mardi 30 juillet 2013

pile entre deux



ARROWHEAD 2

"James O'Sullivan court sur la plage.

Dans mon sac à dos, la bouteille d'eau que je suis, n'adresse pas la parole à la barre de céréales avec laquelle je cohabite. C'est une question de standing: dans le milieu agroalimentaire, les liquides méprisent les solides.

Quand James court, sa foulée est lourde. Sa masse avance par soubresauts, et les plis adipeux de son enveloppe s'agitent par vaguelettes. Les saccades de ce trajet me donnent des haut-le-coeur. Par la fermeture Eclair entrouverte du sac, je vois l'océan et les corps bodybuildés; je vois les seins siliconés et les planches des surfers.

Après trois quarts d'heure de footing, James se pose sur un banc. il souffle, il sue, il récupère. Il pioche dans son sac pour nous en extraire, moi et l'agrégat de céréales qui me sert de compagnon de route.

James O'Sullivan déchire l'emballage de son en-cas surprotéiné, le dévore en deux bouchées gloutonnes. Puis il dévisse mon bouchon et porte mon goulot à ses lèvres. L'eau sort hors de moi en un jet fluide et ce flux me fait fondre en des spasmes de plaisir. A l'usine, les aînés m'avaient raconté cette sensation de plénitude, celle qu'on éprouve quand on est bu. être bue. A bouche que veux-tu. Mon Dieu...C'est le pendant à votre orgasme, lecteur humain. Il faut vivre cette expérience pour la comprendre. C'est insensé; ça me chavire.

La bouche de James est posée sur mon orifice. Les molécules d'hydrogène et d'oxygène ricochent sur les parois rainurées de mon intérieur. Elles me caressent, me massent, me chatouillent.

Plus il se désaltère à mon contenu, plus je me sens légère.
Fine
Fille.
Femme enfin...

Il termine les derniers centilitres en une lampée. Il revisse mon bouchon. Il respire profondément et il avise en souriant une poubelle située à quatre bons mètres à la gauche du banc.

James est un homme de défis, de challenges. Il aime la win et la montée d'adrénaline qu'elle procure. S'il réussit à viser cette poubelle, Mélinda l'aimera à vie, intensément et longtemps. Très longtemps...Jusqu'à ce que la mort les sépare. Au bas mot.

Il soulève le bras, arme son tir et me jette.

Je vole les amis! Je vole!

Je rebondis sur le bord métallique de la corbeille et j'atterris sur le sable.

De là, je vois James se lever et se diriger vers sa voiture.
De-là, j'entends le bruit du ressac et le chant des goélands. 
De-là, je sens les rayons du soleil qui cognent sur ma peau de plastique.

Ainsi abandonnée sur la plage, j'attends de savoir ce que le futur me réserve.

Pas vous?"

extrait de "Pile entre deux" d'Arnaud Le Guilcher-Stéphane Million Editeur-


lundi 29 juillet 2013

le ciel tout bleu sur ta tête





HOMMES

"L'amour naître se trouve dans l'amour
                                                           L'âme où renaître se perd dans l'amour
Couille con  coeur et pieds ventre nuque
                                                                Des yeux aux genoux chevilles et poignets
poitrine et cheveux de nous hommes hommes
                                                                        Ho...mm...es...
L'âme en vienne en nous l'âme hors de nous."












"Tu n'écoutes plus rien si je parle plus bas.
Ni tu n'entends plus rien des guêpes qui s'occupent de piquer les lilas.
Ni n'en vois la couleur ni celles que j'ai sur moi.
Ces bottes sont faites pour marcher tu ne chantes plus ça.
C'est de la haute fidélité ton silence m'arrête là."



"Le ciel tout bleu sur ta tête
              les oiseaux bleus qui s'y jettent.
                                                                 On ne les voit pas.
Je n'ai pas de fleurs sur moi là.
Ni je n'embrasse pas la route mais à pied
                                                                 le coeur compte bien double?
                                     Et sur les mains?
Les fleurs seront bientôt très bleues.
Mon oeil, tes yeux."

-Valérie Rouzeau-
extraits de: "Pas revoir  suivi de Neige rien"
Editions de la Table ronde 





illustrations source: Toile

samedi 27 juillet 2013

on se mélange


"SANS TAMBOUR NI TROMPETTE"
exposition collective
autour de
ROLAND TOPOR
jusqu'au 11 Août-Nantes-LE LIEU UNIQUE- (entrée libre)

illustrations: exposition

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Mésanges
dans nos campagnes

                                      

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illustration source: Toile

 "Comment se mesure l’inégalité sociale chez les enfants ? En observant leur sourire. Ceux qui ont des caries ont généralement des parents ouvriers – et un accès aux soins limité. Ceux qui n’en ont presque pas, des parents cadres. Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), à l’âge de 6 ans, seuls 8% des enfants de cadres ont déjà eu au moins une carie, contre 30% des enfants d’ouvriers. En maternelle, 4% des enfants de cadres ont au moins un dent cariée non soignée, contre 23% des enfants d’ouvriers.
 

