mardi 9 juin 2015

mélancolie en organdi



    Photo: Les Coindrons


"[...] L'espoir n'est pas une drogue
qui aide à tuer les jours.

L'espoir est la clef qui rêve
de lumière au fond du puits
pour donner naissance au ciel
où les flèches des oiseaux
sifflent bleu dans l'air lucide
parmi les fauves soleils
gardiens des seuils invisibles.

Il éclata dans mon sang
tel un épi sur le champ
quand la main du moissonneur
de piège se fait caresse.
Il se posa dans ma voix
comme au faîte d'une branche:
je naissais à la fierté [...]

Les choses avaient un poids
décisif, une chaleur
dont mon corps prenait conscience.
Mes frères multipliaient
leurs purs visages de plkantes
à l'orée de ma stupeur.
J'étais beau de leur splendeur.
J'étais grand de leur détresse.

L'espérance, c'est d'avoir
l'humanité dans ses veines."

-Marc Alyn- extraits de: "Le temps des autres" Editions Seghers


     photo: Les Coindrons

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80's — Une robe jaune en organdi

"Ça fait mal parfois les souvenirs… Celui-ci je n'en suis pas très fière et pourtant si !

Les combats de boxe, les baisers abimés. Les danses épileptiques, les oublis nécessaires. Je n'ai pas la photo, personne ne l'a faite, quelqu'un aurait du la faire…

Un squat, rue de la Roquette, ces années 80's tout ce que j'ai vécu de folies souvent se passaient dans ces années là.
 
Les souvenirs que j'en ai sont souvent liés à la façon que j'avais de m'habiller, visuels et syncopés. Images d'alors. Cinématographique toujours…

Il faut comprendre tout était dans le paraître, c'était plus facile de se cacher ainsi…

Une robe jaune vif …en organdi, était-ce vraiment de l'organdi ? Peut-être un mélange de taffetas et de mousseline, taille serrée, pas une once de peau à découvert, corsage haut fermé, poitrine effacée, col officier, manches longues transparentes et boutonnées, gants de dentelle noire, jupe aux genoux mais joliment évasée sur jambes de voile foncé.

Ça dansait aux hanches et je le savais…

Sur tout ce jaune, aucun oubli, des accessoires qui font le look, j'avais mis du bleu nuit, ceinture large, très serrée, casquette de garçon manqué, j'aurais aimé du cuir, je n'en avais pas les moyens alors c'était du simili, comme on dit, mais ça le valait aussi bien.

J'avais la jeunesse, mes yeux d'indochinoise et l'assurance que le monde était à mes pieds… Et aux pieds, justement, les bottines lacées, façon film de Bunuel "Journal d'une femme de chambre".

Punk ou déjà le virage New wave ? J'avais l'opportunité de récupérer des fripes et de les marier à ma façon. Ce que j'ai fait.
Dommage que je n'ai pas rencontré notre ami Jean-Paul Gaultier dans cette soirée ça aurait sûrement collé, même si je n'avais pas 1 m 80 de haut mais 1 m 60, 48 kg, ça m'allait bien…

Une trublionne inappropriée et furieuse… Juste furieuse de vivre.

Voila c'était moi, le bouton d'or un peu punk et très énervée.

Que s'est-il passé ?
Étais-je déjà lassée de ce qui ne me convenait qu'à moitié ? Je ne sais plus trop, il faudrait que je relise mes "cahiers" de l'époque.
Juste là, maintenant j'ai envie de ne revoir que les images de cette soirée, juste les plans mixées à ma façon, un peu comme dans les rêves, vous savez où tout est si troublant.

Ce qui est certain, c'est que j'avais décidé de laisser filer pour le pire ou le meilleur la fille sauvage.

J'étais cette fille jaune et bleu-marine en colère, rien d'autre, je ne sais plus pourquoi, il y a bien eu sans doute un pourquoi et quelque truc qui motivait cette colère…
J'étais accompagnée dans ce squat par mon mec et bizarrement je ne souviens pas de comment il s'était habillé, pourtant je suis bien sûre qu'il devait avoir soigné sa parure. C'était notre truc à l'époque. Peut-être y avait-il eu dispute, velléité de briser déjà notre couple bizarre et s'aimant si mal…

Je me suis vite perdue, seule, dans la foule joyeuse, c'est ce que je voulais.
J'ai dansé, dansé comme si le monde allait disparaître au bout de la nuit…
C'était probablement sur de la House ou de l'Acid, ce que j'aimais et qui me noyait ces années là… 
J'ai perdu tout sens du temps et de la mesure.
J'étais une sauvage, une indienne apache juste avant la bataille, fière de mes plumes, de mes accessoires, j'étais là tellement présente et désespérée, je voulais tout, je voulais plus…

Je voulais faire mal, je voulais qu'on me fasse du mal…

Et j'ai eu ce baiser, profond, secret, interdit, je ne me souviens plus du visage de ce jeune homme, j'aimerais, j'aimerais tellement, je sais qu'il était beau, que c'était bon, que j'en ai eu les lèvres gonflées comme un fruit rouge, marquée et tatouée et que je me suis dit qu'un baiser aux lèvres ajustées ça valait bien une nuit de sexe débridée…
Je me souviens seulement que l'on s'était éloignés du Dance Floor et que nous nous trouvions dans une allée pavée, pas très glamour à vrai dire, mais j'ai le souvenir que ça a duré des heures… que je me croyais "La princesse de Clèves" dans les bras de son chevalier.
Un baiser, c'est peu croyez-vous mais c'est si merveilleux, c'est vraiment la panacée quand les ADN s'octroient un supplément d'âme, une révélation !
C'est absolument ce que j'ai ressenti jusqu'au bout de la nuit avec ce garçon dont je ne connais plus rien, dont j"ai oublié le visage et le prénom…

J'aimais bien ces instants comptés, j'aimais bien penser que rien n'allait de soi, que rien n'était prédestiné. J'aimais bien déjà croire que si je m'étais trompée je n'avais jamais rien promis et que tout restait possible.

And no regrets indeed, mais quelques beaux souvenirs, de si belles images… pas très sages."

Lady C.





     photo: Les Coindrons

 .../...Déjà j'édifiais le poème afin d'y établir/ ma résidence principale/ Laissant sur la porte la clef:/que le plus démuni entre ici se chauffer."
-Marc Albyn- 



 

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