mercredi 10 juin 2015

batterie de famille



"Définition des Français selon Le Pen: Est français celui ou celle dont les deux parents sont français. Le Pen est-il français?

Si Le Pen était français, selon la définition de Le Pen, cela voudrait dire que, selon la définition de Le Pen, la mère de Le Pen et le père de Le Pen auraient été eux-même français selon la définition de Le Pen, ce qui signifierait  que selon la définition de Le Pen, la mère de la mère de Le Pen, ainsi que le Père de la mère de Le Pen ,ainsi que la mère du père de Le Pen, sans oublier le père du père de Le Pen auraient été selon la définition de Le Pen, français et par conséquent la mère de la mère de la mère de Le Pen, ainsi que celle du père de la mère de Le Pen ainsi que celle de la mère  du père de Le Pen, et celle du père du père de Le Pen auraient été français selon la définition de Le Pen et de la même manière et pour la même raison le père de la mère de la mère de Le Pen, ainsi que celui du père de la mère de Le Pen ainsi que celui de la mère du père de Le Pen, et que celui du père du père de Le Pen auraient été français toujours selon la même définition, celle de Le Pen d'où on déduira sans peine et sans l'aide de Le Pen en poursuivant le raisonnement ou bien qu'il y a  une infinité de français qui sont nés français selon la définition de Le Pen depuis l'aube du commencement des temps ou bien que Le Pen n'est pas français selon la définition de Le Pen."
-Jacques Roubaud-



"Il y a de plus en plus d'étrangers dans le monde"
Luis Rego




mardi 9 juin 2015

mélancolie en organdi



    Photo: Les Coindrons


"[...] L'espoir n'est pas une drogue
qui aide à tuer les jours.

L'espoir est la clef qui rêve
de lumière au fond du puits
pour donner naissance au ciel
où les flèches des oiseaux
sifflent bleu dans l'air lucide
parmi les fauves soleils
gardiens des seuils invisibles.

Il éclata dans mon sang
tel un épi sur le champ
quand la main du moissonneur
de piège se fait caresse.
Il se posa dans ma voix
comme au faîte d'une branche:
je naissais à la fierté [...]

Les choses avaient un poids
décisif, une chaleur
dont mon corps prenait conscience.
Mes frères multipliaient
leurs purs visages de plkantes
à l'orée de ma stupeur.
J'étais beau de leur splendeur.
J'étais grand de leur détresse.

L'espérance, c'est d'avoir
l'humanité dans ses veines."

-Marc Alyn- extraits de: "Le temps des autres" Editions Seghers


     photo: Les Coindrons

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80's — Une robe jaune en organdi

"Ça fait mal parfois les souvenirs… Celui-ci je n'en suis pas très fière et pourtant si !

Les combats de boxe, les baisers abimés. Les danses épileptiques, les oublis nécessaires. Je n'ai pas la photo, personne ne l'a faite, quelqu'un aurait du la faire…

Un squat, rue de la Roquette, ces années 80's tout ce que j'ai vécu de folies souvent se passaient dans ces années là.
 
Les souvenirs que j'en ai sont souvent liés à la façon que j'avais de m'habiller, visuels et syncopés. Images d'alors. Cinématographique toujours…

Il faut comprendre tout était dans le paraître, c'était plus facile de se cacher ainsi…

Une robe jaune vif …en organdi, était-ce vraiment de l'organdi ? Peut-être un mélange de taffetas et de mousseline, taille serrée, pas une once de peau à découvert, corsage haut fermé, poitrine effacée, col officier, manches longues transparentes et boutonnées, gants de dentelle noire, jupe aux genoux mais joliment évasée sur jambes de voile foncé.

Ça dansait aux hanches et je le savais…

Sur tout ce jaune, aucun oubli, des accessoires qui font le look, j'avais mis du bleu nuit, ceinture large, très serrée, casquette de garçon manqué, j'aurais aimé du cuir, je n'en avais pas les moyens alors c'était du simili, comme on dit, mais ça le valait aussi bien.

J'avais la jeunesse, mes yeux d'indochinoise et l'assurance que le monde était à mes pieds… Et aux pieds, justement, les bottines lacées, façon film de Bunuel "Journal d'une femme de chambre".

