samedi 18 janvier 2014

laissez-moi aller




".../...Jouez la vie comme on joue aux gages.
Le coeur d'un poète a l'oreille fine,
la volonté sommeille en son inquiétude
de la même façon qu'un diamant noir .../..."
-Alexandre Block-


"Un quartier désert a poussé hors de la ville
  sur le sol mouvant d'un marais.
  Là vivaient les poètes-et chacun saluait
   l'autre avec un sourire hautain.

  Et l'aube vainement chaque jour se levait
  Au-dessus de ce triste marais:
  L'habitant du quartier consacrait sa journée
  aux travaux zélés et au vin.

  Une fois ivres morts, ils se juraient l'amitié,
  palabraient, acerbes et cyniques.
  Au matin, ils vomissaient puis se remettaient
  au travail ardent et obtus.

  Puis, comme des chiens, ils rampaient hors des niches,
  regardaient flamboyer la mer.
  et devant chaque tresse de cheveux dorée
  d'un air connaisseur se pâmaient.

  Tout attendris ils rêvaient de l'âge d'or,
  injuriaient l'éditeur tous en choeur,
  et puis se lamentaient sur la petite fleur,
  sur les petits nuages gris-perle...

  C'est la vie des poètes. Lecteur et ami!
  Peut-être crois-tu qu'elle est pire
  que tous tes efforts impuissants quotidiens
  dans ta mare petite-bourgeoise?


  Oh non, cher lecteur, non, aveugle critique,
  au moins, le poète possède
  et la tresse, et les nuages, et l'âge d'or-
  et pour toi, c'est inaccessible!...

  Tu te satisfais de toi-même et de ta femme
  de ta constitution étriquée.
  Le poète, lui, a l'universelle beuverie,
  et loin de la constitution!

  Que je crève comme un chien sous une palissade
  que la vie me piétine, tant pis-
  J'ai foi: c'est Dieu qui m'a enfoui sous la neige
  la neige-bourrasque qui me baisait!  (24 juin 1908)

-Alexandre Block- "Le monde terrible" traduction Pierre Léon-Editions Poésie/Gallimard
  







"Je ne suis pas venu pour saluer
Je ne sais pas
le ton de l'accueil
et même les mots
à la condition
et où mettre leurs mains
où chercher
dont la paroi de la chambre
regarder
Je ne suis pas venu pour saluer

Je ne suis pas venu pour saluer
parce que je ne comprends pas
le bon moment de l'accueil
trouver les mots
et supprime la distance
et alors les mains libres
regardons
au-delà de la paroi d'une chambre
regarder
Je ne suis pas venu pour saluer

nous ne reviendrons jamais
sur nos pieds n'ont jamais
il n'y aura pas lieu
même secrètement
Autrefois jamais

ne serait pas revenir
ou tout simplement de se rappeler
que le temps du souvenir
est le temps de retard
et ne retourne pas
laissez-moi aller

Je ne suis pas venu pour saluer
Mais maintenant, je reconnais
le ton de l'accueil
et je sais que les mots
à la condition
et je peux serrer la main
et ne peut pas regarder
n'importe quel mur d'une pièce
regarder ...

nous ne pourrons jamais revenir ..."

-Gianmaria Testa "Laissez-moi aller"- 

"Non sono venuto per salutare
che io non lo conosco
il tono giusto del saluto
e nemmeno le parole
per la circostanza
e dove mettere le mani
dove guardare
quale muro della stanza
guardare
non sono venuto per salutare

non sono venuto per salutare
perché io non lo capisco
il tempo giusto del saluto
che trova le parole
e toglie la distanza
e poi libera le mani
lascia guardare
di là del muro di una stanza
guardare
non sono venuto per salutare

non torneremo mai
sui nostri passi mai
non ci sarà più posto
neanche di nascosto
nei giorni andati mai

non torneremo più
o solo a ricordare
che il tempo del ricordo
è il tempo del ritardo
e non fa ritornare
lasciami andare

non sono venuto per salutare
però adesso lo riconosco
il tono giusto del saluto
e conosco le parole
per la circostanza
e posso stringere le mani
e riesco a guardare
qualunque muro di una stanza
guardare...

non torneremo mai."

Gianmaria Testa "Lasciami Andare" 






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