mardi 3 mai 2011

SAUTE

photo: Louise imagine

"Ils en avaient parlé à la télé de ce confessionnal automatique créé -selon le discours officiel- pour  remédier à la crise des vocations mais également à un niveau plus pragmatique pour faire des économies de personnel. Il avait pensé alors,  pas vraiment sérieux, que s'il montait un jour à la capitale,   il essaierait  l'appareil en question.
Normal- disait-il  un peu fanfaron, il  avait toujours considéré Dieu comme une machine, et "maintenant l'exemple venait d'en haut. 
Alors, qui avait raison?"

Trois semaines plus tard, le mardi 3 mai vers  23 heures, lui qui ne quittait pratiquement jamais son rocher de l'oeil, se trouvait  pour des raisons flagrantes de manque d'imagination du scénariste, dans une station de métro, assis sur le siège pivotant d'un confess-minute , à trois euros cinquante les cinq péchés. L'appareil rendait la monnaie s'il vous plait. 
Les instructions étaient proposées dans toutes les langues répertoriées dans le dernier rapport de l'Unesco plus quelques  autres d'origine étrangère et  il suffisait d'appuyer  sur l'écran bleu correspondant à  son  drapeau pour y accéder

Blanc, jaune, noir , beige, il fallait tout d'abord choisir la couleur de son confesseur, puis son sexe  homme femme ou peut-être.
Ensuite , parmi une liste d'une cinquantaine de péchés, répartis en trois thèmes  Omission , Véniel et Capital  (avec pour le troisième,un supplément de cinquante centimes d'euros), on choisissait cinq offenses, en y pensant à chaque fois  très fort comme il était indiqué sur l'écran. puis il  fallait attendre  ensuite  à l'extérieur de la machine, sous l'éclat mauve du néon, les consignes de pénitence qui sortiraient dans la minute suivante  d'un guichet posté sur un des côtés de l'appareil.

Jean-René respecta scrupuleusement et avec application comme  il était connu de le faire toutes les recommandations utiles au bon déroulement de l'histoire et il attendit sagement et recueilli comme le suggérait  le mode d'emploi  son certificat de pénitence D.L.C. 

 Un papier gris, plié en deux venait d'apparaitre à l'endroit indiqué. Jean-Robert s'en saisit, le déplia et vit écrit en gros  caractères gras et noirs ou peut-être noirs et gras? :  SAUTE.

Jean- Michel porta son regard vers le quai tout proche presque désert à cette heure là et s'approcha lentement  du bord. On entendait dans le lointain  le bruit caractéristique d'une rame de métro approchant de la station .
- caractéristique- il va de soi, pour les personnes habituées à fréquenter les couloirs du  métro.


Merde. Mais c'est quoi ce Binz? 
Jean-Patrice quitta  d'un bond sa place et fonça donner de grandes claques sur la tête de la télé dont l'écran était devenu subitement noir. 

"Tu vas voir. Je te parie qu'on va rater la fin"
'T'es bien  sure que t'a payé l'abonnement à temps?'

Marie-Solange allongée à l'autre bout du canapé, n'entendit  même pas. Jean-Christian râler,  Cela faisait déjà plus d'une demi-heure qu'elle dormait  et dans son rêve elle était dans une rame de métro qui approchait de la prochaine station.., mais...  

c'est quoi ce type qui...il va se...

Marie-Charlotte se réveilla d'un coup en hurlant:

Attention, Jean-Alain!"

Ce texte a été publié dans le cadre du sixième jeu d'écriture du blog à mille mains.

Vous pouvez y participer, si cela vous tente ou tout simplement lire les différentes histoires suggérées par la photo de référence.


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