lundi 22 avril 2013

tomber amoureux en dormant



"Sur la crête, la vision
change. La ligne claire
de la côte ne connaît pas
ses limites,
elle qui tient tête,
vague après vague,
au déferlement. c'est
un monde déjà
découvert, un monde
préétabli. On ne sait
de qui se méfier. Je
suis divisé,
formé,
mû. J'ai
été décidé
par avance. Voyant un, deux,
trois, au-delà de six l'imagination
renonce, invente
un mot pour
chacun de ses projets. Je
pose ma ligne
là où c'est drôle, autour
des contradictions d'un,
deux, trois. Tu
es l'expression de ma
pensée nue, qui fait et
défait la
distance
entre nous. Ici,
le long de tout
et de rien. Après
ce moment qui
forme un angle
mystérieux, le coin
le plus étrange, quelque chose
est à l'affût. Son absence
anime l'arrière plan.
Il va apparaître, forme
mouvante, issue d'un
désert, d'un brouillard
désolé. La dignité
délimite notre
terrain. Nous sommes
sur un sol miné de contestations. L'existence
est terrible quand il n'y a
plus de découvertes, seulement
des révélations
Défends-moi.
Des rangées de chiffres
tirent leurs
conclusions jusqu'à ce que
 pas un seul trait ne subsiste. Je te reconnais à ton
ombre. Tu t'approches en
détours. Les mondes près
du centre échappent
à ma saisie, bien que mon
appréhension demeure. Une
ligne de mire traverse
l'un après l'autre les
objets
que j'ai aimés. Elle
n'a pas d'importance la dernière
parole que je
trouverai, puisque, selon toute probabilité, on
se souviendra de moi, et
qu'à coup sûr on
m'oubliera. La pupille
élimine les banalités. Les images que j'
espère
projettent sur la brume un
naufrage, des épaves. Nous
venons ensemble de
 lieux
voisins, suivant
des lignes de conjecture sur des
plans supposés. Comment
détacher mon regard? Nous
éprouvons, chacun, la
peur de la perte, la peur de
la collision, et d'être
finalement
mis au rebut. Les lentilles
donnent une image
nette mais les alentours sont
flous. Quelle direction
risquer? Un interminable son inarticulé,
inconnu envahit
le rivage. Ce qui
paraissait être la Vérité aidant
le Temps à  lever le Voile
ressemble maintenant à la
Nuit
empêchant tout développement. Je
renonce à certaines
possibilités d'existence. Qui est
derrière moi, ne perd rien
de vue? travaille-t-il pour
les archives nationales, tient-il
les registres d'une
compagnie? Le bruit
est permanent, même dans
les yeux. Je
suis captivé par les bords
qui, soit
émoussés, soit effilés, définissent
jusque-là une
surface et
donnent l'impression de
la profondeur. une absolue
mondanité est
acceptable au niveau
du microcosme. J'
aime les chansons qui
distancent leur texte et remplissent
le vide avec des la-la-la ou
les noms des saisons et
 des étoiles.
une loi précise régit
les marées
approximativement. Voir sa
propre mort, là où
les rivières remontent leurs cours et les miroirs reflètent l'envers
des l'image, demanderait
un oeil
dans le dos. Je
compte mes mots, ces
plaies toujours
en train de se fermer, toujours à vif. Ma
mémoire qui veille
n'est pas remarquable. C'est
un monde comme
donné. J'ai
refusé
tous les remèdes sauf
toi. Sur la
crête, la lumière, dure,
souligne
les mouvements rapides, un-
deux-trois, seule
réponse aux
courbes sans fin.
Dans des services ridicules, j'
ai dévoilé mes

défenses. Sur moi, les rides du rire
ne s'expliquent pas. Je ne suis
pas encore dé-
fini."




-Keith Waldrop- "Tomber amoureux en dormant" traduction Françoise de Laroque-
 

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