Au même titre que l’obésité et le surpoids, la santé bucco dentaire des jeunes est donc un marqueur des inégalités sociales. Et démontre, une fois de plus, que l’accès aux soins se dégrade pour toute une partie de la population. Près de 16% des Français renoncent déjà à des soins pour des raisons financières. Les soins dentaires sont les premiers impactés (9,9% de renoncement), bien devant l’optique (4,3%) et les consultations chez le généraliste ou le spécialiste (3,5%). Une tendance confirmée par la DREES : quand 79% des enfants de 5 à 15 ans dont la mère est cadre ont consulté un dentiste dans les douze derniers mois, ce n’est le cas que de 60% des enfants d’ouvrières et 56% des enfants de chômeuses. Autrement dit, à caractéristiques comparables, un enfant a 2,5 fois plus de chances d’avoir consulté un dentiste dans l’année si sa mère est cadre plutôt qu’ouvrière. Autre différence notable : les enfants d’ouvriers passent sous la roulette pour des soins, tandis que les rejetons de cadres s’installent sur le fauteuil pour des visites de contrôle."

Clotilde Cadu-
source:MARIANNE



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z'ont oublié le neuf  sur l'affiche:

AU PROGRAMME



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MUSIQUES DES MERS  DU MONDE
SONEREZHIOU MORIOU AR BED

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LA NEF-D-FOUS


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PROGRAMME

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DETAILS

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source: Serge

Le tube de l’été : « Carla, rembourse les 410 000 euros ! »

RUE 89/LE NOUVEL OBS

vendredi 26 juillet 2013

mot du jour: Paisible




C'est frais,
c'est vrai et c'est en pot.
On pourrait aisément
et avec état d'âme
y voir 
une certaine contre-vérité.
Mais comme je suis également en pot,
dans la grande pépinière universelle,
je n'y vois que du feu de l'été
sur sa
 une heure
de poussière.











Tout est gentiment faux
bien entendu
et dans ces cas-là
on n'est jamais aussi prêt
de la vérité.
Merci Laure pour cette brezhoneg  photo
en souhait de bel été;
la rédaction qui s'amuse à causer à la troisième personne
te le rend bien.





Tumbleweed Tango - Vidéos humour

vidéos: Serge




jeudi 25 juillet 2013

eau de rose





Vas-y Marcel
(Mais non c'est Benoît-voix off)
m'enfin! bref!
j'avions lu cette chose:

Benoît Hamon, le dernier ministre socialiste ?


"Dans les manuels d’Histoire de la prochaine décennie, peut-être Benoît Hamon aura-t-il sa notice biographique qui pourrait s’écrire ainsi :
« Benoît Hamon, né le 26 juin 1967 à Saint-Renan (Finistère). Il fut successivement membre du cabinet de Martine Aubry, député européen, porte-parole du Parti socialiste, député de la XIè circonscription des Yvelines, puis nommé à partir du 16 mai 2012, ministre délégué à l'Économie sociale et solidaire auprès de Pierre Moscovici . Hamon fut aussi un animateur de la gauche du PS : tout jeune, il cofonda la Nouvelle Gauche en 1993, puis le NPS, des courants aussi fondamentaux que minoritaires… Il resta dans l’Histoire comme le dernier responsable du PS à faire voter par le Parlement une véritable mesure socialiste, avec la loi qui porte son nom, réformant le statut des coopératives en France. … »
Loin de nous l’idée d’écrire une nécrologie avant l’heure. Benoît Hamon est bien vivant, autant du point de vue personnel que politique. Preuve de sa bonne santé, il présente le 24 juillet devant le conseil des ministres un projet de loi sur l'économie sociale et solidaire.

Bien entendu, cette loi permettra de faire un peu de ménage dans ce bric-à-brac que sont les 200 000 entreprises à statut coopératif (associations, mutuelles, coopératives), qui concilient activité économique et utilité sociale, en donnant la primauté aux personnes sur la recherche de profits. Elles représentent aujourd'hui 10% du Produit intérieur brut (PIB) de la France et 10% des emplois, soit 2,35 millions de salariés.

Mais dans l’esprit du ministre, il s’agit de bien plus que cela : démontrer qu’il existe une alternative au capitalisme, la production coopérative, dans laquelle le pouvoir est déconnecté du capital et est réglé sur le mode de la démocratie et le principe, un travailleur, une voie. Il renoue donc avec l’utopie française des coopératives, qui fut un puissant mouvement émancipateur au XIXè siècle, avant que les marxistes ne les balayent et que le « socialisme réel » promeuve les nationalisations comme alpha et oméga de la propriété sociale.
 
On le voit, Benoît Hamon n’a pas jeté à la rivière toutes ses envies de « changer la vie » radicalement, à la différence d’une bonne part des collègues du gouvernement. Son projet est le seul et unique texte de cette nature présenté depuis le début de la législature. Tous les autres pouvant s’apparenter à des réformes certes utiles mais sans visée révolutionnaire.