Punk ou déjà le virage New wave ? J'avais l'opportunité de récupérer des fripes et de les marier à ma façon. Ce que j'ai fait.
Dommage que je n'ai pas rencontré notre ami Jean-Paul Gaultier dans cette soirée ça aurait sûrement collé, même si je n'avais pas 1 m 80 de haut mais 1 m 60, 48 kg, ça m'allait bien…

Une trublionne inappropriée et furieuse… Juste furieuse de vivre.

Voila c'était moi, le bouton d'or un peu punk et très énervée.

Que s'est-il passé ?
Étais-je déjà lassée de ce qui ne me convenait qu'à moitié ? Je ne sais plus trop, il faudrait que je relise mes "cahiers" de l'époque.
Juste là, maintenant j'ai envie de ne revoir que les images de cette soirée, juste les plans mixées à ma façon, un peu comme dans les rêves, vous savez où tout est si troublant.

Ce qui est certain, c'est que j'avais décidé de laisser filer pour le pire ou le meilleur la fille sauvage.

J'étais cette fille jaune et bleu-marine en colère, rien d'autre, je ne sais plus pourquoi, il y a bien eu sans doute un pourquoi et quelque truc qui motivait cette colère…
J'étais accompagnée dans ce squat par mon mec et bizarrement je ne souviens pas de comment il s'était habillé, pourtant je suis bien sûre qu'il devait avoir soigné sa parure. C'était notre truc à l'époque. Peut-être y avait-il eu dispute, velléité de briser déjà notre couple bizarre et s'aimant si mal…

Je me suis vite perdue, seule, dans la foule joyeuse, c'est ce que je voulais.
J'ai dansé, dansé comme si le monde allait disparaître au bout de la nuit…
C'était probablement sur de la House ou de l'Acid, ce que j'aimais et qui me noyait ces années là… 
J'ai perdu tout sens du temps et de la mesure.
J'étais une sauvage, une indienne apache juste avant la bataille, fière de mes plumes, de mes accessoires, j'étais là tellement présente et désespérée, je voulais tout, je voulais plus…

Je voulais faire mal, je voulais qu'on me fasse du mal…

Et j'ai eu ce baiser, profond, secret, interdit, je ne me souviens plus du visage de ce jeune homme, j'aimerais, j'aimerais tellement, je sais qu'il était beau, que c'était bon, que j'en ai eu les lèvres gonflées comme un fruit rouge, marquée et tatouée et que je me suis dit qu'un baiser aux lèvres ajustées ça valait bien une nuit de sexe débridée…
Je me souviens seulement que l'on s'était éloignés du Dance Floor et que nous nous trouvions dans une allée pavée, pas très glamour à vrai dire, mais j'ai le souvenir que ça a duré des heures… que je me croyais "La princesse de Clèves" dans les bras de son chevalier.
Un baiser, c'est peu croyez-vous mais c'est si merveilleux, c'est vraiment la panacée quand les ADN s'octroient un supplément d'âme, une révélation !
C'est absolument ce que j'ai ressenti jusqu'au bout de la nuit avec ce garçon dont je ne connais plus rien, dont j"ai oublié le visage et le prénom…

J'aimais bien ces instants comptés, j'aimais bien penser que rien n'allait de soi, que rien n'était prédestiné. J'aimais bien déjà croire que si je m'étais trompée je n'avais jamais rien promis et que tout restait possible.

And no regrets indeed, mais quelques beaux souvenirs, de si belles images… pas très sages."

Lady C.





     photo: Les Coindrons

 .../...Déjà j'édifiais le poème afin d'y établir/ ma résidence principale/ Laissant sur la porte la clef:/que le plus démuni entre ici se chauffer."
-Marc Albyn- 



 

dorure sur tranche

Il est 22h05
sur mon pédalier
                         au roulement à billes .
Sur la longue ligne droite traversant le Parc Paysager
à la proue du vélo
le ciel se fait rose d'émotion contenue
-de la situation-
Signe qu'il fera beau demain
                                     si j'en crois un dira t-on d'hier.

Ah!
Le beau est forcément subjectif ;  fonction des conjonctures
et de leurs entournures.
A priori et comme de bien entendu, dans les milieux météorologiquement autorisés,
 il s'agirait dans ce cas précis d'une histoire de soleil.
Allez donc dire ça à ceux  qui n'en peuvent plus de sécheresse...
 Et puis,
en ce qui concerne mes armoiries
 bourlinguer sous la pluie ne m'a jamais fait peur
mais paraîtrait que c'est  du normal de par ici
où l'on a tombé deux dents
quand nous étions ptit...

