samedi 7 juin 2014

peut-être l'avez vous vue


"Le plus solide et le plus durable trait d'union entre les êtres, c'est la barrière." 
-Pierre Reverdy- 






"La vie ne tient qu'à une ligne".
Le romancier en fait tous les jours l'expérience.
Ses personnages en ont rarement conscience.
.../...
Au sens propre, 
parfois,lorsqu'un blessé dans le coma ne tient plus à l'Histoire
que par le rapport doublement partial qui lui en est fait.
Au sens fort,
lorsqu'un homme craint de ressembler à un adverbe de la vie
et ne supporte plus l'amie "qui devait mener sa vie sans adverbe". 
.../..."

Jean-Claude Bologne-extrait  de la préface de "la sieste des Hippocampes" de Gilles Verdet-Editions du Rocher-









"Les mots m'ont toujours mené loin dans la vie, trop loin pour que j'y renonce jamais car je les emploie désormais strictement dans le sens où ils m'échappent, où leur portée cesse d'être consciemment perçue alors que j'écris les yeux dans le vague et que mes regards se coulent dans le devenir."
--Stanislas Rodanski-











"Je suis le veilleur de mon sommeil je n'ai jamais dormi. La veilleuse de ma lampe est allumée et, compagnon de service, cette nuit parmi d'autres nuits, je garde le trésor des dormeurs.
J'entends des poitrines respirer dans l'obscurité où personne ne songerait à interrompre cette brise cadencée, ces coups discrets que le coeur frappe sur la paroi de la poitrine, répétant indéfiniment un signal que personne ne semble comprendre.
C'est presque comme sil n'y avait personne, car l'homme est un vrai "no man's land". Pourtant il y a les veilleurs -compagnons de service- les vigilants épris d'une chandelle allumée dont ils regardent la flamme.
Seul dans les ténèbres, mais dans la lueur comme dans une clairière qui serait le halo de l'insomnie, j'entends des coups frappés à la paroi des poitrines qui limitent l'espace à l'étroitesse de leur cage thoracique qui les emprisonne ne laissant qu'une pâle lumière filtrer au travers des barreaux soudés.

Qui frappe l'air de ces coups redoublés? Ce sont les coeurs prisonniers qui demandent leur liberté et des poitrines généreuses pour y bondir.
Mais il n'y a personne pour répondre à l'appel du coeur qui bat dans les ténèbres où il se heurte toujours à la même barrière, un mur de poitrines  où des cibles sont tatouées avec la touchante dédicace: "A la mère patrie sont voués ces enfants que les bouchers sacrifient".
.../..."
Stanislas Rodanski-extrait de "Je suis parfois cet homme"- NRF- Editions  Gallimard -









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