Le Patronat ne s’y est pas trompé : alors qu’il était rentré dans la logique de l’accord national interprofessionnel sur l’emploi (ANI) qui réformait les pratiques des accords sociaux, il a décidé de tirer au canon sur le projet Hamon, au motif qu’il accorde aux salariés des PME un droit à être informé d’un projet de cession de leur entreprise deux mois à l’avance, de façon à leur permettre de proposer à leur tout une offre  de rachat.
Pour les patrons, il paraît qu’il s’agit là d’une tracasserie supplémentaire et que l’intervention des salariés pourrait perturber l’entreprise ! De fait, en insistant sur le caractère quiritaire de la propriété dans les entreprises, le Medef a décidé de renforcer l’aspect idéologique de l’affrontement. D’un côté le droit d’user et d’abuser d’une entreprise comme d’une chose, et de l’autre celui du collectif de travail à assumer la production…

Des affrontements de ce type sont de plus en plus rares. Et on peut, hélas, craindre que la loi sur l’Economie sociale  soit la dernière du genre. Et que Benoît Hamon soit alors le dernier ministre vraiment socialiste."

-Hervé Nathan- dans MARIANNE




papillonnade et solanacées

A la gloire des
instants fragiles,

et à  la flamme du papillon inconnu.





Réflexion botanique pour jardinier d'opérette.

Depuis que j'ai installé un miroir aux tomates
celles-ci se mettent à rougir.


mercredi 24 juillet 2013

la poésie, la peau aussi




"Toute écriture est politique
puisque toute écriture est une vision du monde."
-Marie Darrieussec-



                                             {{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Rémi  - Ruminances 
m'a envoyé
d'amples, riches et  bien plus que ça, poétiques pensées
sous forme de textes de Vie qui va, réunis en:

"PLUME(S)"


Parmi ses nombreux écrits, 
 quelques extraits
subjectivement
choisis (forcément)
mais comme l'a dit un Monsieur dans le poste
au moment même où je passais par là pour aller
voir
 infuser le thé
"La poésie appartient à celui qui l'utilise" , enfin  un truc du genre






Photo: Rémi Begouen-



"S'il vous plait faîtes-vous léger."
-Anne Sylvestre-






"Le bipède que je suis souffre de n'être ni confortable quadrupède sur pesante terre, ni surtout bel oiseau, ce bipède muni de deux ailes pour s'échapper vers la beauté. A en être beauté.
Bien mieux que de deux béquilles, nous avons besoin de deux ailes. Au point d'avoir fait appel aux anges d'apparence humaine, grands, beaux et fabuleux oiseaux protecteurs – voire petits méchants démons ailés... si l'on n'est pas sage!.../..."

 










"L'homme qui sait est indifféremment d'un sexe ou de l'autre, de quelconque pays et de quelconque époque. D'âge ou de condition sociale quelconques.



Il sait qu'il ne saura jamais tout, ni assez. Est toujours curieux d'en savoir plus et mieux, que cela ne lui suffira pas à tenter d'être heureux, même solitaire, même solidaire. Il passera donc pour être trop égoïste ou trop dévoué, critiquable et tant mieux : il en apprend du jugement – hâtif ou pas – des autres, modifie éventuellement son comportement, change... Et sourit à la réplique imbécile du « j'veux pas le savoir »...



L'homme qui sait sait rire.

Si le rire n'est pas tout à fait « le propre de l'homme » comme le prétend un des nombreux adages très relativement vrais, il est pourtant fondamental à l'épanouissement individuel, bien sûr... : même dans les pires conditions, carcérales ou d'esclavage, reste le rire intérieur, la liberté de penser, d'espérer, de lutter, de créer.

Le jazz en est né – par exemple...



L'homme qui sait ne sait pas forcément lire et écrire. Il sait à peine compter, parfois, mais sait des choses fondamentales (sur l'eau, l'air, la nature, l'homme et soi-même) qui échappent souvent à l'homme « cultivé ». Celui qui veut « en imposer par sa science », son savoir – et en fait son pouvoir. Qui prétend seul « savoir »...
.../..."






«  L'esclavage n'a pas évolué, l'esclave oui. L’esclave oui parce qu’aujourd’hui l’esclave ne pense plus qu’il est esclave. Et ne pense plus tout court. Aujourd’hui il s’appelle travailleur, employé ou cadre, et parfois chômeur. Il se bat pour rester esclave, pour sauver son statut individuellement et lorsqu’il le perd son statut d’esclave il le quémande à nouveau. Il est prêt à tout pour redevenir esclave et le rester.
Il est prêt à tout parce que l'esclave, dès l’enfance, pense qu'il est chanceux de vivre sur du goudron plutôt que dans la boue, de travailler dans un bureau sans transpirer (au chaud l’hiver et au frais l’été) plutôt que dans un champ, de dormir dans un studio plutôt que dehors. Il accepte d'être puni par « quelques » interdits, une pression psychologique et des coûts plutôt que par des coups. Il pense même que c’est normal. Il pense même que c'est pour son bien.
Sa récompense est alors le pouvoir d'achat et mourir le plus âgé possible. Sa récompense c'est croire qu'il est libéré de l'esclavage et que si il est riche il sera encore plus libre. Alors l’esclave ne peut pas se permettre d’être solidaire envers d’autres esclaves. Il doit d'abord penser à sa liberté individuelle au détriment de toute considération collective.
 
