mardi 18 mai 2010

t'es de gauche?




C'est l'histoire d'un copain qui me demande  un jour, comme ça, à brûle-pourpoint (marrant comme expression ) Est-ce que tu es de gauche?
A vrai dire, il  jouait ainsi le rôle du  porte-parole, interprète...de son  -vieux- papa rencontré quelques semaines plus tôt et avec qui nous avions partagé un repas en devisant des choses du quotidien en particulier et du  monde en général.
La question m'amusa. Sans doutes que si j'avais croisé son ancien militant syndicaliste de père quelques années auparavant il ne se serait pas interrogé de cette manière tant l'évidence de mes propos d'alors  - brut de décoffrage- l'aurait fait pencher  et sans hésiter... vers l'étiquette: "gauchiste  inoxydable de service"
J'ai coutume à dire aujourd'hui -pirouette cacahuète- que je ne sais pas si je suis de gauche mais en tout cas je ne serais jamais de droite et de la même manière sur un autre sujet je dis également je ne sais pas si je suis intellectuel mais pour sur et mes proches peuvent  en attester... (en se marrant)  je ne suis pas un manuel non plus...
Me faudrait-il donc maintenant  paraphraser (en toute modestie bien entendu) la célèbre envolée de Msieur Rimbaud: "Je est un autre"?

Henri Tachan, grand poète, que j'ai eu la chance de voir plusieurs fois et d'interviewer à l'occasion dans mes bricolades journalistiques d'antan, disait quand à lui, dans un texte puissant (enfin à mon goût) et en partie reproduit dans un  ptit coin de ce blogaillon et dont je profite -de la situation- pour "présenter présentement" en entier , quelque chose comme:


"Quand je suis au micro ce n'est pas un "meeting",
Dans mes chansons, crénom, ni messages ni consignes,
J'veux pas refaire votre monde, je veux rêver le mien
Et quand j'vous raconte mes révoltes, mes chagrins,
Ne vous croyez donc pas obligés d'adhérer:
Dans mon parti y a qu'moi et c'est déjà l'merdier!
Ni gauche ni centre ni droite
Je suis seul sur le "ring"
Avec ma gauche ma droite
Sans soigneur ni "doping",
Ni gauche ni centre ni droite
Je suis seul sur le "ring"
Avec mon corps qui boite
La Mort qui me fait signe!

Croyez moi, ce choix-là n'est pas des plus faciles:
Les moutons de Panurge me traitent d'inutile,
Les miliciens rasés de révolutionnaire,
Les militants de choc de rêveur littéraire,
Y a rien qui irrite tant tous les troupeaux honnêtes
Que de ne pas pouvoir me coller d'étiquette! 
Ni gauche ni centre ni droite
Ni blabla ni béquilles
Ni rouge ni blanc ni noir
Ni fusil ni faucille,
Ni gauche ni centre ni droite
Je suis seul sur le "ring"
Avec mon corps qui boite
La Mort qui me fait signe!

L'engagement politique, pour moi, c'est comme la Foi:
Tu crois en Dieu, Bon Dieu, ou bien tu n'y crois pas,
Je crois parfois en l'homme dans mes moments de fièvre
Mais dedans mon terrier, mi-sanglier mi-lièvre,
Loin des meutes de chiens, des cors et des clameurs,
Je suis gibier d'abord, vous n'êtes que chasseurs!
Ni gauche ni centre ni droite
Ni slogans ni insignes
Ni rouge ni blanc ni noir
Ni complice ni consigne
Ni gauche ni centre ni droite
Je suis seul sur le "ring"
Avec mon corps qui boite
La Mort qui me fait signe!

Voilà onze bientôt que je chante "au secours!"
Que je chante "ma révolte!" que je chante "mon amour!"
Voilà onze bientôt, que d'hivers en automnes,
Je me bats par instinct à côté de ma lionne,
Que je remets cent fois sur le papier l'ouvrage
Que cent fois sans raison je refais le voyage!
Ni gauche ni centre ni droite
Je suis seul sur le "ring"
Avec ma gauche ma droite
Sans soigneurs ni "doping"
Ni gauche ni centre ni droite

Je suis seul sur le "ring"
Avec mon corps qui boite
La Vie qui me fait signe!"
 
