samedi 4 mai 2013

jean qui rit jean qui pleure




"Le poème enlève à l'esprit la rouille des jours."
-Robert Sabatier-




"Il y a du silence
Qu'il nous faudra traverser
à la rame      nous savons qu'il y a
au bout       la chute à angle droit
et que ce jour-là nous ne pourrons
aller plus loin  nous ne rencontrerons
plus rien    qui nous soit déjà connu
plus rien que l'on pourrait écrire
à l'avance

évidemment nous avons ramé
en nous voilant souvent la face
sous de longues visières
ou encore en faisant comme si
rien n'allait plus changer

(sur les rames étaient peintes
des sirènes alanguies qui malgré
l'acharnement de nos marins
restèrent toujours à moitié
nues)   soudain les chutes
sont arrivées tout s'est effondré
les repères     les planchers
nous nous sommes tenus à l'air
à la bride des sacs    à nos cris
à la vitesse aussi     et en bas
nous nous sommes retrouvés
dans le grand bain au milieu de la foule
où on ne nous a pas écoutés
quand nous avons dit au bout
de ce jour-là que le haut n'était pas
du tout l'envers du bas."
-Josée Lapeyrère-"Le nouveau monde"-Belles joues les géraniums"-Editions Flammarion-



"Pour qu'un poème respire
               il lui faut le silence
silence liminaire
                  des lentes germinations souterraines
lorsque jaillissent les mots
                    dans l'éclat des enfantements


silence
                   quand la voix se repose
                   et que le texte n'en finit pas de résonner
                   dans nos solitudes visitées."
-Colette Nys-Mazure- "Se taire à l'écoute" -Feu dans la nuit-Editions Luc pire et les Cahiers du Sens n°19-



"Est-ce la terre qui s'éloigne
Où l'horizon qui se rapproche
On ne saurait jamais dans ces grandes distances
Tenir la mesure
De ce qu'on perd ou ce qu'on gagne."

  Anne Perrier-extrait de "La voie nomade et autres poèmes" Editions l'Escampette




"Au printemps ils ressusciteront ceux qui sont morts par amour comme autant de langues de feu partout allumées, comme autant d'amandiers en fleurs, et partout l'embrasement des coeurs assassinés
éclairera la nuit de la terre;
Où sont Kleist et Höderlin, Jan Palach et Jan Zajic, Karl Stauffer-Bern et Lydia Welli-Esher, et tous ceux qui ne sont pas sur les calendriers des saints?
Au printemps ce sera enfin la justice et la vérité vaincra, au printemps les plus vils calculs tomberont comme des châteaux de cartes, on visitera gratuitement tous les cimetières de la terre, aucun lieu saint ne sera interdit, tous les murs de Prague tomberont : celui de Vojanovy Sady, le mur du palais Wallenstein, le mur en briques rouges de Vyeshrad, le mur de la Faim, le mur du château de la reine Anne, le mur de Rostov,  tous les discrets murets pleins de douceurs de Laval et des rives de la Mayenne, et pour fêter la vie, on distribuera des Rakvicka  dans les rues de Prague comme pour la naissance d'un roi.
Au printemps nous irons tous sur la lune."
-Françoise Thieck- extrait de: -"Un vol de martinets"-Editions Les Arêtes


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