L’esclave pauvre envie l’esclave riche et l’esclave riche méprise l’esclave pauvre. Tous deux pourtant inconscients qu’ils sont exactement dans la même parcelle. C’est ainsi qu’aujourd’hui l’esclave, riche ou pauvre, ne se rebelle pas, il en veut à tout le monde, sauf à son roi qu’il remercie de ne pas le tuer. »
 -Elsa Ley-





 
La POÉSIE ? ...LA PEAU AUSSI !

(ou : le poète contrarié)





Enfant, on veut « devenir plus tard » pompier ou exploratrice, médecin ou aviatrice, artiste ou botaniste, ou « faire comme papa - maman »...



On se retrouve à être, très ballotté par la vie, ceci ou cela de généralement très imprévu.

Certains – pas moi – veulent très tôt devenir poètes et parfois, très rarement, le deviennent. Quitte à tôt en « avoir fait le tour », comme le si exceptionnel Rimbaud... 

« Faut d'tout pour faire un monde, ma bonne dame ! »



Je crois avoir vaguement rêvé d'être missionnaire et, ouf, j'en ai été vite détourné par mes calamiteuses années de pensionnat, exilé en humide France, brutalement arraché au soleil d’Égypte...

Mais c'est là - Amiens en 1953, à quatorze ans - que je découvrais la poésie en la personne de mon ami Phan, l'autre exilé, venant lui de Saïgon : son père, fonctionnaire du régime colonial français, l'avait préventivement placé là avant la déroute, mais, « hugolâtre », l'avait déjà instruit de la « très grande poésie française »... et incité – tout en restant bouddhiste - à se faire baptiser catholique !... Phan eu la faiblesse du pire, l'année suivante : entrer au petit séminaire. Ce fut pour moi un déchirement. Après la mort sous les bombes anglaises de mon pote de jeu Mahmoud, en janvier 52, perdre mon nouvel ami Phan en 54 !... Mais il avait eu le temps de me « passer le virus » de la poésie, notamment en me récitant des vers de Baudelaire en... vietnamien, ce à quoi je répondais en... chansonnettes arabes ! : C'est dire que la gaieté m'a été une excellente introduction à la poésie, si universelle et polyglotte...

Laquelle poésie sait être si grave aussi : « C'était un temps déraisonnable / On avait mis les morts à table », chante Léo Ferré sur des vers d'Aragon...

 
Dix ans plus tard, en 1963, après tant de contrariétés dont la guerre d'Algérie en 59, une amour de femme m'appelait « son poète »... mais sans œuvre. Qui ne fut jamais qu'éparse, d'ailleurs, et, un long temps mêlée au langage cousin de la photographie – ce fut mon temps de « phoète », néologisme de mon cru...



Bref, de grée peu à peu et de force surtout, je suis surtout devenu grand lecteur de poèmes et j'ai surtout jeté mes ébauches de poèmes : je crois n'être qu'un exemple banal de poète contrarié, puisque la poésie existe au cœur de la plupart des gens, si souvent contrariés dans leurs talents latents.

Reste la poésie... qui est la peau aussi !

Tant éprouvée dans la rue en MAI 68, entraînant le début d'une révolution libertaire de nos mœurs, toujours en cours ! 



*



Parmi « les marronniers », ces sujets qui reviennent régulièrement sous la plume des gazetiers en mal d'inspiration, il y a celui, inépuisable et rendu obscur, des « rapports entre la politique et la poésie ». Il est clair qu'il n'y en a pas... de clair.

(Entendu à la radio, d'un poète-musicien africain anonyme : « Un très vieux musicien cubain a dit : Avec la poésie, on peut parler et influencer la politique. Mais avec la politique on ne peut pas parler et influencer la poésie. »)



Comme toute création artistique, la poésie est ailleurs et dans la vie. Sa beauté, ses laideurs, ses souffrances, ses espérances... sa création. A leur façon besogneuse, des politiciens peuvent prétendre que tel est aussi leur objectif... de façon objective, réaliste, logique, concrète, patiente, etc., avec nos voix électorales pour donner « blanc seing » à leur sournois appétit de pouvoir.



La poésie est follement subjective, impatiente, exigeante... Elle console aussi, et incite à la révolte, souvent. A l'autonomie toujours.