Beau et con à la fois
pensais-je en languedocien
dans une autre vie
en regardant quelques steaks griller sur la plage de Palavas.
Mais contingence en l'occurrence
n'étais-je pas alors sur la photo de la brochette
comme une tranche de foie from ouest?

Il est 22h10 
sur mon pédalier au roulement habile.
Je ne veux pas m'en faire
 en bord de clairière
dans le vent salé du soir
qui m'entraine vers d'autres histoires
dorées
sur tranches de nuit.







lundi 8 juin 2015

derrière la tête du monde





Conseil d'astronaute chez: "La Méduse et le Renard"

"Surtout
dès que tu as le vertige
rappelle-toi que
l'espace n'est qu'une idée
derrière la tête
du monde"






Chez hélénablue à 1h06 j'ai lu ça:

"Chacun de nos gestes même le plus infime induit celui de l'autre, et réciproquement. Chacun de nos regards, de nos sourires, de nos battements de cils, de nos mots, de nos manières d'être... La relation est une chose fragile qui se tisse lentement avec délicatesse, implicitement, au mieux tendrement mais qui peut aussi se défaire brutalement, un coup de canif dans la soie. On est à l'abri de rien, pas même de soi-même, mais une relation est précieuse et, une relation construite sur la confiance, la sincérité et l'acceptation de l'autre tel qu'il est avec son bagage, ses désirs, son langage, peut endiguer et peut aussi forger une matière qui nous dépasse. L'amour est de cette sorte d'alliage, il donne et demande beaucoup mais surtout il permet à chacun d'exister. C'est ainsi que je le vis, c'est ainsi que je veux aimer, et l'être aussi ... Personne ne sait, tous on expérimente, on tente, on s'aventure et on s'apprend...Je ne connais rien de meilleur à ce jour, si ce n'est mettre au monde un enfant."




 ".../...
Il n'y a pas de système faunesque
derrière un homme

                                            rien que le système de l'abandonné
                                            dans l'attente d'un signe

rochers aboient
            fantômes

 quel air
et issue

lorsqu'il neige
à l'approche d'un sacrifice
humain

                                        l'homme 
                                        squelette volant
                                        poudroie les ombres

fléau du dernier soleil

Il marche,                       il a  beaucoup
                                       marché

c'est son unité d'abandon

                                obsession pour 
                                 une scène obsédante

il glisse

fendu est le temps 
.../..."
Jean Daive-extrait de: "Entre deux draps, dans un égout "








 du 24 au 26 juillet à Airvault (79)




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.../...
Il jette les noeuds
dans les temples. "Oui"

j'écris autrement

il jette les topologies
dans les temples. "Oui"

un philosophe au fond de sa cellule
lime chaque matin les barreaux
et pense à légiférer la liberté

Lime enroulée dans linge mouillé

lime langée, donc-liberté langée
"Oui"
lois langées-peut-être

Une cellule à la place du feu

et non du four

là, il pense, mais côte à côte

deux infinitifs à propos du mot

L.i.b.e.r.t.é. -
                                          
                                                     légiférer, répudier
.../..."
Jean Daive- extrait de: "Anamorphose d'un faune" Monstrueuse
-Editions Flammarion

 


dimanche 7 juin 2015

fragments




Le jardin est mal fané.
On y sert de l'odonate
au pet léger
émanant l'atmosphère
de sa grâce désinvolte.

Le jardin tintinnabule
au moindre souffle d'un presque été,
je suis,
je serais.


"un zeste d'état sauvage
de régate le long de côtes étrangères
pays inhabités
de drapeaux plantés
un zeste de siège sur un chariot
de regard au coeur d'une étrange vallée
-non scarifiée par le barbelé des frontières
par le bruit des voix
par le clapotis des bacs
les bailles à goudron et les cages à poules
le long du chariot
c'est un zeste de course à mi-corps dans l'avoine rouge
de quête de groseilles à maquereau  de raisins de loup
de coupe de rotin
et de sommeil sous la toile ouverte de la nuit
étendue sur hiboux et chacals
une chose qui nous dépasse nous amena ici
une chose qui devint la jante de notre survie
le groseillier coriace de la foi

car qui presse les nuages contre les montagnes
afin que demeure légère et blanche la poudre
comme le talc français du cap
qui pousse les blancs boucliers noirs boucliers
avec la sagaie de la nuit
laissons-les  attendre l'aurore et sa calebasse de feu
qui de sa propre main
mène le brouillard dense à l'assaut des montagnes
afin que nous voyions large et loin

