mardi 15 juin 2010

LE TAUREAU PAR LES CORNES




Comme selon la légende des siècles, j'arrive à un âge raisonnable, j'ai décidé de m'affranchir de quelques expressions aussi encombrantes, qu'obsolètes,  remisées dans quelque carton à souvenirs et dont je ne vois plus très bien  en ce qui me concerne,  quelle pourrait être encore aujourd'hui leur utilité.

Prenons par exemple "prendre le taureau par les cornes" Si je me rappelle bien, j'ai dû ramener cela d'un séjour dans le bassin méditerranéen et plus précisément d'un village gardois, où j'avais posé mes valises, enfin à l'époque les sacoches de la moto, quand le lendemain même de notre installation, nous découvrîmes sous nos fenêtres la plus grande partie des habitants de la commune attendant avec ravissement et accent aigu le passage d'une manade illustrant ainsi en travaux pratiques la fête votive qui devait se dérouler -Argh-  une bonne quinzaine de jours. Le lâcher de taureaux était donc une habitude que dis-je une tradition locale et il valait mieux le savoir au risque, en revenant de la boulangerie la plus proche, de tomber nez à nez avec un joli spécimen de tétrapode à cornes. Pour reprendre le terme de circonstance il s'agissait là d'une abrivado, consistant à balader dans les rues étroites du village quelques mammifères à la carrure  musculeuse, encadrés de près par des chevaux,  eux mêmes montés par des gardians chapeautés et en chemises colorées à motifs, représentant le costume traditionnel pour ces grandes occasions. Et c'est là que je découvris le sens profond de l'expression "prendre le taureau par les cornes, puisque il s'agissait pour la jeunesse masculine  locale d'attraper au passage les cornes de l'animal,  et si possible de le freiner dans sa course, voir même de le mettre à terre, ce qui était pour le moins périlleux et également salissant. Mais quelle idée me direz-vous que de s'habiller ainsi tout en blanc si c'est pour se vautrer ensuite sur l'asphalte poussiéreux?

Vous comprendrez donc pourquoi j'ai décidé de me débarrasser de cette expression qui ne me sera plus d'aucune utilité -au cas où elle l'ai été un jour...et même dans sa partie extensive, consistant à affronter la vie de face et à pleines mains, considérant que je n'ai pas à aller chercher des noises à l'existence qui de toutes manière un jour ou l'autre me le rendra bien... aussi pas la peine de la provoquer avant l'heure!  Donc, disais-je,  le taureau et ses jouets avec des O et des A comme dans corrida, encierro- excès  et rot- je laisse cela aux âmes guerrières et....si je peux me permettre, à mon humble avis- légèrement rustiques- même si un jour, un directeur d'arène m'a expliqué que tout cela c'était de l'art et quasiment de la poésie...je l'ai trouvé un peu gonflé le bonhomme mais comme j'étais en terre étrangère et conquise, je n'ai point insisté, ne voulant pas me mettre à dos  une féria entière ou presque...surtout quand on sait que cette dernière s'enfilait du pastis au mètre, il valait mieux- croyez-pas? - être prudent...

La prochaine fois je vous parlerais de l'expression "mettre de l'eau dans son vin"

2 commentaires:

  1. Moi, le taureau, je préfère le prendre bien cuit avec des carottes, préalablement démuni de ces attributs déclencheurs de l'aggressivité qu'on lui connaît bien ; bien attaqué au couteau et à la fourchette, il est quand même plus maniable. :)

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  2. je l'avoue...j'en ai mangé une fois au retour d'une corrida! heu! je parle du taureau (le pauvre) pas moi, il s'étalait chez mon boucher qui m'en fit la réclame, bonne viande sans cholestérol... Vi! il y a souvent un médecin qui s'ignore dans chaque boucher (et inversement aussi)
    bon j'ai goûté, en daube, plutôt pas mal. En ce qui concerne les roubignoles on repassera...
    Mais je me dis aussi que question agressivité , à sa place... avec une danseuse cintrée en tutu qui lui fait de l'acuponcture en douce en agitant son mouchoir devant les naseaux...y'aurait ptêt de quoi s'énerver non?

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