Oui je sais. Depuis toujours, certains poètes « font de la politique » et d'autres « fuient la politique », deux erreurs qui nuisent beaucoup à la qualité de leurs créations. Eugène Guillevic le résume très bien : « je ne sais pas écrire de poème directement politique et toute mon œuvre est politique ». Oui, les poètes ont une dimension politique diffuse dans leurs créations. Cela est à la fois explicite et implicite
 
avec Pablo Neruda ou Édouard Glissant, Paul Eluard ou Claude Roy, Federico Garcia Lorca, Nazim Hikmet ou Mahmoud Darwich, Bob Dylan ou Léo Ferré et très implicite avec la plupart des poètes dits à tort « non politisés » comme Gérard de Nerval ou François Villon, Henri Michaux ou Raymond Queneau, Fernando Pessoa et Serge Rezvani et tant et tant d'autres, dont beaucoup de femmes comme Andrée Chedid, Marina Tsvetaeva...

Et puis les poèmes et les poètes plus ou moins célèbres, si nombreux soient-ils et elles, ne sont que la pointe de l'iceberg émergé. Nous, innombrables humains, sommes poètes, parfois révélés à nous-même et aux proches, ne serait-ce qu'à aimer lire ou entendre – en chanson ou pas – de la poésie. Si nous acceptons – inconsciemment souvent – de réprimer en nous la force poétique libertaire qui nous habite, il arrive le pire. La bêtise d'un rationalisme absolu, d'une théologie absolue, d'un état dépressif absolu, d'un cruel appétit de pouvoir absolu... Bref l'absolue bêtise. Ce qui est rare mais très nocif pour tous, qui ignorons souvent comme nommer ce souffle qui nous inspire inconsciemment : la poésie.



La poésie habite l'immense majorité des humains, de leurs actes, de leurs sourires, de leurs cris, de leurs recherches de bonheur et d'amour. Des romanciers comme Le Clézio, scientifiques comme Jacquard ou Reeves, musiciens comme Ravel ou Charlie Parker, sculpteurs ou peintres comme Giacometti ou Chagall, ouvriers ou paysannes comme X ou Y... toi ou moi.

Car la poésie tient à la peau, elle est la peau aussi. Le contenant et le contenu de la vraie vie. Légère, savante et belle comme plume...



*



Je laisse en conclusion - et transition à la partie suivante - la parole à René Depestre, immense poète haïtien trop méconnu en France, que Carl Sandburg commente ainsi : "La poésie est le journal d'un animal marin qui vit sur terre et qui voudrait voler." 
.../..." 





EMME LINDIEN (extraits de quelques lettres)



Fin de la 1° LETTRE

(…) C'était un oiseau - AIGLE, digne, libre, et, envolé. Me reste la plume pour pouvoir le rejoindre et y naviguer ; le silence, à nous deux, nous faisait de grands signes et nos yeux savaient parler ; le seul ETRE qui m'ait fait tracer autant de lignes, inspiration fine sans besoin d'efforts ou de vitamine C ! Un jour d'étoile, de lune ou...mauvais signe, je le retrouverai car il n'aimait pas les astres, il n'avait RIEN "DES ASTRES", DESASTRE … EXCES TAIRA VIE SE VERSA ...

2° LETTRE :

A l'Indien ... ni loup, ni chien (peut-être ...RIEN de ce tout)

J'ai écrit une lettre, j'en ai écrit plein. J'ai tracé des lignes parce que je ne pouvais parler ; mes murs n'ont pas d'oreilles sinon ils auraient bien compris, ils m'auraient consolée, conseillée, recueillie, épaulée ; mes murs, au fond, ne sont que des murs sans prétention.

J'ai écrit des tas de lettres et je les ai brûlées, parce que tu ne sais pas lire, tu ne sais pas entendre, tu ne sais pas voir, au fond tu es une coquille fermée en train de refuser de vivre et d'aimer ; Juste pour mieux te plaindre seul (comme moi) une fois que tu es rentré et attendre de tes murs qu'ils te réchauffent mais rien ne reviendra. Si c'était le cas, je le saurai. Ce n'est que du tronqué, trompe l’œil et très limité ; ce décor encore évaporé, tu te laisses glisser par paresse... Je connais ces heures, où tout est si facile, chaque seconde est domptée, rien n'est bousculé ; rien n'est à l'aventure, si ce n'est que quelqu'un qui viendrait frapper à ta porte... mais tu n'as pas envie d’être dérangé dans ton malaise habituel, et tu t'en vas faire semblant de sommeiller, ou la sourde oreille qui n'a pas entendu frapper à ta porte... Elle ne reviendra pas frapper à ta porte une seconde fois, celle-là qui avait osé déranger ton désordre... C'était juste pour te réchauffer quelques instants, afin de te comprendre, d'écouter ton silence et ne rien dire, surtout, mais apprécier !

L'ambiance était glacée, déserte, un peu sauvage, on ne savait pas comment croiser les pieds, on ne savait pas comment aller de l'avant ou de côté, on ne savait plus si on était vivant ou mort-nés, on ne savait plus si on était de ce temps ou du passé sans condition, sans si, sans mais, avec plein de précautions par crainte d’abîmer ce décor givré plein de mensonges, de misère, de saletés, par crainte de dépoussiérer cette palette sans couleurs.