mais des merveilles ne redisent plus une merveille
les voix ne résonnent plus clairement
le pays n'est plus ni vaste ni cruel
mais petit et sans défense
et sur les routes goudronnées personne ne laisse de traces...
pourtant nous sommes façonnés par des saisons
de prospérité et de douleur
par la simplicité de quatre murs
par la poussée de la terre
la duplicité de la lumière de l'été
c'est pourquoi nulle part ailleurs nous ne pouvons aller
car nulle part la terre n'est tendue de tant d'émotion
l'air n'est ni clair
le jour ne se lève avec autant de violence
nulle part ne pouvons dormir aussi doucement
que dans la paume ouverte de ce pays."
Antjie Krog- "ni pillard, ni fuyard"- traduction: Georges-Marie Lory-Editions: "Le temps qu'il fait"


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PROGRAMME


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"[...] parce qu'il y a une unité en dépit de la diversité infinie et une diversité infinie en dépit de l'unité."
-Samuel Butler-




samedi 6 juin 2015

je suis debout




Devenir le poème

"De la maison, je vois le jardin.
Je sors de la maison pour entrer dans le jardin. Du jardin, je vois la maison.

Je quitte le jardin pour revenir dans la maison. Dominant le jardin et la maison, hadéen, archéen, protérozoïque, phanérozoïque, quatre éons me contemplent.

Je lève l'oeil au plafond au ciel de lit au ciel de l'art. Je m'allonge dans l'herbe des allées.

Je me couche dans la luzerne entre les draps blancs et bleus du ciel au milieu des âges. Des visages souriants me regardent.

Larme à l'oeil, je récite les noms de ceux qui me précédèrent, me parlèrent au berceau ou dans les livres d'images.

C'est un poème-liste des noms de lieux et de choses, noms d'hommes et d'animaux, d'époques et de paysages.

Le ciel et le temps qui s'écoule sont le toit de la maison. L'eau ruisselle depuis toujours sur toit et jardin.

Je puise eau et parole, à longueur de kilomètres. J'habite ici maintenant là autrefois, de passage entre deux collines entre deux fleuves.

Même si je déménage parfois dans l'esprit et la durée, la maison demeure un musée de la parole et des souvenirs futurs.

Je prépare des poèmes culinaires, des ballades reposantes, des sculptures de pâtisserie, des accumulations de phonèmes, des étagères de livres et de bocaux.

Assis comme un nuage stagnant sous le soleil au centre du jardin, je dilate mes molécules sans me soucier du nombre d'Avogadro.

Je vis la quotidienneté en continu. Je suis debout, tenant dans mes mains levées l'écheveau du rêve et les fils du réel.

Je dévide le codex des archives, brouillons de projets, lettres entassées dans des cartons, relevés de comptes, cahiers raturés, cartes postales, photos floues.

Avions et oiseaux tracent des lignes dans le ciel : je déchiffre sur la terre le grimoire laissé par les ombres de leurs trajectoires.

Je vois là-haut le sang qui pulse dans les veines et les artères des pigeons, des anges vagabonds et des hommes voyageurs

Je capte les pensées fugitives, la prose bop spontanée, le cut-up des langues, sans hiérarchie, ni sélection. Rien que la vie brute.

Tapisserie de rouleaux collés au fil du temps sur les murs des alcôves dans le monde du fleuve, couches successives d'ondes vibratoires.

Je soulève un coin de la tapisserie pour révéler l'évidence : le monde est poème est monde, le  poème est monde est poème.

En moi, micro et macro, deux infinis cohabitent. Simplicité et complexité. Ordre et chaos.Dans un double mouvement double, expansion contradiction, emboîtement déboîtement.

Je suis une poupée russe tourbillonnant sur elle-même, sur l'erre d'une conique, planète neuve, anneaux de Saturne en bois peint.

Les couleurs du prisme se fondent lentement en un blanc aveuglant, puis se stabilisent en gouttelettes sur les murs extérieurs de la maison;

un fugitif passage à l'équilibre s'opère dans la chambre du Stalker, puis en sens inverse, surgit une nouvelle composition analyse décomposition.

Les poupées s'emboîtent encore ainsi font font font...Mais c'est moi qui par un mouvement lent de torsion révèle le mystère.

C'est moi qui agis, qui fais, qui fabrique, qui pratique en fin ce compte, en fin de cycle, dans le franchissement furtif.

