mai 2016

une bonne fugue


".../...
Si on doit résumer la situation, tu lis toute la journée et à part ça, rien ne t'intéresse et tu ne mets plus les pieds à l'école...
-C'est exactement ça , docteur.
-Madame, c'est à votre beau-fils que je pose la question.
Qu'est-ce que tu peux me dire, Dennis?
-Euh...J'adore lire et ça l'enrogne, mon père.
-Tu penses que tu pourrais passer combien de jours sans lire et sans te sentir en manque?
-Ch'pourrais pas t'nir un jour."
Le belle-mère de Dennis a poussé un cri, précipitant ses mains couvertes de bagues sur ses lèvres qu'un docteur de la même clinique avait copieusement regonflées un mois plus tôt.
"C'est incompréhensible, docteur! Y a pas un livre à la maison! J'vous jure sur la vie de Rusty! Pas un livre!
On est des gens réels, nous! On r"garde la télévision! On fait des beignets de maïs! On fait du sport! J'ai fait trente-troisième au semi-marathon du désert de Tahoneck! Mais ç'gamin...c'est impossible de lui faire prendre un bout d'muscle! Ys'fiche de son corps! Y's fiche même de plaire aux filles. Alors qu'son père a été sacré Mister Saleens en première année d'fac!
 On a les pieds sur terre, nous! Dick est dans l'maïs! Il est même tout en haut d'l'échelle du maïs! Dennis a que des bons exemples sous les yeux! On est d'bons chrétiens et quand Dennis était p'tit j'l'emmenais à l'église et il adorait ça! Mais l'autre jour, y m'a dit que Dieu et l'maïs ça lui donnait la diarrhée."
Marilyn s'est pincé les lèvres pour ne pas pleurer;
"Son père et moi, on a très peur que ça s'termine mal...Si on fait rien, y va finir en prison ou y va finir homosexuel, mais en tout cas y va mal finir! Faut qu'il arrive à décrocher, docteur.
Faut plus qu'y touche à ça. Plus un sul livre...C'est une question de vie ou d'mort pour notre famille."

Le docteur s'est pincé les lèvres, exactement comme Marilyn l'avait fait.
"Est-ce que vous pourrez nous attendre à l'extérieur, madame Mahoney? Je vais avoir une conversation avec Dennis;
-Merci du fond du coeur, docteur! Je vous paierai le prix qu'il faudra...Vous m'avez bien entendue."

Marilyn a claqué la porte et son parfum saoulant de muguet a fait éternuer le psychiatre qui est parti dans un fou rire aigu, le front cramoisi. Dennis ne voyait plus qu'une masse vibrante de cheveux noirs dépasser de la table derrière laquelle le docteur était, au sens propre, plié en deux, le nez écrasé contre le velours côtelé de son pantalon; A chaque fois qu'il se calmait et s'apprêtait à dire quelque chose, le fou rire lui retombait dessus.
 "Droguez-vous,  jeune homme! Droguez-vous!" 
Il a montré d'un geste désabusé la vue par la fenêtre. "Qu'est-ce qu'on peut faire d'autre, de toute façon?
-Y'a drogue et drogue quand même...
-Ah non, mon p'tit Y a qu'une seule drogue!
-Pour la santé, j'veux dire...
-C'est pour les emmerdeurs, la santé! Faut vivre, Dennis! Mais dans un sens, t'as raison...
Y a drogue et drogue...C'est la lecture qu'à les plus beaux effets secondaires...Alors lève la main droite et jure-moi d'continuer à t'droguer.
-Je l''jure."
Le psychiatre a retrouvé son sérieux et a avoué à Dennis que malheureusement, les parents étaient une variété inconsistante.
"C'est comme les abricots. Parfois on tombe bien, parfois c'est déguelasse."
Il a conseillé à Dennis de n'écouter que son coeur, et de prendre le large dès qu'il en aurait l'occasion.
Sur l'ordonnance, il n'a écrit que trois mots: "une bonne fugue".
.../..."
Emilie de Turckheim
 extrait de"Popcorn Melody"

 
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Jeudi 19 mai c'est la Saint-Yves
Crénom
prénom pour fêter la Bretagne
et ses bretons
de toutes les manières 
et cent façons.

LE SITE qui va AVEC


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