C'était même pas gris, c'était pas si sombre, mais très voilé, plein de lourdeur, plein de sensibilité, de pudeur, de regrets, d'immensité ; terrain vierge à cultiver à condition de pouvoir y poser le pied ! Terrain miné à chacune de ses entrées, défense d'entrer ! La porte est là...Juste à côté.

Épuisante réalité, pleine d'appels, pleine de refus, propriété privée !

Quel était donc le piège dans lequel j'étais tombée ?

Un arbre en fleurs en plein ciel noir, sans liberté.

Quelle était donc cette prison dans laquelle il était enfermé ?

La vie ne coule jamais à moitié, elle trace ses veines et en plein. Source de veines ou de pas de veines, inspiration première : LA VIE premier souffle, dernier cri entre tout où...on souffle, on écrit... A qui ? à qui lira ... La réponse est là !

J'ai écrit des lettres, mais... c'est un Indien ni loup ni chien Il ne sait pas lire, m'écouter, ni regarder, c'est une coquille fermée, qui a autre chose à faire pour essayer de s 'oublier.

EXCES TAIRA VIE SE VERSA ... 
 
3° LETTRE :

A l'INDIEN ... ni loup, ni chien !

On restera chacun dans nos silences, chacun dans nos refuges pour humains :

Moi, dans mon encrier, le mal bien enfoncé, et toi dans ta fumette chaque soir pour essayer de t'oublier, tout oublier, le présent et le passé. Nous rentrerons chacun de nos côtés, dans nos quotidiens tout mal formés, à essayer de contrôler pour ne pas dérailler le soir, avant de se coucher...

Tout oublier ! Le présent, l'avenir et le passé. Tout un abstrait dans un trop conditionné, avec la peur en prime pour ne pas se laisser aller.

Je ferai, un jour, un saut à l'élastique, le dernier, du haut d'un pont je me jetterai, mais comme j'ai peur du vide, par le cou je me retiendrai, et je n'aurai plus jamais peur de RIEN de ce tout ! Ni peur du vide, ni même de l'absolu, ce néant. Qui nous fait des pieds de nez à nous en faire mal au bide. Nous resterons dans nos silences, dans nos secrets, bien coincés, chacun de nos côtés, dans tous nos vents, le nez glacé, à attendre. Que passe le mauvais temps.

Je commençai à te connaître lorsque tu l'as compris. Je commençai à te transmettre lorsque tu l'as très mal pris. J'ai eu de la peine, du chagrin, brin de laine, loin de la haine je resterai. J'ai fait un nœud dans cette soirée, je crois que je m'en souviendrais. Par besoin d' AMOUR, par besoin d' AIMER, par besoin, et comment l'expliquer ? Je me suis laissé aller, quelle négligence !

Petite fille, vieille femme pauvrette, femme esseulée... comment décrire ce que je suis restée ? Aucune importance, à quoi bon y traîner ! AIMER ... On ne peut pas expliquer ! C'est le contraire de : AIMER -pas !. Qu'on n'explique (non plus) (pas). Peut-être, à des moments précis, on ressent des ondes qui nous sont VERNIES, garnies de sève croissante où on aime se baigner. Il suffit d'une ombre de regard pour tout déclencher, un geste même brusque, même lent, même semblant d'exister et tout devient si VRAI.

Il était une fois...un début d'histoire. Qui n'a pas vu la suite. Cette suite est morte un soir de fausses vérités. Juste à l'aube où L'AMOUR Grand y posait le pied. Il y faisait trop froid... pour s' y attarder.

Tu ressemblais à un congélateur en plein mois de février. Je ressemblais à un chagrin très mal contrôlé. A nous deux, nous devions être une pierre tombale sans trop nous forcer : L'AMOUR MORT est né !

C'est facile de laisser les gens y tomber, sans être assez courageux pour leur dire (avant qu'ils s'y noient !) : "Attention, tu ne sais pas nager et je n'ai pas envie de plonger pour t'y sauver".

Salut l'INDIEN !

EXCES TAIRA VIE SE VERSA ...



Fin de la DERNIERE LETTRE :



(…) Chacun a peur de laisser une miette et cache à tous va sa véritable personnalité ; masque, visage truqué, costume de toutes variétés

Je te trouverai bien un jour sous un voile de lune où tu ne pourras te cacher !

Si j'étais un Homme... jamais je n'oserai me planquer. J'ai aimé un homme qui...les lunettes noires détestait ; il est sur son île de bois de roses quelque part où...plus tard...Si je ne vais pas le retrouver, jamais plus je ne le trouverai.

EXCES TAIRA. VIE SE VERSA. "
 




-Sous la clef le paillasson-

"Pars ce soir, dans la nuit délicate maure

Dans la nuit de gidouille, de fracangle et d'acier.