Enfin, je deviens moi-même le poème. Créateur créature, je suis parlé, soufflé, animé. contenant contenu. Zoom sur l'âme de la muse.


L'âme amusée serpente dans les chambres du musée, de la maison musée, en vadrouille dans les allées du jardin, gloriettes et pergolas.

Le compost culturel mue en matière d'étoile, C H O N, alphabet de quatre lettre dans le carré magique de l'univers.

BANG dans le silo, bombes, carottes, fusées, pétrole, papier, peau, humus, os, poils, craie, chlorophylle, jour, nuit, gel, orage, ozone dans la zone.

Je visite les pièces dans la maison. Les livres sont des chambres d'hospitalité, réserves d'intelligence, containers d'utopie, échantillons d'éternité.

Je chuchote en tournant les pages de l'index, articule des noms, prends des notes, fait les présentations, introductions et tables des matières.

Je saisis pierre et ciment, pelle et truelle, crayon et craie, colle et peinture, brosse et pinceau, toile et laine, aiguille et ciseaux.

I want to live poetically dans le monde comme un poème, poème du monde. Je transporte le monde avec mes oripeaux et parures.

Je l'emporte partout avec moi. Je suis un clochard du dharma, un monstre à plusieurs têtes. Je suis multi, micro et macrocéphale.
.../..."
-Lucien Suel- extrait de: Je suis debout- "devenir le poème"- Editions La Table Ronde




