samedi 22 août 2009

récit de mer





"Originaire de Séné, je m'étais embarqué, au tournant du siècle comme novice sur le trois mats "Maréchal Suchet", commandé par le Capitaine au long-cours Joseph-Ange Créquer de l'Ile aux Moines.

Nous avions pris à Dunkerque chargement de briquettes pour Nouméa. Ce fut une traversée sans histoire, jusqu'à la mort de l'un de nos compagnons.


le capitaine, en homme de coeur, au lieu de laisser le marin décédé dans le poste d'équipage, le fit exposer au salon, à la place d'honneur pendant vingt quatre heures, c'est à dire jusqu'au moment de son immersion.
Chacun des membres de l'équipage à tour de rôle, put veiller ainsi en un lieu décent, la dépouille de leur camarade.

Sur les indications du Capitaine, le Maître d'Equipage avait confectionné un linceul de toile à voile qui fut lesté d'une lourde gueuse de fonte. Quand le moment fatidique fut venu, le Capitaine fit mettre en panne. Alors, quatre marins portèrent leur Camarade juqu'au sabord d'où il devait être immergé.
Le Capitaine qui était un fervent chrétien récite une courte prière, puis fit signe de laisser glisser à la mer la dépouille de notre malheureux compagnon. Ce fut pour l'Equipage un instant d'intense et douloureuse émotion. nous restâmes encore un moment sur les lieux, puis l'Officier de quart fit mettre en route.
La vie continuait...

quelques jours après, nous fûmes assaillis par une tempête effroyable au cours de laquelle, la misaine se déchira en deux. Elle fut déverguée et remplacée par une misaine neuve. Tout l'Equipage, Officiers compris, dut mettre la main à la pâte. Le Capitaine lui-même prit la barre afin de libérer le timonier.

Cent dix jours après notre départ de Dunkerque, nous jetâmes l'ancre à Nouméa, où les forçats de l'ile procédèrent au débarquement du navire. Quelques semaines après nous partîmes pour Londres chargés de nickel. Cette nouvelle traversée, sans incident notable devait durer cent cinquante cinq jours.

Je ne saurais terminer ce récit, sans rendre un hommage mérité à l'homme de coeur et vaillant marin qu'était le capitaine au Long cours Joseph Ange Créquer. il fut toujours très bon pour le jeune novice que j'étais, ses qualités professionnelles et sa bonté, lui valaient le respect,l'estime et l'affection de son Equipage qu'il traiait en toutes circonstances avec égards et humanité. Son sourire bienveillant avait, dès le début de la campagne, conquis notre coeur à tous.../..." L.N.


MARECHAL SUCHET

Trois-mâts carré lancé en 1902 aux chantiers de Penhoët à Saint Nazaire pour la Compagnie Française de Navigation. Repris par la Société des Voiliers Nantais, d'Eugène Pergeline, dont il fut le 13e navire.

Caractéristiques

Bâtiment à coffre dont le mât d'artimon ne gréait qu'une perruche simple surmontée d'un cacatois de perruche.


3000 tpl 2390 tx JB
Longueur 84,70 m Largeur 12,41 m Creux 6,93 m

Histoire

Pris au neuvage par le capitaine Béridon.

En Février 1909, au retour d'un voyage du Chili, allant de Falmouth à Londres en remorque du Guadiana, MARECHAL SUCHET se mit au sec sur Shingle Bank par suite d'une fausse manoeuvre du remorqueur. Le voilier talonnait violemment et menaçait de s'ouvrir. Le grand mât s'affaissa et se plia sous la hune. L'équipage dut abandonner le navire et se réfugier à Margate. Le 22 Mars, au cours d'une accalmie, l'équipage revint à bord et parvint à passer une remorque aux remorqueurs de secours. Le bâtiment fut tiré de sa fâcheuse position et put reprendre la navigation après réparations.

MARECHAL SUCHET traversa toute la période de la Grande Guerre sans faire de mauvaises rencontres.

Après la guerre, il fut vendu à un armement allemand qui le rebaptisa FAITH, et il continua ses voyages sur le Chili. En 1925, il revint même en escale à Nantes, chargé de salpêtre.
En 1926, c'est le grand armateur allemand de voiliers, Laiez, qui en fait l'acquisition et le rebaptise PELLWORN.

Au début des années trente, il est désarmé et prend le nom de HEIN GODENWIND (nom semble-t-il d'un personnage de comédie allemande). Il est alors transformé en restaurant et amarré dans la rivière de Hambourg. Le restaurant peut recevoir cinq cents personnes et des hublots supplémentaires ont été percés dans la coque. Le navire a conservé ses mâts, mais pas ses vergues hautes.

Il est détruit au cours de la seconde guerre mondiale, lors des bombardements alliés sur Hambourg.

photos et textes souces: forum spécialisé -peinture: patrimoine région Bretagne- et archives personnelles-

5 commentaires:

  1. Quelle tristesse de vois la fin de ces fiers navires....

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  2. vi! et c'est pour ça que mon grand-père (le monsieur au milieu sur la photo) quand les bateaux ont perdu leurs voiles, il a mis son sac de Cap-Hornier à terre, les navires qui fumaient c'était pas son truc...

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  3. mon grand père Louis Tréhondart, a commandé ce navire avant la guerre de 1914, il a lui aussi quitté lorsqu'on lui a demandé de commander un navire à vapeur

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  4. Mon grand père, Louis Tréhondart, a lui aussi commandé ce navire avant la guerre de 1914, il a lui aussi quitté lorsqu'on lui a demandé de commander un navire à vapeur

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  5. bonjour Monsieur Tréhondart, et merci pour votre information concernant votre grand-père
    j'en ai parlé avec ma tante (fille de Joseph Ange) qui a 93 ans et qui m'a dit que votre grand-père devait être de l'île d'Arz
    Cordialement
    :-)

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