Pars,

tu dormiras quand tu pourras,

tête nue au creux strident

de ton futur de bombes et de plumages.

Fonce ce soir dans les cirques sabres tirés

dans les cirques implacables de ton futur à faire

Dans les cirques cercles tambours,

rotors surbrassant, triplequadruple tendres.

Pars,

tes cheveux dressés sur ta tête,

très hauts et légers et flumineux transaigus,

tes cheveux oriflagues flottant-claque sur ta tête.

Tes cheveux soulevés plumivagues.

Tes cheveux levés millemouille

dans le souffle torrentiel de ton bide ventrevent.

Nage,

nage dans cette nuit,

à pleine embrasse, à plein gorge, à pètemuscle,

à cœur craqué, à cœur surcognant

et contrecontreboumboumant.

Secoue tes prunes,

fais grésiller minium les groseilles si bleues

de ta nuque à l'amarre.

Ta mémoire future, tes souvenavenirs

seront coulés bientôt dans des moules aussi durs

que le plein midi du jour,

aussi feux que tu l'espères

dans le silence assoiffé de tes paupières.

Soubressaut frontal de ton crâne-spéléo.

Il faut encore tenter de vivre.

L'espoir est habitable."
-Jean Firmann-





CLOWN





"Un jour.

Un jour, bientôt peut-être.

Un jour, j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers.

Avec la sorte de courage qu’il faut pour être rien et moins que rien,

Je lâcherai ce qui me paraissait indissolublement proche.

Je le trancherai, je le renverserai, je le romprai, je le ferai dégringoler.

D’un coup dégorgeant ma misérable pudeur, mes misérables combinaisons « de fil en aiguille ».

Vidé de l’abcès d’être quelqu’un, je boirai à nouveau l’espace nourricier.



A coups de ridicules, de déchéances (qu’est-ce que la déchéance ?), par éclatement, par vide, par une totale dissipation-dérision-purgation, j’expulserai de moi la forme qu’on croyait si bien attachée, composée, coordonnée, assortie à mon entourage et à mes semblables, si dignes mes semblables.



Réduit à une humilité de catastrophe, à un nivellement parfait comme après une intense trouille.

Ramené au-dessus de toute mesure à mon rang réel, au rang infime que je ne sais quelle idée-ambition m’avait fait déserter.

Anéanti quant à la hauteur, quant à l’estime.

Perdu en un endroit lointain (ou même pas), sans nom, sans identité.



CLOWN, abattant dans la risée, dans l’esclaffement, dans le grotesque, le sens que contre toute lumière je m’étais fait de mon importance,

Je plongerai.

Sans bourse dans l’infini-esprit sous-jacent ouvert à tous

ouvert moi-même à une nouvelle et incroyable rosée

à force d’être nul

et ras...

et risible..."
-Henri Michaux-



Naguère et Dorénavant...





"Les compères Naguère et Dorénavant sont sur le beau bateau de Présent et rament. Non, personne ne tombe à l'eau :

Le bateau s'appelle Avenir de la Poésie et navigue, inchavirable.



Comme compère Léo Ferré, pourtant mort il y a 20 ans, naguère. Et dorénavant indestructible.

Comme, comme... l'interminable liste de qui vous voudrez, mondialement connu ou connu de vous seul...

Mais moi j'ai un ami, quasi-mort depuis pas mal de lurettes et qui, toujours debout, tronc creux, a encore des signes de vie, éparses çà et là : c'est un gros chêne qui a poussé dans un ancien pigeonnier en ruines, là-bas, dans une clairière de la forêt bretonne.

J'ai eu naguère, du temps que j'étais charpentier et sans toit, projet d'y établir domicile, en aménageant planchers et toit entre les ruines du mur circulaire et le tronc toujours solide du chêne mort... mais dont quelques hautes branches bruissent de vertes feuilles !



Je me suis contenté d'y passer quelques nuits avec mon nid-duvet : Mon projet ne s'est pas fait, hélas, et... tant mieux pour les habitats de chouettes, de pigeons (… sauvages), de p'tits piafs, etc. !



Mais le chêne est resté mon ami et je lui dédie ce peau-aime :

Arbre ou humain...





Vivre, arbre ou humain, c'est pareil,




kif-kif ou cui-cui comme « cui-cui fit l'oiseau ».



D'abord le fécond ventre Gaïa,

les racines, la fragile jeunesse, la croissance...

puis la mort, nourricière d'autres vies - d'oiseaux... -

sous le vent, la pluie, la lumière,

arbre parmi les arbres, leurs oiseaux et insectes nicheurs, le beau voisinage ami...

moi, homme parmi les hommes, pareil à l'arbre, l'oiseau, l'insecte.



Vivre, c'est se fortifier de luttes et de repos, c'est souffrir, rire, grandir fort...ensemble.

C'est arriver peut-être à la cime de la canopée et à la cime de la lucidité.

Grand frère-arbre de silence et d'inimitable bonté et beauté...