l'édition 2015

les photos à suivre ont été commises
lors des éditions 2013 et 2014























« La Terre... C’est elle qui nous nourrit, elle à qui nous devons la vie et devrons irrévocablement la survie. »
 Pierre Rabhi
Que mangerons-nous demain ? Comment subvenir aux besoins d’un monde qui comptera plus de 9 milliards d’habitants en 2050 ? Plus qu’un simple questionnement humaniste, nous sommes confrontés désormais à un véritable problème de fond, à un bouleversement futur des relations géopolitiques internationales. L’enjeu ? Favoriser l’autosuffisance alimentaire des pays aujourd’hui déficitaires, produire plus et produire mieux pour répondre aux besoins quantitatifs croissants tout en préservant les potentialités naturelles de la planète. Et enfin, allier quantité et qualité en veillant à la sécurité sanitaire, l’équilibre nutritionnel, la dimension « plaisir » et les savoir-faire culinaires. Comment dès lors assurer à toute l’humanité une alimentation suffisante, de qualité, saine et durable ? Ce sera l’objet de la prochaine Exposition universelle qui se tiendra à Milan du 1er mai au 31 octobre 2015, avec précisément pour thème : « Nourrir la planète, énergie pour la Vie ». 141 pays, dont la France, participeront à cet événement qui devrait accueillir plus de 20 millions de visiteurs dont un million de Français ! Pour sa 12e édition, le Festival Photo La Gacilly, soucieux depuis ses débuts du lien unissant l’Homme à la Terre, ne pouvait passer à côté de ce grand rendez-vous. Il s’est même associé à la cité lombarde en devenant son ambassadeur en Bretagne, le partenaire privilégié de l’Expo Milan 2015. C’est pourquoi notre programmation fera la part belle à la photographie italienne, tout en mettant l’accent sur les comportements alimentaires de nos cinq continents. Une ode à l’émerveillement certes, mais aussi une invitation au voyage pour faire de chacun de nous des êtres responsables.
Hommage à la photographie italienne
Ainsi, l’espace d’un été, du 5 juin au 30 septembre, par la magie des auteurs transalpins,
les venelles de La Gacilly s’ouvriront aux théâtres antiques ou à la campagne toscane, les jardins de notre village accueilleront des situations dignes de la Comedia dell’arte ou de la vie rurale des environs de Vérone et Ancône, les murs végétaux afficheront les attitudes, les visages de ceux qui incarnent cette société si latine.
Mario Giacomelli, un modèle pour tous les photographes de l’abstraction, nous a quittés en 2000. Avec poésie, car il était aussi un poète, il a capté, dans l’alambic d’un noir et blanc hypercontrasté, les blessures des hommes et de la terre : nous rendrons hommage à son œuvre immense en montrant ses images de villageois de Scanno, de paysans figés dans l’éternité, de séminaristes jouant dans la neige, de champs couverts de sillons, de vols d’oiseaux obscurcissant l’espace. Contemporain de Giacomelli, Piergiorgio Branzi a une révélation quand il se rend pour la première fois à une exposition d’Henri Cartier-Bresson dans les années cinquante. Ses clichés ouvrent un nouveau chapitre dans l’histoire de la photographie italienne, celui du réalisme-formalisme, en saisissant l’instant d’une scène de rue dans un jeu permanent d’ombres et de lumières.
Avec Massimo Siragusa (né en 1958), nous arpenterons les espaces aménagés de Milan, Venise, ou Naples, quand l’homme devient infiniment petit face aux monuments qu’il a créés et qui défient le temps. Ce Romain se définit comme un artiste et ses grands formats en couleur, photographiés frontalement, sont comme les toiles des paysagistes du XVIIIe siècle. Dans cet univers onirique, Paolo Ventura (né en 1968) a grandi dans la mémoire des années 1940 racontée par ses grands- parents. Son imaginaire s’est emballé et il a conçu de reconstruire de « vrais faux » souvenirs sous forme de maquettes miniatures dont les photographies sont aujourd’hui les seules traces : nous exposerons des images géantes de ce théâtre d’illusion où les individus sont en réalité de petites figurines de poupées et les décors du carton-pâte. Deux auteurs, enfin, que tout oppose, affronteront leur regard sur leur Italie natale dans un amical « mano a mano » : dans les années 1970, Franco Fontana a ramené le paysage à des structures abstraites et s’est intéressé autant à la composition qu’à l’éclat et l’intensité de la couleur. Emanuele Scorcelletti (né en 1964), lui, est renommé pour ses photographies de célébrités et ses portfolios de stars cannoises dans les plus grands magazines. élevé à Paris où il vit, il vient de passer plusieurs mois dans la région des Marches à la recherche de ses propres racines : un hommage en noir et blanc à son père.
Dans la diversité de cette photographie italienne, nous avons aussi choisi de rendre hommage à trois générations d’auteurs documentaires, qui ont en commun cette volonté de saisir les beautés et les maux d’un monde qui s’effacent, d’une société confrontée au progrès. Mirella Ricciardi (née en 1933), a longtemps vécu au Kenya : elle se décrit comme « une enfant de l’Afrique protégée par le ciel étoilé et réveillée par le soleil levant, avec la nature pour professeur ». Ses portraits de Massaï, de femmes maliennes, de guerriers soudanais avaient ému le public il y a quarante ans. Nous avons souhaité les remettre à l’honneur. Paolo Pellegrin (né en 1964) est probablement le photographe le plus primé, par ses images prises dans des zones de conflit ou de guerre civile. Au Pakistan, en Palestine, en Afghanistan, en Irak, nous avons choisi d’exposer en très grands formats ces paysages bouleversés, meurtris par les combats des hommes. Alessandro Grassani (né en 1977) est, quant à lui, un jeune photojournaliste à l’avenir prometteur. En 2009, il a débuté son projet sur les « migrants environnementaux » et s’est rendu au Bangladesh, en Ethiopie, en Mongolie pour suivre ces réfugiés climatiques qui fuient leur campagne pour la ville où ils vont connaître précarité et habitats de fortune, loin de l’eldorado espéré. Ses images seront pour la première fois dévoilées au public."

Cyril Drouhet
Commissaire des expositions

Florence Drouhet
 Directrice artistique
source






vendredi 5 juin 2015

au fond


 Au fond,
tout se mélange!
C'est l'étang qui veut ça.
 lagon salé de nos  sinécures.
Marigot bourbeux.
Palud breton sous  transparence.
Réservoir égouttant
des ébauches épiphyte.
Expiration fille de l'air.
Inspiration mortes eaux.

Tout se mélange!
En considérations déraisonnables
-Faudra bien se faire une raison-
Comme pensement, ça se pose là.
Et sa muse
à caresser celle de l'autre,
à la grâce des locutions.

En vrai,
ton verbe m'est chair,
ta langue m'éclaire.

Tout se mélange!
Confondre l'extérieur de la salle défaite
et les coulisses aux abois.
Organismes avec micros.
Profondeur de chants.
 Lyrisme!
des doigts hantés d'illusions atmosphériques
tournant en rond
dans les courbes
et
se serrant les coudes émoussés
par des faux
par ti'prix.


Tout se mélange
 à la sauce ustensile
maquillée de hantise et autres extravagances.
-fragrances-
en cours de déversification.
 Serpents à sonnets.
Cap sizain.
délavé par les dramaticales.

Perdre pied et flotter dans l'éthéré fraichement labouré.


