lundi 24 novembre 2008

l'illusion perdue mais vite retrouvée














































"Si nous n’avions pas approuvé les arts, si nous n’avions pas inventé cette sorte de culte de l’erreur, nous ne pourrions pas supporter de voir ce que nous montre maintenant la science : l’universalité du non-vrai, du mensonge, et que la folie et l’erreur sont conditions du monde intellectuel et sensible. La loyauté aurait pour conséquence le dégoût et le suicide. Mais à notre loyauté s’oppose un contrepoids qui aide à éviter de telles suites : c’est l’art, en tant que bonne volonté de l’illusion; nous n’interdisons pas toujours à notre oeil de parachever, d’inventer une fin : ce n’est plus dès lors l’imperfection, cetteéternelle imperfection, que nous portons sur le fleuve du devenir, c’est une déesse dans notre idée, et nous sommes enfantinement fiers de la porter. En tant que phénomène esthétique, l’existence nous reste supportable, et l’art nous donne les yeux, les mains, surtout la bonne conscience qu’il faut pour pouvoir faire d’elle ce phénomène au moyen de nos propres ressources. Il faut de temps en temps que nous nous reposions de nous-mêmes, en nous regardant de haut, avec le lointain de l’art, pour rire ou pour pleurer sur nous il faut que nous découvrions le héros et aussi le fou qui se dissimulent dans notre passion de connaître; il faut que nous soyons heureux, de temps en temps, de notre folie, pour pouvoir demeurer heureux de notre sagesse ! Et c’est parce que, précisément, nous sommes au fond des gens lourds et sérieux, et plutôt des poids que des hommes, que rien ne nous fait plus de bien que la marotte: nous en avons besoin vis-à-vis de nous-mêmes, nous avons besoin de tout art pétulant, flottant, dansant, moqueur, enfantin, bienheureux, pour ne pas perdre cette liberté qui nous place au-dessus des choses et que notre idéal exige de nous. Ce serait pour nous un recul, - et précisément en raison de notre irritable loyauté - que de tomber entièrement dans la morale et de devenir, pour l’amour des supersévères exigences que nous nous imposons sur ce point, des monstres et des épouvantails de vertu. Il faut que nous puissions aussi nous placer au-dessus de la morale ; et non pas seulement avec l’inquiète raideur de celui qui craint à chaque instant de faire un faux pas et de tomber, mais avec l’aisance de quelqu’un qui peut planer et se jouer au-dessus d’elle! Comment pourrions-nous en cela nous passer de l’art et du fou?" -art et illusion- friedrich nietzsche, Le Gai Savoir -


















"Quelle dose de vérité est-on capable de supporter? La différence entre le monde tel qu'il est et tel qu'on aimerait qu'il soit, est si grande, qu'il nous faut user d'artifice pour l'embellir, afin qu'il devienne habitable. Postulons donc la vie comme foncièrement angoissante: la mort imprévisible, l'égoisme de l'Homme, le non sens de l'existence, la peur d'autrui, le besoin de sécurité, les instincts insatiables de domination, nos désirs qui nous font osciller entre l'ennui et la frustration... autant de souffrance qu'il nous faut cacher pour accepter de vivre. Qui voudrait vivre dans un tel monde? L'homme étant un être qui a la capacité d'espérer du mieux, de juger du bien ou du mal, de ressentir un bien être ou un mal être, doué d'une sensibilité très nuancée, comment un tel être pourrait vivre paisiblement dans un tel monde? Un homme voyant le monde tel qu'il est payerait cher sa désillusion: peur, ennui, solitude, lassitude, angoisse... c'est parce que l'homme est incapable de résister à un degré de souffrance si grand, qu'il se voit obligé de changer sa représentation du monde. Comment peut-on habiter dans un monde si dangereux si ce n'est en ignorant le danger? Ainsi l'homme fait appel a de nombreux outils qui lui serviront de tranquillisants. Voilà que naissent une série de mensonges très diversifiés: morale humaniste, création de dieux libérateurs, invention de valeurs contre nature, incanation du bonheur dans des objets insuffisants (argent, pouvoir, technologie) et même des recours à l'anesthésiant (travail, média, divertissement). L'histoire de l'Homme retrace son rapport avec le monde brut ou plutôt de sa fuite contre le monde brut. L'illusion s'impose alors à l'Homme comme un besoin vital, qui lui permet de rendre son existence supportable en cachant l'état invivable de ce monde. Sommes-nous apeurés devant la mort? inventons donc un paradis. Sommes-nous en état de méfiance continuelle envers autrui? inventons donc une morale d'amour gratuit. Se sent-on seul? Poursuivons donc dans des valeurs humanistes. On aboutit au cours de ce cheminement à une représentation tolérable du monde et l'illusion constitue alors la meilleure des polices qui nous préserve contre la vie" -mehdi-
"Ce ne sont pas les choses qui nous troublent, mais nos opinions" (Epictète)
"Un homme qui sait se rendre heureux avec une simple illusion est infiniment plus malin que celui qui se désespère avec la réalité." -alphonse allais-
"Et si tout n'était qu'illusion? Si rien n'existait? Dans ce cas, j'aurais payé ma moquette beaucoup trop cher." -woody allen-
"La vie est faite d'illusions. Parmi ces illusions, certaines réussissent. Ce sont elles qui constituent la réalité." -jacques audiberti-
"Le plus grand succès de notre civilisation moderne est d'avoir su mettre au service de ses dirigeants une incomparable puissance d'illusion." -gianfranco sensor-
"La dernière illusion est de croire qu'on les a toutes perdues."-maurice chapelan- ...


















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