Petit frère-humain de bavardage et de courage, capable du meilleur et du pire...



Vivre c'est grimper à l'arbre et c'est tomber de haut.



D'un coup de vieux ou de foudre ou de hache

Ayant laissé quelque chose d'indispensable au futur,

Trace d'avenir... De l'arbre, de l'oiseau, de l'insecte, de l'humain...
.../..."





"La vie c’est ce qui arrive lorsque vous êtes en train de faire autre chose j’entends cela de la voix fêlée de l’ami Jacques Higelin, à la radio, alors que je crois faire autre chose… d’important. Qui se révèle soudain simple coquecigrue, baliverne.

Jacques Higelin est un ami, il ne le sait pas, nous ne nous sommes jamais vus. Mais ce n’est pas important. L’important c’est la rose, chante Gilbert Bécaud. Bon, ce n’est qu’un beau mot, sans importance…, notion bien subjective…

Comme vous, je me soucie d’avenir. Moins du mien, désormais, du haut de mes 70 berges (75 désormais), que de celui de mes descendants, au sens strict et au sens large. Au sens du legs, si lourd, dramatique, que nous laissons à l’humanité future… après avoir hérité d’un legs, déjà si lourd et dramatique, de nos aïeux...

Aïe, mes aïeux ! ? … Où va-t-on ? Rassurez-vous, Mathusalem je m’en fous… L’important c’est le présent. Entre passé et présent, ‘comme dit l’autre’. C’est ce qui arrive, c’est la vie, la vraie, lorsque vous êtes en train de faire autre chose que vous avez cru important – pour paraphraser Jacques Higelin. Mais cet instant présent a forcément racine dans le passé et prolongement dans le futur, comme dirait n’importe quel philosophe du ‘Café du Commerce’ ou du ‘Collège de France’.



La poésie a toujours été pour moi – d’abord inconsciemment – le guide de ma vie. Dans le sens le plus large, celui de la réceptivité, de l’étonnement, de l’accueil de l’imprévu, de ce qui arrive lorsque vous êtes en train de faire autre chose, etc. Et dans le sens strict, celui d’un langage ‘transversal’, travaillé mais resté vif, qui se reçoit et qui se donne, gratuitement, en beauté, comme une rose…importante…

La chanson a toujours été liée à la poésie. Lorsqu’elles s’éloignent l’une de l’autre, cela donne de fades chansons ou d’illisibles poèmes. Les mots chantent. Avec beaucoup de subtilités savantes ou de naïves manières, selon. En toute langue. Et en toute harmonie et tout rythme, la musique exprime – avec ou sans mots – bien des émotions aussi fortes qu’un poème : Une symphonie de Beethoven ou une envolée des Pink Floyd, c’est de la poésie ! Tout comme certaines photos et autres œuvres plastiques ! … Et tout comme la révolte de la jeunesse grecque !
.../... "







PARLE, VENT !



"PAREVENT est le nom d'un minuscule lieu-dit sis vers le centre de Belle-Île, l'île si bien nommée. A Parlevent ou ne voit pas la mer, pourtant toute proche, tout autour. On l'entend.

On entend les vents de mer, ces vents bavards, tantôt sinistres et tantôt gais, confidents ou violents : Des vents

qui parlent,

gueulent,

susurrent ou chantent ou

hurlent, selon...



Un jour les gens du lieu ont inventé ce nom – Parlevent

Fallait l'faire.

Le vent, lui, parle tous les jours. Faut savoir l'écouter.

Il est tour à tour plus bavard, confident, amical, sauvage et important que la plupart de nos parlottes d'entre humains, censées être utiles à quelque but.

Le vent n'a d'autre but

Que de renverser quelques ardoises et tuiles

Que de porter de bien beaux oiseaux bien haut

Que de disperser quelques graines de vie,

Quelques nuages de pluie

Plus quelques odeurs de plaisir ou de merde... ainsi que nos parlottes ?



Et cette mer sublime

Toute autour – invisible ! - de Parlevent

C'est comme le bon-peuple qui entoure les bavardages vains

De bien-beaux « Parlements »... : Parle-Ment..."


 



"A force de n'être

ni marin, ni aviateur ni rien

Il s'essaya se cru se cuit se fit artiste



A force de n'être ni peintre ni sculpteur

ni comédien ni musicien ni poète ni rien

Il s'essaya se cru se cuit se fit papa

cuisinier-photographe-ouvrier-journaliste-

journalier-militant-amant-alcoolique-inquiet



A force de s'essayer, d'être cru, d'être cuit

A force de se faire, de se faire-faire

Il se défit des féeries et des enfants qu'il fit

des photos, des faciles fantasmes, des folies,

des peaux, des oripeaux, des peurs, des pleurs,

des odeurs, des couleurs, des airs, des éthers :

La mer enfin l'a englouti...
et n'en a pas voulu

car il tomba dans un Trois-Mâts coulé qu'on renflouait !"




Textes: Rémi Begouen
sauf (contre) ondications


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