Tout se mélange:
- dieux accrédités
-microzoaires en cours d'identification
-espace esquissé
-cambrure et qui sait?
-Croyances délavées
-Syntagmes des combines.
 T'imagines...


Tout se mélange
à dessin
dans la frange,
et ses marges de manoeuvre.

Mon parnasse bienvenue:
Tout le monde descend
et ondule
dans sa bulle.






mardi 2 juin 2015

palette à la diable


Laisser infuser
mûrir 
une idée
après-l'autre.
                                                   "La pêche aux idées macérées"
Nuoc-mãm de la pensée
tranquillement
relative.
             Plutôt qu'être réactionnaire par essence
déwatté par nature
au débotté concerné 
                                     A la vie bien tranchée
colères immuables
prévisibles
et
tellement" tête de gondole"
chez
                                passoire
périssoire
                                 périssable .

Laisser tremper
sa plume 
afin qu'elle ne se dessèche point
à la ligne.

Laisser
-Verdir peut-être
-Rougir un peu
-Noircir mais pas trop
ni en faire un drapeau
ce sera toujours un drapeau de trop...
                                                              (comme c'est difficile)
-Jaunir par tous les temps
-Blanchir
et ainsi de suite.
                             Bleuir dans la nuit

Et avec votre esprit
forcément.




 



lundi 1 juin 2015

je me célèbre moi



 .../...Descendu pieds nus du toit de la maison,
le soleil devient bleu sur les marches du couchant
écrit un poème à chaque pas

Face à la maison un arbre qui ressemble à un enfant
Je ne connais pas son nom

Les murmures autour de lui sont des soupirs
.../..."
-Adonis- extrait de: "Prends-moi chaos, dans tes bras."


"Qui que tu sois!
tu es celui ou celle
 pour qui la terre est solide et liquide,
tu es celui ou celle
pour qui le soleil et la lune
sont suspendus dans le ciel.

Le présent et le passé n'existent pour nul autre
que pour toi.
L'immortalité n'existe pour nul autre que toi."
Walt Whitman-



"Walt Whitman, un cosmos, de Manhattan le fils, Turbulent, bien en chair, sensuel, mangeant, buvant et procréant,
Pas sentimental, pas dressé au-dessus des autres ou à l’écart d’eux
Pas plus modeste qu’immodeste.

Arrachez les verrous des portes!
Arrachez les portes mêmes de leurs gonds!

Qui dégrade autrui me dégrade
Et rien ne se dit ou se fait, qui ne retourne enfin à moi.

A travers moi le souffle spirituel s’enfle et s’enfle, à travers moi c’est le courant et c’est l’index.
Je profère le mot des premiers âges, je fais le signe de démocratie,
Par Dieu! Je n’accepterai rien dont tous ne puissent contresigner la copie dans les mêmes termes.
A travers moi des voix longtemps muettes

Voix des interminables générations de prisonniers, d’esclaves,
Voix des mal portants, des désespérés, des voleurs, des avortons,
Voix des cycles de préparation, d’accroissement,
Et des liens qui relient les astres, et des matrices et du suc paternel.
Et des droits de ceux que les autres foulent aux pieds,
Des êtres mal formés, vulgaires, niais, insanes, méprisés,
Brouillards sur l’air, bousiers roulant leur boule de fiente.

A travers moi des voix proscrites,
Voix des sexes et des ruts, voix voilées, et j’écarte le voile,
Voix indécentes par moi clarifiées et transfigurées.

Je ne pose pas le doigt sur ma bouche
Je traite avec autant de délicatesse les entrailles que je fais la tête et le coeur.
L’accouplement n’est pas plus obscène pour moi que n’est la mort.
J’ai foi dans la chair et dans les appétits,
Le voir, l’ouïr, le toucher, sont miracles, et chaque partie, chaque détail de moi est un miracle.

Divin je suis au dedans et au dehors, et je sanctifie tout ce que je touche ou qui me touche.
La senteur de mes aisselles m’est arôme plus exquis que la prière,
Cette tête m’est plus qu’église et bibles et credos.