  -Ni gauche, ni centre, ni droite- Montluçon le 16 avril 1976-
Henri Tachan- 

la première fois que j'ai entendu ce texte, c'était à une fête du parti socialiste dans la campagne tourangelle du côté des années 70. Tachan l'avait déclamé en préambule de son spectacle et au cas où d'aucun n'aurait pas bien compris, comme dans les chansons à geste pour enfants...il montrait en même temps les bannières -poing et rose- très mode à l'époque, disséminées tout autour de la scène. Cela était, reconnaissons-le , pour le moins culotté... et jeta  d'ailleurs un certain froid dans une partie de l'assemblée massée devant le podium. D'autres, dont je faisais partie  furent nettement plus amusés par la situation.
Plus loin dans son spectacle, il réconcilia tout le monde- et toutes générations confondues  avec l'admirable "pipe à pépé" mais ça, c'est une autre histoire...
Quand je dis, que je ne serais jamais de droite, j'ai, ( désolé d'avance pour ceux que je vais choquer-  et je sais bien sur  qu'il y a des gens sincères et honnêtes parmi eux...) l'outrecuidance de mettre dans le  même paquet quelques officines avec balcon des beaux quartiers , qui se disent de gauche et dont je n'arrive pas à distinguer une différence notoire -si ce n'est la couleur du packaging- avec leurs copains de cour de récré (assemblée nationale et sénat) . On me rétorquera bien sur,  comme on le fait toujours dans ces cas là, que c'est quand même la gauche (ou une certaine idée d'elle même ) qui a supprimé chez nous la peine de mort, aboli quelques lois vichystes (et en a conservé d'autres...) etc.
Outre que tout cela commence à dater je répondrais que c'est aussi de cette même générosité que sont sortis les prémices de  la privatisation des services publics, l'annualisation du temps de travail qui fit  (et fait encore) tant plaisir au patronat , de nombreuses niches fiscales, les charters pour sans papiers,  de nouvelles taxes portant le joli nom de csg, rds etc censés donner plus de justice sociale à ceux qui voudraient bien y croire... les pôvres.
On nous promet pour la prochaine et histoire de remplacer la gourmette rouillée plus vite que prévu (merde c'était pas du vrai argent)  , un futur dirigeant à la belle prestance et tout auréolé de sa grandeur planétaire au service  -comme ils disent- "des marchés". Grand bien nous fasse, mais je le dis humblement, calmement et dans mon coin... ce sera sans moi. Je n'ai aucune confiance dans ce -riche-  et très chic homme providentiel.  J'attends déjà  d'un homme (ou d'une femme) de gauche qu'il commence par mettre en phase son abnégation supposée avec son pouvoir d'achat ,  et que cela ressemble un peu  (et non ce n'est pas du populisme comme ils disent les cracs du  40) à ce que vivent au quotidien ceux qu'ils sont censés représenter.
Je ne suis pas sur qu'il y ait alors autant de prétendants pour le métier du politique, qu'importe, un peu de ménage (de printemps) n'a jamais fait de mal n'est-ce pas...
Juste un mot sur  ceux  qui jouent les rôles de bouffons de l'illusion démocratique. Dans le grand manège électoral. ils sont  frisson du grand huit, mais au fond, société du spectacle oblige, ils  ne sont guère éloignés de leurs  pseudo-concurrents- même idée du pouvoir et du productivisme à tout prix...

Alors quoi? Et bien, j'attends, je picore, je regarde, parfois, j'essaye de croire... et en attendant comme faut bien bouffer et que les promesses ne nourrissent que leurs concepteurs, je vis tant bien que mal, avec mes contradictions, mes colères, mes doutes , mes rires, mes peurs ... et... la poésie qui ne me  trompe jamais, puisqu'elle, n'a rien à vendre ou alors  que ses utopies en forme de bulles de savon...




-envoyé par Diavidia-

3 commentaires:

  1. 'applaudis des deux mains (bon, c'est vrai qu'avec une seule c'est moins facile, elle est con cette expression) - tout ça pour dire qu'il est chouette ton billet ! et que je m'y retrouve.

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  2. c'est pas toujours simple d'arriver à exprimer ses humeurs
    bon j'ai essayé mais il y aurait tant à dire
    un autre jour peut-être!
    en tout ca merci pour ce que je traduis en encouragements Anne!
    ;-)

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