Si mon culte se tourne de préférence vers quelque chose, ce sera vers la propre expansion de mon corps, ou vers quelque partie de lui que ce soit.
Transparente argile du corps, ce sera vous!
Bords duvetés et fondement, ce sera vous!
Rigide coutre viril, ce sera vous!
D’où que vous veniez, contribution à mon développement, ce sera vous!
Vous, mon sang riche! vous, laiteuse liqueur, pâle extrait de ma vie!
Poitrine qui contre d’autres poitrines se presse, ce sera vous!
Mon cerveau ce sera vos circonvolutions cachées!
Racine lavée de l’iris d’eau! bécassine craintive! abri surveillé de l’oeuf double! ce sera vous!
Foin emmêlé et révolté de la tête, barbe, sourcil, ce sera vous!
Sève qui scintille de l’érable, fibre de froment mondé, ce sera vous!
Soleil si généreux, ce sera vous!
Vapeurs éclairant et ombrant ma face, ce sera vous!
Vous, ruisseaux de sueurs et rosées, ce sera vous!
Vous qui me chatouillez doucement en frottant contre moi vos génitoires, ce sera vous!
Larges surfaces musculaires, branches de vivant chêne, vagabond plein d’amour sur mon chemin sinueux, ce sera vous!
Mains que j’ai prises, visage que j’ai baisé, mortel que j’ai touché peut-être, ce sera vous!

Je raffole de moi-même, mon lot et tout le reste est si délicieux!
Chaque instant et quoi qu’il advienne me pénètre de joie,
Oh! je suis merveilleux!
Je ne sais dire comment plient mes chevilles, ni d’où naît mon plus faible désir.
Ni d’où naît l’amitié qui jaillit de moi, ni d’où naît l’amitié que je reçois en retour.

Lorsque je gravis mon perron, je m’arrête et doute si ce que je vois est réel.
Une belle-de-jour à ma fenêtre me satisfait plus que toute la métaphysique des livres.
Contempler le lever du jour!
La jeune lueur efficace les immenses ombres diaphanes
L’air fleure bon à mon palais.
Poussées du mouvant monde, en ébrouements naïfs, ascension silencieuse, fraîche exsudation,
Activation oblique haut et bas.
Quelque chose que je ne puis voir érige de libidineux dards
Des flots de jus brillant inondent le ciel.

La terre par le ciel envahie, la conclusion quotidienne de leur jonction
Le défi que déjà l’Orient a lancé par-dessus ma tête,
L’ironique brocard: Vois donc qui de nous deux sera maître!"

Walt Whitman   "Chant de moi-même" -Traduction d’André Gide-



"Je chante le soi-même, une simple personne séparée,
Pourtant je prononce le mot démocratique, le mot En Masse,
C’est de la physiologie du haut en bas, que je chante,
La physionomie seule, le cerveau seul, ce n’est pas digne de la Muse;
je dis que l’Ëtre complet en est bien plus digne.
C’est le féminin à l’égal du mâle que je chante,
C’est la vie, incommensurable en passion, ressort et puissance,
Pleine de joie, mise en oeuvre par des lois divines pour la plus libre action,
C’est l’Homme Moderne que je chante."

Walt Whitman, Feuilles d’herbes -Traduction de Jules Laforgue-





"Je me célèbre moi,
Et mes vérités seront tes vérités,
Car tout atome qui m’appartient t’appartient aussi à toi.
Je paresse et invite mon âme,
Je me penche et paresse à mon aise . . . . tout à la contemplation d’un brin d’herbe d’été.
Maisons et pièces regorgent de mille parfums . . . . les étagères débordent de parfums,
J’en respire moi-même l’arôme, je le connais et je l’aime,
Cette quintessence pourrait m’enivrer à mon tour, mais je saurai lui résister.
L’air n’est pas un parfum . . . . il n’a pas goût de cette quintessence . . . . il est inodore,
Il s’offre éternellement à ma bouche . . . . j’en suis épris,
Je veux aller sur le talus près du bois, j’ôterai mon déguisement et me mettrai nu,
Je brûle de sentir son contact.
La buée de mon propre souffle,
Échos, clapotis et murmures feutrés . . . . racine d’amour, fil de soie, fourche et vigne,
Mon expiration et mon inspiration. . . . . les battements de mon coeur . . . . le passage du sang et de l’air dans mes poumons,
L’odeur des feuilles vertes et des feuilles sèches, du rivage et des rochers sombres de la mer, du foin dans la grange,
Le son des mots éructés par ma voix . . . . mots livrés aux tourbillons du vent,
Des baisers à la dérobade . . . . quelques étreintes . . . . des bras qui enlacent,
Le jeu de la lumière et de l’ombre sur les arbres aux branches souples qui ondulent,

.../..."
-Walt Whitman-extrait de: "Leaves of grass" (feuilles d'herbe)








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